À l’évidence, nous avons un immense besoin de gentillesse. Aucun enfant ne s’épanouit dans un climat de brutalité, aucun adulte n’éprouve du plaisir à subir la mesquinerie, le manque d’empathie ou les moqueries permanentes. Nous connaissions les Béatitudes : “Heureux les doux… Heureux les cœurs purs… Heureux les miséricordieux…” (Mt 5, 3-11). Les gentils ont-ils été oubliés ? Loin de là ! Nous avons également à prendre très au sérieux les paroles du psaume 39 : “Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants, […] qui ne siège pas avec ceux qui ricanent.” La vraie joie est promise à ceux qui ont en eux d’authentiques qualités de cœur et qui les offrent aux autres.
Faire plaisir
Mais alors, pourquoi nous arrive-t-il si souvent de regretter d’avoir été “trop gentil” ? Et si vous dites de quelqu’un qu’il ne ferait pas de mal à une mouche, c’est rarement un compliment : on le situe quelque part entre l’imbécile heureux et l’idiot du village, c’est cruel, mais vrai… La raison est simple : la gentillesse n’est pas une vertu. Certes la gentillesse est une précieuse qualité humaine, elle est un mélange de sympathie et d’empathie. On exprime par là notre solidarité : “Je te tiens la porte, parce qu’on est tous dans le même bateau, et aussi parce que je me mets à ta place, je sais donc ce qui peut te faire plaisir.” Mais la gentillesse reste une qualité tournée vers ce qui peut faire plaisir aux autres.
Une vertu suppose qu’on sache discerner ce qui est bien et juste pour soi et pour les autres.
En revanche, on appelle vertu la disposition intérieure à bien agir, portée par l’intelligence de la situation. Une vertu n’est pas simplement guidée par l’envie de bien faire et de faire plaisir. Elle suppose qu’on sache discerner ce qui est bien et juste pour soi et pour les autres. Voilà pourquoi le courage et le sens de la justice nous obligent à dire la vérité, même si elle pique un peu, là où la gentillesse pourrait nous pousser à inventer de pieux mensonges par peur de déplaire. Voilà pourquoi la prudence et la modération nous apprennent à ne pas nous jeter la tête la première dans l’excessif oubli de soi-même.
L’héroïsme de la charité
Alors oui, aimons la gentillesse qui rend les relations humaines agréables. Nous ne la regretterons jamais si elle s’enracine dans la charité, qui, elle, peut être portée à l’héroïsme. Ainsi un Maximilien Kolbe n’a pas été “gentil”, ou “trop gentil” en se sacrifiant pour un autre prisonnier. Il a donné à voir dans son action le visage du Christ qui pour nous est allé jusqu’à la mort. Remercions le christianisme d’avoir sauvé la gentillesse en inventant la charité !
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