Comment un artiste japonais, installé en France, est-il amené à peindre les murs d’une chapelle ? L’artiste franco-japonais Léonard Tsuguharu Foujita était bouddhiste. Il se convertit au catholicisme en 1959, alors qu’il a derrière lui une longue carrière en France. A la suite de cette conversion, il souhaite construire une chapelle. Son parrain, qui dirigeait la maison de champagne Mumm, achète un terrain pour lui permettre de concrétiser son rêve.
Foujita souhaite une chapelle d’inspiration romane, considérant ce style architectural comme le plus pur et le plus simple. Le projet de construction est confié à un architecte.
Dès que le bâtiment est sorti de terre, les murs de la chapelle sont presque entièrement peints à la fresque par Foujita, qui a alors 80 ans. Il conçoit aussi les vitraux.
Pourquoi Notre-Dame-de-la-Paix ?
Le vocable choisi pour cet édifice à l’extérieur modeste est Notre-Dame de la Paix. Foujita l’a choisi avec une référence à “Pacem in terris”, encyclique du pape Jean XXIII. Publiée en 1963, trois ans avant la construction de la chapelle, en pleine guerre froide, il s’agit d’un message de paix adressé non seulement aux catholiques, mais aussi à tous les peuples.
L’Ancien et le Nouveau Testament sont les sources premières d’inspiration du peintre. Fervent admirateur des peintres de la Renaissance italienne, il puise abondamment dans les œuvres de Michel-Ange et de Léonard de Vinci. Il a d’ailleurs choisi son prénom de baptême en son honneur, comme en celui du bienheureux Léonard Kimura, l’un des martyrs du Japon. Le fond de l’abside est occupé par une fresque évoquant Notre-Dame de la Paix.
Au-dessus du maître-autel, sur le même fond bleu zébré de nuages, Dieu le Père accueille fidèles et visiteurs.
Différentes scènes de la vie de Jésus sont représentées sur l’ensemble des murs. Près du baptistère, le baptême du Christ. Au revers de la façade de l’église, le cycle de la vie de Jésus se clôt avec la Résurrection.
À ces sources d’inspiration habituelles pour une église, Foujita ajoute une touche de tradition japonaise : les fleurs, comme les chrysanthèmes, et les insectes rappellent l’orient de ses origines. Le drame d’Hiroshima apparaît aussi dans une de ses compositions. Le peintre est inhumé dans cette chapelle, considérée comme son testament artistique et spirituel.