Bien qu’entourée par ses amis et sa famille, sainte Thérèse de Lisieux a éprouvé dans son enfance et lors de sa vie au monastère une profonde solitude. Un sentiment qu’elle explique dans Histoire d’une âme et auquel elle a fait face en méditant régulièrement sur une phrase :
La vie est ton navire et non pas ta demeure !
La vie de la petite Thérèse n’a en effet pas toujours été facile et, même si elle était souvent entourée de membres de sa famille aimants, elle se sentait souvent seule et luttait contre la dépression. La grande timide qu’elle était n’avait pas beaucoup d’amis, prenant Jésus pour seul ami. Ce qu’elle raconte avec sincérité dans Histoire d’une âme :
Étant sortie avant d’avoir achevé mes études, je n’avais pas la permission d’entrer comme ancienne élève ; j’avoue que ce privilège n’excitait pas mon envie, mais en pensant que toutes mes sœurs avaient été “enfants de Marie”, je craignis d’être moins qu’elles l’enfant de ma Mère des Cieux, et j’allai bien humblement (malgré ce qu’il m’en coûtât), demander la permission d’être reçue dans l’association de la Sainte Vierge à l’abbaye.
La première maîtresse ne voulut pas me refuser, mais elle y mit pour condition que je rentrerais deux jours par semaine l’après-midi afin de montrer si j’étais digne d’être admise. Bien loin de me faire plaisir cette permission me coûta extrêmement ; je n’avais pas, comme les autres anciennes élèves, de maîtresse amie avec laquelle je pouvais aller passer plusieurs heures ; aussi je me contentais d’aller saluer la maîtresse puis je travaillais en silence jusqu’à la fin de la leçon d’ouvrage. Personne ne faisait attention à moi, aussi je montais à la tribune de la chapelle et je restais devant le Saint-Sacrement jusqu’au moment où Papa venait me chercher, c’était ma seule consolation, Jésus n’était-Il pas mon unique ami ?
C’est dans ces moments-là que Thérèse confie avoir été soutenue par une phrase issu d’un poème de Lamartine que son père, saint Louis Martin, lui avait appris lorsqu’elle était enfant :
Ah ! c’était bien pour la Sainte Vierge toute seule que je venais à l’abbaye… parfois je me sentais seule, bien seule ; comme aux jours de ma vie de pensionnaire alors que je me promenais triste et malade dans la grande cour, je répétais ces paroles qui toujours faisaient renaître la paix et la force en mon cœur : “La vie est ton navire et non pas ta demeure !…” Toute petite ces paroles me rendaient le courage ; maintenant encore, malgré les années qui font disparaître tant d’impressions de piété enfantine, l’image du navire charme encore mon âme et lui aide à supporter l’exil…
La Sagesse aussi ne dit-elle pas que “La vie est comme le vaisseau qui fend les flots agités et ne laisse après lui aucune trace de son passage rapide?…” Quand je pense à ces choses, mon âme se plonge dans l’infini, il me semble déjà toucher le rivage éternel… Il me semble recevoir les embrassements de Jésus… Je crois voir Ma Mère du Ciel venant à ma rencontre avec Papa… Maman… les quatre petits anges… Je crois jouir enfin pour toujours de la vraie, de l’éternelle vie en famille…”
Cette phrase, qui a réconforté et accompagné sainte Thérèse tout au long de sa vie terrestre dans les épreuves et les doutes, s’adresse à chacun. La méditer peut aider à “supporter l’exil de cette vie”, sachant qu’un jour, toutes nos larmes seront essuyées et que nous serons embrassés par tous nos proches dans la vie éternelle à venir.