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Ce que les monastères ont à apprendre aux entreprises

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Valdemar de Vaux - publié le 04/02/23

L’écologie, le manque de ressources, la nécessité de davantage de lien social, le localisme… Le monde économique capitalistique doit, pour beaucoup, être réformé. Et si les moines pouvaient y aider ? Décryptage.

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Et si les contemplatifs n’étaient pas si éloignés de notre monde ? C’est un peu ce que l’on se demande en lisant À l’école des moines, réinventer l’économie. Un livre qui est le fruit d’un mémoire de recherche, publié en septembre 2022 par Clémence Périer, diplômée du master X-HEC entrepreneurs et primée pour son travail. Alors que l’écologie repose la question de la viabilité de notre système économique libéral et capitalistique, le monachisme a peut-être des choses à nous apprendre, et pas seulement dans la prière. 

La Règle de saint Benoît, bien connue, repose sur le diptyque oraet labora, la prière et le travail. Une spiritualité qui donne au fonctionnement économique des monastères une certaine couleur. Parce qu’il s’agit bien d’économie, au sens grec et étymologique du terme d’organisation de la maison. 

Le travail, miroir de l’âme

Si la vie monastique peut inspirer la vie économique, c’est d’abord parce que la recherche de Dieu, qui reste le cœur de la vie contemplative, donne un sens au travail. Dans le droit fil de la genèse et d’encycliques sociales, de Laborem exercens (Jean Paul II en 1981) à Caritas in veritate (Benoît XVI en 2009), le travail monastique est d’abord le signe de la dignité humaine puisque chacun est amené à participer à l’œuvre créatrice de Dieu. Contrairement à ce que l’on pense parfois, le péché originel n’a pas le travail pour conséquence, mais sa pénibilité. 

Le travail est aussi pour le moine, en son corps, comme le miroir de ce que son âme vit dans le combat spirituel : une école de persévérance et de patience. Sans compter que l’activité laborieuse est un moyen très concret de s’unir à tous les hommes, en plus de les porter dans la récitation des psaumes.

Plus on peut faire de fric, mieux c’est, à trois conditions : le respect de l’homme, le respect de la nature, et l’utilisation de l’argent au profit du bien commun.

Alors que l’expression « entreprise à mission » est devenue prégnante, désignant une activité à but lucratif mais qui a statutairement « une finalité d’ordre social ou environnemental » (loi Pacte de 2019), les monastères fournissent un bon modèle. Leur activité est lucrative, puisqu’il s’agit pour elles de faire vivre leur communauté et d’entretenir les bâtiments, souvent importants et anciens. Plus prosaïquement, du succès de leur travail dépend la possibilité de prier. À l’inverse, la prière est le moteur du labeur et lui donne sa finalité ultime. 

Cet enrichissement, qui peut être réel dans certaines communautés, est aussi une participation au bien commun. L’abbaye cistercienne de Timadeuc reverse ainsi une part de ses profits à des associations. Le frère Marie-Pâques, cistercien de Lérins, explique avec recul : « Plus on peut faire de fric, mieux c’est, à trois conditions : le respect de l’homme, le respect de la nature, et l’utilisation de l’argent au profit du bien commun. » Dans ce cadre, les entreprises monastiques participent à l’avènement d’une société plus harmonieuse. 

Primauté de la qualité sur la quantité

Dans la pratique, la mission monastique d’intercession pour le monde et de consécration de sa vie dans la pauvreté, la chasteté et l’obéissance induit des comportements économiques vertueux : la sobriété, la primauté de la qualité sur la quantité, l’importance du lien social, le temps plutôt que l’immédiat. Ce qui va aussi avec une publicité réduite ou « passive ». Ce sont d’ailleurs ces différents aspects qui expliquent la valeur monétaire et subjective accordée par les clients aux produits monastiques. Lesquels sont à la fois chers et de plus en plus recherchés.

Cela dit, le développement de l’activité économique dans un monastère ne va pas sans tensions. Parce qu’il faut s’adapter un minimum avec la modernité. Parce qu’il faut accueillir le plus possible mais ne pas perdre d’argent pour autant, parce que le temps entre deux offices est compté, parce que faire vœu de pauvreté et dégager des profits pose des questions spirituelles, parce qu’un moine n’est pas recruté selon des capacités laborieuses et peut ne pas être compétent, parce que la question d’employer des laïques se pose. Surtout parce que le moine doit trouver un équilibre entre prière et labeur, un travail de tous les jours. 

Pourtant, ces réelles difficultés ne semblent pas déterminantes face à la « résilience » qui caractérise le modèle économique monastique selon Clémence Périer. Une aptitude à affronter les épreuves qui repose sur la vision à long terme, et même eschatologique, l’ancrage dans un lieu, le partage communautaire des charges qui va avec le fait que personne ne possède vraiment ce qui est produit. La résistance est liée aussi à la conscience toute spirituelle des limites de l’homme pécheur, mais aussi de la bonté du Dieu provident qui détache le moine du souci du lendemain. De vrais prophètes, ces moines.

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