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Le patriarcat est-il à abattre ?

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Yumi Chen / Shutterstock

Marzena Devoud - publié le 20/02/23

Alors que le débat public autour du "féminisme de troisième vague" suscite beaucoup d’émotions et d’appels à en finir avec le patriarcat, il est peut-être temps de poser la question : mais de quel patriarcat parle-t-on ? Explication du père Philippe de Maistre sur ce grand malentendu.

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« À bas le patriarcat, celle qui choisit, c’est moi ! », « Ni mon patron, ni mon grand frère, ni mon copain ni même mon père décideront de ma vie, ni de mes nuits », « Le patriarcat ne s’effondra pas tout seul. Piétinons-le ! »… Ce petit échantillon de slogans repérés lors des manifestations féministes frappe par leur virulence. Visiblement, la guerre des sexes semble plus que jamais, avoir lieu. Avec cette nuance : elle serait en train de changer de visage. C’est ce que Emmanuel Todd, anthropologue et historien, auteur d’un livre événement La troisième guerre a commencé (paru en 2022 au Japon), remarque non sans agacement. Il y décrit l’irruption en France d’un « féminisme antagoniste », un phénomène nouveau qui prendrait sa source dans le monde anglo-saxon. À l’opposé, selon lui, du « féminisme à la française » qui se caractérise par un modèle de « camaraderie entre les sexes ».

Le patriarcat romain ou le patriarcat chrétien ?

Mais alors, quelle est la raison de fond de ce nouveau malaise des femmes ? Ne touche-t-il pas, en réalité, à la question de l’accès des femmes aux problèmes des hommes, tout en gardant le dilemme pour elles du choix entre la carrière professionnelle et les enfants ? Cette réalité n’encourage t-elle pas, parfois, cette tendance de l’homme à se défausser de ses responsabilités ? N’y-a-t-il pas finalement une forme subtile de faire reposer toutes les responsabilités sur la femme, alors que l’homme se désinvestit, ce qui l’arrange un peu ? Et dans ce cas-là, au lieu de le piétiner, n’est-il pas essentiel de se poser la question de ce que signifie vraiment le patriarcat dans le christianisme ?

Dans le patriarcat biblique, qui commence avec Abraham, Isaac et Jacob, le patriarche est appelé à protéger sa famille. Plus encore : à la bénir.

Pour le père Philippe de Maistre, curé de la paroisse Saint-André-de-l’Europe à Paris et auteur de La voie des hommes (Artège), il est important de distinguer deux types de patriarcats : le patriarcat romain et le patriarcat chrétien : « Dans la Rome antique, le pater familias est tout puissant. Il a le droit de vie ou de mort sur ses enfants, et celui de domination sur son épouse. En revanche, dans le patriarcat biblique, qui commence avec Abraham, Isaac et Jacob, le patriarche est appelé à protéger sa famille. Plus encore : à la bénir.

Le pater familias judéo-chrétien n’a pas droit de vie ou de mort sur sa famille. Au contraire, il a le devoir de la protéger, de se battre et de donner sa vie pour elle.

Ce pater familias judéo-chrétien n’a pas droit de vie ou de mort sur sa famille. Au contraire, il a le devoir de la protéger, de se battre et de donner sa vie pour elle. Il s’agit donc d’une responsabilité qui est celle de faire don de soi-même et de sa force, à ceux qui lui sont confiés. C’est très différent, même opposé ! », explique-t-il à Aleteia.

Alors, que s’est-il passé ? Le patriarcat chrétien a-t-il disparu en Occident ? Selon Philippe de Maistre, « l’éloignement de la référence chrétienne qui remonte à la Renaissance a laissé la place au modèle antique où la figure patriarcale masculine n’est pas inspirée de la Bible et des évangiles. La tradition chrétienne s’est effacée derrière la tradition antique ».

La dignité de la femme

Dans la lettre Mulieris Dignitatem (« sur la dignité des femmes »), adressée aux femmes du monde entier le 29 juin 1995 par Jean Paul II, il y a une belle méditation sur la femme adultère. Elle est traînée devant Jésus par des hommes qui la jugent pécheresse. Jean Paul II écrit qu’il faut voir cette femme, reprend le père Philippe de Maistre, « comme si elle était au bout de la scène, alors que les hommes qui y sont présents contribuent largement au péché commis ». Plus loin dans sa lettre, Jean Paul II prend l’exemple de l’avortement qui est passé pour un droit de la femme, alors qu’il s’agit de « lâcheté des hommes qui prétendent la libérer, au lieu de veiller à la protéger », constate-il encore en voyant dans la vocation profonde de l’homme le geste de la bénédiction. Bénir, c’est-à-dire accompagner, protéger, et même aller jusqu’au bout. Donner même, s’il le faut, sa propre vie à sa famille. Sa plus belle illustration se trouve dans ce passage de saint Paul aux Ephésiens :

« Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle ».

Face à la nouvelle guerre des sexes, n’y-a-t-il pas un moyen d’améliorer le débat pour éviter sa virulence ? « Tout d’abord il faut s’appuyer sur les ressources de l’Esprit saint. La guerre des sexes prend des proportions folles. Il est temps de considérer la responsabilité de l’homme dans la sphère de l’éthique. Qu’il prenne le leadership, le vrai, dans la prière familiale, là où il n’est pas en zone de confort. Comme saint Joseph qui aurait pu dire que son Fils adoptif n’avait pas besoin de lui. C’est le contraire, il s’implique, il paie de sa personne. Car il considère que c’est son devoir, sa vocation, sa dignité et sa mission. C’est la voie pour accomplir sa vie d’homme, de patriarche au sens christique du terme », conclut le religieux.

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