A-t-on déjà prêté attention à cette singularité ? Les chrétiens de toutes les confessions vivent ensemble dans la Ville sainte, Jérusalem, lieu de la mort et de la résurrection de Jésus qui sont le centre de la foi de tout disciple du Christ, mais ce n’est pas dans cette ville qu’ils se sont divisés, jamais. “Jérusalem est la ville de la communion”, dit le frère Stéphane, président franciscain du Saint-Sépulcre qui nous fait remarquer ce qui ne paraît pas au premier abord.
Divisés à Éphèse, à Constantinople, à Rome, à Londres, à Wittemberg, les chrétiens sont ensuite revenus auprès de l’Un dans la basilique de l’Anastasis. Car le principe de l’unité est bien là, comme le dit saint Paul : “Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous.” (Eph 4, 5-6). Partis répandre l’Évangile aux nations à partir de cette source, les disciples du Seigneur y reviennent pour rester auprès de leur maître. En ce sens, la Ville sainte est aussi « le centre du monde » comme l’explique celui qui est membre de la commission patriarcale pour l’œcuménisme depuis quinze ans.
Pas de syncrétisme mais un dialogue
Un œcuménisme qui, à Jérusalem, ne se paye pas de mots. Nombre de touristes ne comprennent pas que les communautés ne prient pas de la même manière et vivent chacun dans leur sphère. Façon de voir qui encourage l’uniformité, explique frère Stéphane : “Ici, les gens vivent dans leur jus, et Jérusalem est le seul endroit où humainement et culturellement, les gens vivent ensemble.”
Au fond, dans la Ville sainte, chacun assume son histoire et ses traditions et, de cette manière, permet aux autres de faire de même sans faux-semblant. Ce qui compte in fine, ce n’est pas que les hommes partagent les mêmes atours, mais que leur âme soit remplie du même amour, celui du Ressuscité. À partir de là, sans syncrétisme, peut commencer un dialogue fécond et une prière commune.
Pour marquer chaque année la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, la Terre sainte est d’ailleurs le théâtre d’une série d’offices dans les communautés représentées à Jérusalem. Toutes les confessions sont ainsi tout à tout hôtes et accueillis, autour du thème “Apprenez à faire le bien, recherchez la justice”, une phrase du prophète Isaïe (1, 17). Car, explique le Patriarcat Latin : “La Semaine de prière est le moment idéal pour les chrétiens de reconnaître que les divisions entre nos églises et nos confessions ne peuvent être séparées des divisions au sein de la grande famille humaine.”
Cette année, les Grecs orthodoxes entameront la semaine au Saint-Sépulcre, et suivront les Anglicans, les Arméniens apostoliques, les Luthériens, les Latins, les Syriens orthodoxes, les Éthiopiens orthodoxes et les Grecs catholiques. Au cœur de ces jours, tout le monde se retrouvera aussi au Cénacle, lieu de la Pentecôte et de la naissance de l’Église. Des prières qui ne sont pas seulement symboliques : “Ces prières et ces rencontres du cœur ont le pouvoir de nous transformer – individuellement et collectivement”, conclut le communiqué latin.