Nulle honte à s’endormir pendant l’oraison. Sainte Thérèse de Lisieux n’avoue-t-elle pas elle-même avoir dormi durant de longues années « pendant ses oraisons et ses actions de grâce » ? Elle ne s’en désole pas pour autant et en établit même un doux parallèle : « Je pense que les petits enfants plaisent autant à leurs parents lorsqu’ils dorment que lorsqu’ils sont éveillés, je pense que pour faire des opérations, les médecins endorment leurs malades. Enfin je pense que : “Le Seigneur voit notre fragilité, qu’Il se souvient que nous ne sommes que poussière.” » Néanmoins, il peut être utile de fournir quelques efforts pour parvenir à l’oraison, cet « échange intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé », comme la définit sainte Thérèse d’Avila dans son Livre de la vie.
Lutter de deux manières
Dans une Lettre à une dame inconnue des Œuvres de saint François de Sales, l’évêque savoyard donne deux conseils à cette femme qui a tendance à s’endormir pendant l’oraison. Le premier consiste « à changer souvent de position au cours de l’oraison, comme de tenir tantôt les mains croisées sur l’estomac, tantôt jointes, tantôt tendues, tantôt être debout, tantôt à genoux sur un genou, tantôt sur l’autre, à mesure que les assoupissements vous arriveront ». Autrement dit, bouger un peu, remuer les mains, opter pour des positions qui peuvent vous sembler à première vue inhabituelle, contribuent à rester éveillé.
Le second conseil réside dans des courtes prières, prononcées à mi-voix, que l’on nomme aussi oraisons jaculatoires. Il s’agit d’ « élancer souvent des paroles prononcées à mi-voix, semées parmi votre oraison, plus ou moins rapprochées, selon que plus ou moins vous vous sentirez envahie par ces assoupissements ». Une manière de prier chère à saint François de Sales. Des petites flèches d’amour à lancer vers Dieu lorsque le sommeil se fait de plus en plus pressant, mais aussi tout au long de la journée. « Cet exercice se peut entrelacer en toutes nos affaires et occupations, sans aucunement les incommoder », disait-il, invitant à s’unir ainsi constamment à Dieu, à chaque instant de la journée.
