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Les preuves de l’existence de Dieu ou le grand retour de l’apologétique 

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Augustin Talbourdel - publié le 24/10/22

Depuis la parution de l’ouvrage "Dieu, la science, les preuves" et des réponses qu’il a suscitées, la question de l’existence de Dieu fait son grand retour dans les librairies et les médias. Défendre et justifier la foi chrétienne auprès de ceux qui ne la comprennent pas ou la réfutent est le propre de cette discipline théologique vieille comme l’Église et qui s’est renouvelée devant les enjeux de chaque époque : l’apologétique.

Apologétique. Ce mot, qui peut sembler barbare, recouvre une réalité simple. On la retrouve notamment dans l’évangile de saint Luc (Lc 21, 14) ou dans la première épître de saint Pierre (1P 3, 15). Ce dernier affirme que le chrétien doit toujours être prêt à s’expliquer « devant tous ceux qui [lui] demandent de rendre compte de l’espérance qui est en [lui] ». L’apologétique naît de cette exigence, avec une mission bien précise : « expliquer » ou « défendre » (du grec ἀπολογία) la foi.

Pourquoi expliquer sa foi et auprès de qui ? Dans les premiers siècles de l’Église, il s’agit d’abord, pour la génération post-apostolique, de convaincre les Juifs que Jésus est bien le Messie et, vis-à-vis des autorités romaines, de prouver que les chrétiens, dont la vie est constamment menacée, ne présentent aucune menace pour la cité. Les premiers convertis s’attèlent à cette tâche dès le IIe siècle : saint Justin, dans son Dialogue avec Tryphon, répond aux critiques des Juifs sur la vérité du christianisme, tandis que Tertullien, dans son Apologétique, réfute toutes les fausses rumeurs qui courent sur les chrétiens.

À mesure que le dogme se précise, lors des grands conciles du IVe siècle, l’apologétique gagne en importance. Mêlant rhétorique, histoire et théologie, les apologètes s’adressent aussi aux chrétiens à l’origine des premières hérésies. Le combat contre le gnosticisme en est un bon exemple : contre les tenants d’un salut par une connaissance parfaite, révélée à un cercle restreint, saint Irénée rédige au IIe siècle un traité colossal, connu sous le nom de Contre les hérésies.

De l’apologétique à la théologie

Non contente de défendre la foi contre les attaques adressées depuis l’extérieur de l’Église, l’apologétique devient aussi un discours « offensif » qui s’occupe aussi de nourrir l’intelligence des fidèles et de montrer que leur foi est raisonnable. Telle est la grande entreprise menée par les Pères de l’Église, en particulier saint Augustin qui, pour répondre aux hérésies pélagiennes ou ariennes, construit un premier discours rationnel sur Dieu, qu’on nommera beaucoup plus tard « théologie ».

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Saint Thomas d’Aquin.

Cette démarche rationnelle reste celle des grands théologiens médiévaux, de saint Anselme à saint Thomas d’Aquin. Chacun, d’une façon différente, entend, quand cela est possible, prouver les données de la foi à l’aide de la raison naturelle auprès de ceux qui les mettent en doute. L’apologétique en tant que défense de la foi demeure, comme le prouve la Somme contre les Gentils de saint Thomas, même si l’ »adversaire » change, puisqu’il s’agit ici de discuter avec les philosophes musulmans.

Déclin et renouveau de l’apologétique

Au lendemain du XIIIe siècle, l’apologétique chrétienne a de nouvelles flèches à son carquois. Prouver l’existence de Dieu à l’aide de la raison devient, après saint Thomas, le cœur de son combat. Au même moment, la foi catholique se voit attaquée sur tous les fronts : remise en cause par la Réforme protestante, l’Église fait face aux nombreuses critiques, d’abord déistes puis matérialistes athées, qui naissent de la révolution scientifique du XVIIe siècle. 

Des remises en cause physiques de Galilée jusqu’aux contradictions historiques soulevées par l’exégèse au XIXe siècle, la foi chrétienne évolue dans un environnement de plus en plus hostile à la révélation. Pourtant, la nécessité de défendre rationnellement la foi ne cesse d’être réaffirmée par le magistère. Dans la constitution Dei Filius (1870), le premier concile du Vatican établit clairement que « Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être certainement connu par les lumières naturelles de la raison humaine, au moyen des choses créées ». Vatican II ne dira rien d’autre, et le souci que saint Jean Paul II, comme Benoît XVI, ont accordé à la question, notamment dans Fides et ratio (1998) où le pontife polonais lançait un « appel fort et pressant pour que la foi et la philosophie retrouvent l’unité profonde », témoigne de cette exigence intellectuelle.

Intégrée à la théologie fondamentale, l’apologétique aide la foi chrétienne à parler de Dieu dans une culture profane.

Au début du XXe siècle, l’apologétique a trouvé un second souffle dans le retour aux sources grecques et une approche neuve, qui cherche non plus à « parler pour les âmes qui croient », mais à « dire quelque chose qui compte pour les hommes de ce temps ». Intégrée à la théologie fondamentale, l’apologétique aide la foi chrétienne à parler de Dieu dans une culture profane.

Pour autant, elle n’abandonne pas le dialogue avec ses opposants. Les dernières publications philosophiques et scientifiques autour de l’existence de Dieu en sont la preuve. Certes, depuis le Ier siècle, l’argumentation a évolué, afin de se hisser à la hauteur des nouveaux problèmes, mais la finalité est la même : rendre le mystère chrétien digne de foi.

Pour aller plus loin :

Dieu, la science, les preuves, (Michel-Yves Bolloré, Olivier Bonnassies, G. Trédaniel)
La science, l’épreuve de Dieu ? (François Euvé, Salvator)
Dieu, la contre-enquête (Thomas C. Durand, HumenSciences)
Soyez rationnels, devenez catholiques (Mathieu Lavagna, Éd. Marie de Nazareth, coll. « Apologétique »)
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