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Peut-il exister une vie spirituelle sans ascèse ?

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Andrei Bortnikau | Shutterstock

Xavier Patier - publié le 07/12/22

Chassez l’ascèse, elle revient au galop. L’écrivain Xavier Patier observe que si l’époque est à l’esclavage de nos désirs, la réalité nous rappelle que le bonheur et la vie ne vont pas sans privations.

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On nous explique tous les jours, dans la publicité, dans les journaux et dans les livres — qui ne font que raconter sur des tons différents la même histoire — que la liberté individuelle est le plus adorable des biens. Prends soin de toi ! Fais-toi plaisir ! Mais qu’est-ce que la liberté ? Si la liberté consiste à faire uniquement ce qu’on veut, à céder au moindre désir, elle a vite fait de tourner à l’esclavage. Pas besoin d’être chrétien pour le savoir d’expérience. Et cet esclavage de nos désirs n’est pas propre à notre temps : il est de tous les temps. Il est vrai, cependant, que l’esclavage de la liberté immédiate bénéficie des innovations technologiques. Le champ de la bataille est devenu plus vaste. Il ne cesse de grandir. Tout est devenu tellement plus facile !

En attendant la messe

J’ai été frappé, il y a quelques années, d’entendre un abbé bénédictin expliquer que le sacrifice le plus difficile à consentir pour les postulants de son monastère était de renoncer à Internet. Autrement dit, la plus grande ascèse, pour un jeune moine d’aujourd’hui, est de renoncer à une liberté dont, il y a une génération, personne n’avait idée. Il y a quelques jours, j’ai poussé (par curiosité, je l’avoue) la porte de l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris, haut lieu de ferveur schismatique où je n’étais jamais entré. Je ne me suis guère attardé, mais quelque chose m’a frappé. Au-delà de l’ambiance priante et mystérieuse qui régnait, au-delà de cette impression grave, rappelant de vieux et doux souvenirs d’enfance, j’ai vu les dames de la paroisse, sous leurs mantilles noires, qui attendait la messe de midi trente, assises sur les chaises, courbées dans la pénombre. Étaient-elles courbées sur leur chapelet ? Non ! Sur leur missel ? Pas davantage ! Elles étaient courbées sur leur téléphone mobile. Elles pianotaient, captivées. De place en place, les petits écrans scintillaient dans l’ombre, répondant aux lueurs plus chaudes des cierges allumés. Commérages ? 

Ce qui ne change pas

Au-delà de ce qui change, les facilités numériques, il y a ce qui ne change pas : nos faiblesses et la nécessité incontournable de l’ascèse pour approcher de Dieu. L’ascèse n’a pas bonne presse dans un monde qui nous répète à l’envi, et comme si c’était la même chose : « Prends soin de toi » et « Fais-toi plaisir ».

Les sportifs le savent. Les artistes le savent. Les religieux l’ont su. Le refus de l’ascèse, c’est la mort.

Mais prendre soin de soi, cela ne consiste pas à se faire plaisir. Les sportifs le savent. Les artistes le savent. Les religieux l’ont su. Le refus de l’ascèse, c’est la mort. Être libre ne consiste pas à faire ce qu’on veut, mais à être capable de faire ce qu’on ne veut pas. Le Christ au désert a montré que la liberté était, au commencement, la liberté de dire non. Dans le désert, il n’y a pas de réseau. Mais rien n’est jamais fini. L’ascèse refoulée revient par des voies étranges : le jeûne réapparaît comme une exigence diététique et cesse d’être suspect. L’abstinence figure dans les projets écologistes : on veut nous imposer un jour sans viande (pourvu que ce ne soit pas le vendredi tout de même) ! Et le gouvernement est près de nous inviter à nous laver à l’eau froide. Ne rions pas de ces signes. L’ascèse, c’est la contrainte consentie pour trouver le sens de nos vies. Elle a de beaux jours devant elle.

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