Alors que les travaux de la 27e Conférence des parties (COP27) de la Convention-cadre des Nations-unies sur les changements climatiques se sont achevés le 20 novembre dernier à Charm el-Cheikh, ceux de la 15e Conférence des parties (COP15) sur la diversité biologique viennent de débuter le 7 décembre à Montréal pour s’achever le 19 décembre prochain. Moins connue que son homologue consacrée au réchauffement climatique, la Convention sur la diversité biologique est, comme elle, issue du Sommet de la Terre tenu à Rio de Janeiro en 1992. Elle comporte trois objectifs : la conservation de la biodiversité, son utilisation durable et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’usage des ressources génétiques.
Un nouveau cadre stratégique
Ses COP se réunissent une fois tous les deux ans, ce qui explique leur nombre moins élevé. En outre, la COP15 a été retardée par la crise sanitaire puisqu’elle avait été officiellement ouverte à Kunming en Chine en octobre 2021. C’est d’ailleurs la Chine qui conserve la présidence de ce nouveau volet de la conférence déplacée au Canada mais dont la première partie avait néanmoins permis l’adoption de la déclaration de Kunming, “Vers une civilisation écologique : bâtir un avenir collectif pour toute vie sur Terre “. Cette 15e édition revêt un enjeu particulier car elle doit adopter un nouveau cadre stratégique mondial en faveur de la biodiversité pour la période 2021-2030, celui pour la période précédente 2011-2020 étant désormais achevé avec des résultats contrastés.
Le nouveau cadre […] comprend 22 cibles concrètes, dont la protection d’au moins 30% des terres et des océans de la planète d’ici 2030
Ce cadre comprenait, en particulier, les 20 objectifs d’Aichi, du nom de la préfecture du Japon où ils avaient été adoptés, prévoyant notamment une planification par les États des mesures de conservation, l’encouragement à une agriculture et une pêche durables, la création d’aires protégées, la restauration des services de l’eau et la mise en place effective du protocole de Nagoya sur l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation.
22 cibles concrètes
En dépit de ces objectifs ambitieux, la Plateforme intergouvernementale sur les biodiversités et les services écosystémiques (IPBES) déplorait, dans son rapport de 2020, l’accélération de l’extinction des espèces avec 1 million d’espèces effectivement menacées d’extinction et l’endommagement de 75% des écosystèmes terrestres et de 66% des écosystèmes maritimes. Pour inverser la tendance, le nouveau cadre, quant à lui, comprend 22 cibles concrètes, dont la protection d’au moins 30% des terres et des océans de la planète d’ici 2030, action soutenue spécialement par la France au titre de la Coalition de la haute ambition pour la nature et les peuples lancée à Paris en janvier 2021 lors du One Planet Summit et rassemblant aujourd’hui plus de 50 États.
Tous les observateurs s’accordent à dire qu’il est vital qu’un accord soit trouvé à Montréal mais beaucoup pensent aussi qu’il sera aussi difficile de conclure qu’à Charm el-Cheikh pour des raisons qui tiennent aussi spécialement à cette conférence. Les relations entre la Chine et le Canada sont compliquées et l’organisation des débats risque d’en pâtir. D’autre part, beaucoup de propositions n’ont pas été stabilisées en amont de telle sorte que les discussions menacent d’être longues et difficiles. Que peut-on espérer ? Plutôt que la civilisation écologique annoncée, que les négociateurs aboutissent à une écologie civilisée.