L’église Saint-Nicolas-Saint-Marc de Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine) ne fait pas partie des circuits touristiques les plus fréquentés d’Ile-de-France. Aussi les curieux et les fidèles ne savent probablement pas à côté de quels chefs d’œuvres ils passent en y pénétrant. Car cette église est exceptionnelle sur au moins deux aspects : elle est une des rares à avoir été construites pendant la Révolution française. Mais surtout elle conserve cinq œuvres du peintre Camille Corot qu’il a lui-même offertes à sa paroisse.
Faisons un petit peu d’histoire. L’église de Ville d’Avray menaçant ruine, la construction d’un nouveau sanctuaire est décidée à la veille de la Révolution française. La veille au sens strict d’ailleurs puisque la première pierre est posée le 11 juillet 1789. Rapidement construit, l’édifice sera consacré en 1791 par un prêtre constitutionnel… avant de devenir un temps un Temple de la Raison et d’être finalement rendu au culte catholique en 1795.
Cinq peintures de Camille Corot
Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui, ce sont les murs de l’église. Ils comportent aujourd’hui pas moins de cinq peintures de Camille Corot, le même que les musées du monde entier s’arrachent. Une présence qui ne doit en réalité rien au hasard. En effet, la famille de Camille Corot possédait une maison à Ville-d’Avray au début du XIXe siècle. Le peintre la conservera d’ailleurs toute sa vie. Séduit par le paysage et les étangs qui se trouvaient à proximité, le jeune Corot a commencé à y peindre, passant de longues heures dans la nature. On trouve d’ailleurs de nombreuses vues des environs dans les plus grands musées du monde.
Des œuvres classées “monuments historiques”
Aussi, c’est gracieusement que Camille Corot participera à l’embellissement de l’église. D’abord en 1849. Il offre un Saint Jérôme dans le désert, placé dans la nef. Cette huile sur toile avait été exposée (et remarquée) lors du Salon de l’Académie Royale de Peinture, quelques années auparavant. Un sujet religieux, mais dans lequel le paysage tient une grande place. Saint Jérôme y est représenté en pénitent, près du lion qu’il a soigné, sous de grands arbres tranchant avec des rochers austères mais lumineux.
Quatre niches en hauteur avaient été prévues pour recevoir des bas-reliefs. Mais ils n’ont jamais été réalisés. Alors le curé de la paroisse a sollicité Corot pour peindre ces espaces demeurés vides. Quatre peintures viendront donc compléter le décor de l’église : Adam et Eve chassés du Paradis, Madeleine au désert (ou Madeleine pénitente à la Sainte-Baume), le Baptême du Christ et le Christ au Jardin des Oliviers.
Ces peintures sont assez sombres aujourd’hui. La technique utilisée par l’artiste en est certainement la cause. Une peinture à l’huile a été appliquée directement sur les murs du transept. Il ne s’agit donc pas de fresques, qui résistent généralement mieux au temps. Si elles semblent aujourd’hui assombries, c’est aussi parce que les vitraux d’origine étaient clairs. Ils ont été remplacés par des vitraux colorés laissant moins passer la lumière.
Ces œuvres de Corot sont classées au titre des monuments historiques depuis 1928. Elles sont un trésor pour l’église de Ville-d’Avray. Comme pour le Saint Jérôme, ces compositions font la part belle au paysage. Un hommage inconscient à la Création ?