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[HOMÉLIE] C’est l’amour qui rend notre foi « agissante »

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Jamesboy Nuchaikong | Shutterstock

Frère Cyrille Deverre, o.praem - publié le 01/10/22

Le frère Cyrille, chanoine de l’ordre de Prémontré, curé de la paroisse Saint-Exupère-en-Bessin, commente les lectures du 27e dimanche ordinaire (2Tm 1, 6-14 ; Lc 17, 5-10). L’Écriture nous apprend que la foi, même grosse comme une graine de moutarde, n’est pas une question de connaissances. C’est un don de Dieu à la mesure de notre cœur aimant, comme de "simples serviteurs".

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L’Évangile de ce dimanche nous est proclamé peu après la fête de deux saints passionnés par les Écritures, saint Jérôme (347-420) et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus (1873-1897). Leurs fêtes se suivent (30 septembre et 1er octobre) dans le calendrier des saints, mais près de quinze siècles les séparent dans le cours de l’histoire. C’est un même amour de la Parole de Dieu qui les unit. Ils l’ont goûtée, chacun à leur manière, et ils en ont vécu intensément, en simples serviteurs de Dieu, dans l’espérance de sa venue. Avec eux, approchons-nous de la source de vie, la Parole de Dieu. Pour saint Jérôme, « l’Évangile, c’est le corps du Seigneur. Le vrai Corps du Christ, c’est aussi la Parole des Écritures, […]. Notre seul bien dans cette vie présente, c’est de manger sa chair et de boire son sang, non seulement dans le mystère eucharistique, mais encore dans la lecture de l’Écriture » (Commentaire de l’Ecclésiaste).

La foi est un don de Dieu

C’est bien dans la foi que nous reconnaissons le Corps du Seigneur présent au milieu de nous. Quand l’Évangile est ainsi proclamé, c’est le Christ qui parle à son Église et qui la nourrit du Pain de vie. Et notre regard s’illumine au signe du partage du pain, quand l’Esprit saint touche nos cœurs et les réchauffe du feu de son amour. C’est pourquoi nous pouvons dire avec les apôtres : « Augmente en nous la foi » (Lc 17, 5). Et nous pouvons dire aussi avec le psaume 35 : « En toi est la source de vie ; par ta lumière, nous voyons la lumière. » Le passage proclamé ce dimanche associe deux paraboles de Jésus, que d’autres passages de l’Évangile viennent éclairer. Il y a comme une lumière intérieure qui se propage d’un passage à l’autre des Évangiles, et qui nous ouvre à l’intelligence des Écritures. 

Ainsi l’évocation de la graine de moutarde et de l’arbre déraciné et planté dans la mer nous fait penser à une parabole du Royaume de Dieu où il est aussi question de graine de moutarde. On lit en Luc 13, 19 que le Royaume de Dieu est comme « une graine de moutarde qu’un homme a prise et jetée dans son jardin. Elle a poussé, elle est devenue un arbre, et les oiseaux du ciel ont fait leur nid dans ses branches ». La puissance de la foi n’est pas une question de connaissances. La foi est un don de Dieu, à la mesure de notre cœur aimant. Ce n’est pas le savoir humain qui transporte un arbre ou une montagne dans la mer, ou qui fait naître un bel arbre de la plus petite des semences. C’est bien l’amour qui rend « agissante » notre foi. Les deux sont liées. D’une foi agissant dans l’amour, un bel arbre de vie — toute notre vie — peut prendre racine en nos cœurs, porter du fruit, et pousser ses branches vers la lumière d’en-haut, pour le plus grand bonheur des oiseaux du ciel. 

Il s’agit d’aimer toujours

N’est-ce pas l’expérience de saint Paul selon l’hymne à la charité : « J’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien »(1 Co 13, 2) ? Et n’est-ce pas en lisant cette épître de saint Paul que sainte Thérèse de Lisieux trouva sa vocation ? Elle en témoigne dans une lettre : « L’Apôtre explique […] que la Charité est la voie excellente qui conduit sûrement à Dieu. […] Je compris que l’Église avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d’amour. Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Église […]. Je compris que l’amour renfermait toutes les vocations… […] Alors, dans l’excès de ma joie délirante, je me suis écriée : Ô Jésus, mon Amour… ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’amour ! »

Notre engagement au service du Royaume ne peut pas connaître de pause.

La deuxième parabole de l’évangile de ce dimanche nous recentre sur le service humble et persévérant de l’amour au quotidien. En prenant le point de vue du maître, qui peut être l’un d’entre nous, Jésus nous fait comprendre que notre engagement au service du Royaume ne peut pas connaître de pause. Car il s’agit d’aimer toujours, aimer de bien des manières et en toute occasion, sans nous prévaloir de nos actions, aussi généreuses soient-elles. Dieu pourrait choisir quelqu’un d’autre pour un même service. Si bien que nous nous retrouvons en vérité devant Dieu, comme de « simples serviteurs » qui n’ont « fait que leur devoir » (Lc 17, 10). 

Comme de simples serviteurs

Cette deuxième parabole en rappelle une autre, proche mais contradictoire, en Luc 12, 35. Il s’agit aussi d’un maître ; il rentre de noces mais il est heureux de trouver ses serviteurs en train de l’attendre « pour lui ouvrir dès qu’il frappera ». Alors « c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir ».Ce maître qui revient des noces, c’est Dieu. Ses serviteurs sont dans l’attente de sa venue. Peu importe ce qu’ils ont fait jusqu’à présent. L’important, c’est qu’ils sont habités par cette attente. Ils sont de « simples serviteurs » dans l’attente, unis dans l’espérance, et Dieu — le maître — qui vient à leur rencontre, « les fera prendre place à table et passera pour les servir ».

Une parabole (Luc, 17) en évoque une autre (Luc, 12). En les associant, nous reconnaissons que le Christ qui nous parle dans les Écritures, c’est Dieu qui vient vers nous. De maître et Seigneur, Dieu se fait lui-même serviteur. Le soir de la Cène, Jésus se dépouille de ses vêtements et lave les pieds de ses disciples (Jn, 13). Il est au milieu de nous « comme celui qui sert » (Lc 22, 27). Il se livre par amour, en s’abaissant jusqu’à la mort sur la croix, don suprême d’où jaillit la vie, le feu de l’amour plus fort que la mort. De tout cela nous sommes témoins, quand nous offrons le pain de la vie et la coupe du salut dans le mystère de l’Eucharistie. Et nous nous tenons, là, comme de « simples serviteurs ». Nous savons que « le Royaume de Dieu est proche », qu’il est même au milieu de nous, puisque le Christ se tient « au milieu de nous comme celui qui sert ». Et nous rendons grâce à Dieu qui nous a « estimés dignes de nous tenir devant lui pour le servir » (Prière eucharistique II). Reste à servir Dieu en tout temps et en toutes choses, dans la foi, même si notre foi ne dépasse pas la taille de la graine de moutarde… un arbre de vie peut en jaillir. Alors ravivons en nous « le don gratuit de Dieu »(2 Tm 1,6). Approchons-nous de la source de vie, sa Parole. Qu’elle retourne nos cœurs « dans la foi et dans l’amour qui est dans le Christ Jésus »(2 Tm 1,14)

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