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J’ai testé pour vous le coupe-file “prière” de la basilique Saint-Pierre

Vatican, Saint-Pierre, Rome, basilique, touristes

CS

Camille Dalmas - publié le 06/06/23

Un accès coupe-file spécialement réservé aux pèlerins et fidèles souhaitant prier au sein de la basilique Saint-Pierre est désormais disponible depuis le mois d'avril. Alors, succès ou échec de cette initiative ? Camille Dalmas est allé vérifier.

Le 2 octobre dernier, le cardinal Mauro Gambetti, archiprêtre de la basilique Saint-Pierre, avait annoncé l’ouverture d’un accès spécialement réservé aux personnes souhaitant prier, assister à une messe ou se confesser dans la basilique pontificale. Neuf mois plus tard, peut-on parler de succès de l’opération, qui vise à rendre sa fonction sacrée à un bâtiment pris d’assaut par le tourisme de masse, au dépens des pèlerins ? C’est ce que nous sommes allés vérifier.

Avec la fin de la pandémie, Rome a retrouvé des affluences similaires à celles qu’on observait en 2019. Les Musées du Vatican — payants — et la basilique Saint-Pierre — gratuite — sont pris d’assaut. Chaque jour, devant la basilique papale, une immense queue de touristes s’enroule autour de la place Saint-Pierre, obligeant les visiteurs à attendre plusieurs heures avant d’atteindre les portiques de sécurité sous le “bras de Constantin”.

Pour éviter de décourager les pèlerins qui voudraient prier à Saint-Pierre, et pour que la plus grande église du monde redevienne une maison de prière, le Vatican a récemment mis au point une file spéciale pour leur faciliter l’accès. 

En avril, quelques jours après son ouverture, personne ne semblait connaître ce “coupe-file spirituel”— ni les pèlerins ni les gardes — mais depuis le début du mois de mai, le mot est passé, confie un agent de la basilique. Chaque jour, plusieurs centaines de pèlerins empruntent selon lui le trajet, ouvert de 6h50 à 18h40 du lundi au dimanche.

Ainsi, les pèlerins sont censés pouvoir venir sans crainte à la basilique, où la première messe du jour est célébrée dans la chapelle du Chœur à 7h. De même, ceux qui souhaitent se confesser ou bien aller prier dans les grottes vaticanes, sur les tombeaux des papes, doivent désormais pouvoir le faire sans risque de rester coincés dans les embouteillages de la place Saint-Pierre. 

Passage express sur la place Saint-Pierre

Pour évaluer en personne cette affirmation, je me suis présenté aux alentours de 8h45 un jour de semaine sur la place Saint-Pierre — les week-ends sont plus chargés. À cette heure, les touristes souhaitant visiter la basilique papale forment déjà une longue file, raccordant les deux bras des colonnades du Bernin.

Sous une petite tente située sur la droite de la place, un responsable de la sécurité en faction attend devant le discret panneau bleu indiquant en italien “Ingresso percorso preghiera” – Entrée du parcours de prière. Pas une personne pour l’importuner : je le salue en lui annonçant que je compte me rendre prier dans la basilique : “Vorrei andare a pregare nella basilica” – Je souhaiterais aller prier dans la basilique. Il me laisse passer sans un mot. Je viens déjà de m’épargner au moins une heure d’attente.

Contournant tous les touristes alignés devant la colonnade du bras de Constantin, je me retrouve devant un portique de sécurité, et, m’excusant auprès d’un groupe d’Allemands qui semble avoir déjà pris un coup de soleil, passe le contrôle. Je poursuis mon chemin en prenant une file parallèle à celle des touristes. La route est dégagée et me fait passer devant un garde suisse en faction, impassible et superbe, puis se poursuit jusqu’au pied de la basilique.

Là, un agent de sécurité m’indique d’aller vers le vestiaire de la basilique, en bas des marches menant au parvis, afin d’emprunter un petit escalier dérobé. Une fois en haut des quelques marches, me voici dans une petite cour située entre la chapelle Sixtine et la basilique. En suivant le parcours, toujours encadré par des barrières de bois, je me retrouve dans le narthex de la basilique, et j’entre dans Saint-Pierre par la Porte des Sacrements, la seconde porte en partant de la droite — après la Porte sainte.

Le parcours dans la basilique

Dans la basilique, le parcours longe les murs sur la droite. J’avance derrière des barrières à cordes de velours qui me font passer un instant entre une masse de touristes et l’objet de leur présence agglutinée : la Pietà de Michel-Ange. Puis me voilà devant la chapelle Saint-Sébastien où prient en silence de nombreux fidèles devant la tombe de saint Jean-Paul II. Ensuite vient la chapelle du Saint-Sacrement, où un espace d’adoration est préservé du brouhaha de la nef par un épais rideau de velours. Après cela, il est possible de rejoindre la zone des confessionnaux. Des prêtres parlant plusieurs langues y attendent les pèlerins. Je note qu’il semble très aisé de passer d’un côté comme de l’autre des barrières, et donc de retrouver le flux des touristes. 

Enfin, en contournant le lourd baldaquin de Saint-Pierre —réalisé par Le Bernin — j’emprunte un escalier pour descendre d’un niveau et je rejoins les grottes vaticanes. Là, je peux me recueillir devant le tombeau de saint Pierre puis devant celui de plusieurs de ses successeurs — Benoît XVI, Paul VI ou encore Jean-Paul Ier. Vient enfin le temps de sortir, et déjà me voici sur le parvis de la basilique.

Le tour a été effectué sans la moindre anicroche — même si, à certains points du parcours, je n’ai pas hésité à héler les gardes, pas toujours très alertes. En sortant sur la place vers 10h15, je constate qu’une dizaine de personnes ont décidé d’emprunter le parcours de prière et font la queue devant le portique de sécurité que j’ai passé plus tôt. En regardant la longue file de touristes qui s’enroule désormais autour de l’obélisque, je m’en voudrais presque d’éprouver une certaine satisfaction.

Tags:
PèlerinageRomeVatican
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