Qui eût cru qu’un bon théologien se devait de maîtriser quelques connaissances en physique quantique ? En revanche, inutile d’être un bon scientifique pour saisir les intuitions du pape Benoît XVI lorsque celui-ci a eu recours à la physique pour prêcher l’Épiphanie du Seigneur le 6 janvier 2006. Il a en effet évoqué une lumière qui se diffuse de manière concentrique, un mouvement d’attraction vers le centre, le phénomène de réflexion de la lumière, ainsi que la force de la grâce… Quatre points qui permettent de mieux comprendre l’éclat incommensurable de l’étoile de Noël, qui n’est autre que le Christ lui-même, et le rayonnement auquel elle nous appelle en tant que baptisés.
1Une lumière qui rayonne par cercles concentriques
Pour Benoît XVI, l’Épiphanie est un mystère de lumière, représentée de manière symbolique par l’étoile qui a guidé les Rois mages jusqu’à la crèche de Bethléem. Une lumière qui a brillé dans la nuit de Noël et qui aujourd’hui se manifeste à tous. “Toutefois, la vraie source de lumière, c’est le Christ”, précise Benoît XVI. “Dans le mystère de Noël, la lumière du Christ rayonne sur la terre, en se diffusant comme par cercles concentriques.”
À quoi correspondent ces cercles concentriques qui sont progressivement éclairés par la lumière du Christ ? Il s’agit tout d’abord de la Sainte Famille, Marie et Joseph, qui les premiers sont illuminés par la présence de l’Enfant Jésus. Ensuite, la lumière se manifeste aux bergers qui, avertis par l’ange, accourent à la grotte et trouvent l’enfant couché dans une mangeoire. “L’éclat du Christ parvient enfin jusqu’aux Rois mages, qui constituent les prémices des peuples païens”, continue Benoît XVI. La lumière du Christ est d’une puissance telle qu’elle se diffuse dans l’espace. Et avec 2.000 ans de recul, il est légitime d’avancer qu’elle se diffuse également dans le temps.
2Un mouvement d’attraction vers le centre
“Dans le mystère de l’Épiphanie”, remarque encore le pape défunt, “en plus d’un mouvement de rayonnement vers l’extérieur, se manifeste un mouvement d’attraction vers le centre”. Les bergers, les Rois mages sont en effet attirés par la lumière. Cela tient à la source de cette lumière : “La source d’un tel dynamisme est Dieu qui attire tout et tous à lui”, et à sa nature même.
“Qu’est-ce que cette lumière ?”, interroge Benoît XVI. “Est-ce seulement une métaphore suggestive ou cette image correspond-elle à une réalité?” Un élément de réponse se trouve dans la Bible. L’Apôtre Jean écrit : “Dieu est Lumière, en lui point de ténèbres” (1Jn 1, 5). Puis il ajoute: “Dieu est amour”. Le pape rapproche ces deux définitions et explique : “La lumière, apparue à Noël, et qui se manifeste aujourd’hui aux nations, est l’amour de Dieu, révélé dans la Personne du Verbe incarné”. L’amour infini de Dieu pour chacune de ses créatures possède une véritable force d’attraction.
3Réfléchir la lumière
L’Épiphanie fait écho à la dimension missionnaire de l’Église. Imprégnée de la lumière du Christ, l’Église est appelée à faire resplendir dans le monde cette lumière, “en la reflétant en elle-même comme la lune reflète la lumière du soleil”, précise Benoît XVI. Il s’agit bien là du phénomène de réflexion de la lumière, consistant à renvoyer les rayons lumineux vers un nouveau milieu. Une exhortation qui annonce donc déjà l’intuition largement développée par le Pape François de faire des baptisés des disciples-missionnaires. Benoît XVI les appelle des “disciples du Christ” : “Formés par Lui pour vivre dans le style des Béatitudes, ils devront attirer tous les hommes à Dieu, à travers le témoignage de l’amour”. Il s’appuie en cela sur ce verset de saint Mathieu : “De même, que votre lumière brille devant les hommes: alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux” (Mt 5, 16).
4La force de la grâce
Devenir des disciples du Christ, très bien, mais comment faire puisque, comme le rappelle le défunt pape, l’Église est sainte mais composée d’hommes et de femmes avec leurs limites et leurs erreurs. Pour Benoît XVI, “seul le Christ, en nous donnant l’Esprit Saint, peut transformer notre misère et nous renouveler continuellement”. C’est la force de la grâce. Et il n’existe pas de formule mathématique pour calculer cette force. Elle est infinie puisqu’elle vient de Dieu.
Être ouvert à la grâce suppose néanmoins une condition : fournir une disponibilité totale à la volonté de Dieu, à l’instar du “fiat” de la Vierge Marie. Marie nous enseigne ainsi à “être “épiphanie” du Seigneur, dans l’ouverture du cœur à la force de la grâce et dans l’adhésion fidèle à la parole de son Fils”, conclut Benoît XVI.