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Basile Hopko, l’évêque ruthène martyr du communisme

Basile-Hopko

CC BY-SA 4.0

Basile Hopko (1904 - 1976).

Anne Bernet - publié le 22/07/23

Pour être resté fidèle à Rome, l’évêque gréco-catholique Vasili Hopko sera littéralement empoisonné par le pouvoir communiste. Béatifié par Jean Paul II, il est fêté le 23 juillet.

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Pour simplifier, ils sont appelés uniates. Il s’agit de fidèles d’Églises orthodoxes qui, pour diverses raisons, en général dans le courant du XVIIe siècle, ont choisi de se rallier à Rome et de rejoindre le catholicisme. Dits aussi « gréco-catholiques », ils ont conservé leur rit byzantin, leurs propres usages liturgiques et disciplinaires. Leur retour à l’unité de la foi a occasionné pour eux d’innombrables problèmes et souffrances, d’autant qu’ils sont toujours demeurés minoritaires. C’est à l’une des ces communautés habituées aux persécutions en tous genres, celle des gréco-catholiques ruthènes, qu’appartient Basile Hopko, évêque, confesseur et martyr.

Ruthène est un vieux mot qui désigne les habitants de la « Rus de Kiev« , cette partie de l’Ukraine qui est historiquement le berceau de la Russie et de ses tsars, territoire qui ne cessera d’être disputé et qui passera, au gré des événements, sous diverses dominations. En 1646, dans la zone ruthène alors sous le contrôle de la Hongrie, soixante-trois popes et leurs communautés respectives rompent avec le patriarcat orthodoxe pour devenir catholiques. En dépit des nombreux aléas de l’histoire, très agitée dans ces parages, ces nouveaux catholiques de rit oriental parviennent à survivre et s’organiser.

Un sujet d’exception

Lorsque Basile Hopko vient au monde, le 21 avril 1904, sa ville natale, Hrabske, est hongroise, donc sujette des Habsbourg catholiques. La disparition de l’empire austro-hongrois, en 1919, va l’annexer au nouvel État tchécoslovaque, où le catholicisme est majoritaire. Tout va donc à peu près pour les Ruthènes et Basile, ou plutôt Vasili, grandit paisiblement. Sa famille est assez fervente pour trouver normal, quand, à l’adolescence, il tombe très malade, de le voir promettre, contre son éventuelle guérison, d’entrer au séminaire. Le garçon guérit, en effet, et, en 1929, ordonné prêtre, il est envoyé à Prague afin d’y prendre en charge la paroisse de rit byzantin de la capitale.

Il ne faut pas longtemps à ses supérieurs pour constater qu’ils tiennent avec lui un sujet d’exception. Bon administrateur, Vasili est très doué pour la théologie, sa vie spirituelle est intense et il commence à rédiger des ouvrages de spiritualité qui, publiés, connaissent le succès. On le pousse à reprendre ses études pour obtenir une maîtrise de théologie à l’université de Bratislava, qu’il obtiendra en 1940. Dans l’intervalle, en 1936, il est nommé directeur spirituel du séminaire diocésain de Presov, où il enseigne de surcroît la théologie morale. Directeur de conscience, il assume encore le secrétariat de l’évêque ruthène, Mgr Gojdic, la rédaction d’un mensuel d’informations religieuses et continue d’écrire et de publier. Tout cela l’occupe à plein temps, de sorte qu’il ne semble pas prêter beaucoup d’attention aux événements, pourtant dramatiques, de son époque, à commencer par le retour de sa région à la Hongrie en 1939, puis l’occupation nazie. 

Décapiter le clergé

Comment traverse-t-il précisément ces années de guerre ? On ne le sait trop et ce n’est finalement qu’en 1947, lorsque la région est une fois de plus partagée entre la Tchécoslovaquie et l’Ukraine soviétique que le paisible enseignant est soudain arraché à son quasi anonymat et à ses travaux intellectuels. Cette même année 1947, Mgr Gojdic le nomme évêque auxiliaire de Presov, fonction de confiance qui expose désormais Mgr Hopko à tous les périls.

L’un des buts poursuivis par les régimes communistes athées d’Europe de l’Est est l’éradication pure et simple de la religion.

L’un des buts poursuivis par les régimes communistes athées d’Europe de l’Est est l’éradication pure et simple de la religion, même si, pour des raisons diplomatiques et pour renvoyer à l’Ouest une image de tolérance apparente bien éloignée de la réalité, l’on feint de favoriser la liberté des cultes. Cependant, les croyants sont étroitement surveillés, à commencer par les catholiques, soupçonnés d’être des agents de Rome, donc de l’Amérique, brimés de mille manières, et cette persécution plus ou moins sournoise est décuplée s’agissant des Églises uniates auxquels les orthodoxes ont malaisément pardonné leur ralliement à la papauté. Le but avoué est de leur faire abandonner le catholicisme et de les ramener à la communion avec le patriarcat de Moscou, dont nul n’ignore l’inféodation à peu près totale au pouvoir communiste. Le meilleur moyen d’y parvenir est encore de décapiter le clergé des communautés visées, ce qui laissera leurs troupeaux sans berger, donc accessibles aux offres du régime.

Régulièrement, il refuse

Fidèle, Vasili, tout comme son évêque, font la sourde oreille aux promesses comme aux menaces des autorités qui, en 1950, comprenant qu’elles ne feront pas plier les deux hommes, les arrêtent et les emprisonnent. Pas ensemble, évidemment, ce qui leur serait une consolation et un soutien. Pour Mgr Hopko débute une détention stricte, à l’isolement total, qui durera quatorze ans. À l’incarcération, dans des conditions terribles, s’ajoutent maltraitances, brimades, privations, tortures. Laconique, Mgr Hopko dira un jour en évoquant ces années terribles : « Ce furent de durs moments que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi », mais comme beaucoup de confesseurs de la foi victimes de la persécution communiste, il minimise ses souffrances et s’ingénie à mettre en évidence le bien spirituel qu’il a pu en retirer, tant pour lui que pour les autres, insistant sur les progrès qu’il a accomplis dans le saint abandon à la volonté divine. Il souligne qu’il a pu ainsi venir au secours de ses codétenus, voire de ses geôliers : « J’ai appris à être utile aux autres dans leurs besoins », dit-il.

Régulièrement, on lui offre sa libération en échange de son ralliement au patriarcat et, régulièrement, il refuse. Alors, le pouvoir règle le problème en le condamnant, au terme d’un procès truqué de bout en bout, à quinze ans de détention.

Un martyre à petit feu

En 1964, il est libéré, dans un pseudo geste d’humanité, en raison de sa santé dégradée par les conditions de son emprisonnement. Liberté toute conditionnelle accompagnée de maintes restrictions. N’ayant nulle part où aller, car il a tout perdu, Mgr Hopko est recueilli par un prêtre de sa communauté qui l’hébergera jusqu’à sa mort, le 23 juillet 1976. Une autopsie ayant été demandée, les médecins légistes constateront que le décès est moins lié à la vieillesse et à la maladie qu’à une intention criminelle : pendant des années, en effet, Basile Hopko a ingéré chaque jour des doses d’arsenic aboutissant à un lent empoisonnement qui n’aurait pas dû être suspecté, mais qui s’apparente bel et bien à un martyre à petit feu. C’est à ce titre que Jean Paul II l’a béatifié le 14 septembre 2003.

Tags:
communismeMartyrs
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