Pour rendre le christianisme plus avenant et plus vendable sur l’étal du pluralisme religieux, certaines âmes bien intentionnées désirent occulter la dimension de souffrance de la foi dans l’espoir illusoire de mieux attirer les hommes et les femmes au Christ. Dans leurs esprits, il s’agit de rompre avec des siècles de piété “doloriste” afin de mettre le “logiciel” chrétien au goût du jour. Il va sans dire que pour ces thuriféraires d’un christianisme cool et soft, la dévotion à Notre-Dame des Douleurs ne figure à l’ordre du jour de leur agenda !
Face au mal, demander le secours de la Vierge de Pitié
Combien de contresens et de présomption se dissimulent derrière ce parti-pris ! Le mal va-t-il disparaître dès lors qu’il ne figure plus dans nos dévotions ? Casser le thermomètre n’a jamais fait redescendre la fièvre. Comme si nous étions intacts du venin du mal, de ses morsures, ou bien devenus soudain capables de nous en relever tous seuls ! Car dans notre attachement à Notre-Dame des Douleurs, il s’agit bien de cela : regarder le mal en face et trouver les moyens de nous en relever avec l’aide d’une personne sur laquelle il n’eut jamais aucune prise : la Vierge Marie. En effet, le mystère de la souffrance et de la compassion de Notre-Dame au pied de la Croix n’est pas cantonné dans le passé. Il continue et continuera jusqu’à la fin du monde parce que ses douleurs sont liées à tout le mal qui se commet sous le soleil. Notre-Dame souffre et pleure sur toute la méchanceté dont se rend coupable l’humanité ainsi que sur les malheurs qui en sont la conséquence.
Marie était debout au pied de la Croix, sommet de l’iniquité, quand les hommes mirent à mort l’Innocent.
“Voilà qui est édifiant, dira-t-on. Mais en quoi cette compassion de Notre-Dame peut-elle m’aider dans l’existence ?” Justement, si l’Église fait mémoire de la compassion de Marie, c’est afin que les croyants se tournent vers elle et lui demandent son assistance dans leurs épreuves. Le Mal peut nous engloutir si nous n’y prenons garde. Il ne sert à rien de faire les bravaches dans cette matière. Notre-Dame était debout au pied de la Croix, sommet de l’iniquité, quand les hommes mirent à mort l’Innocent. Aussi est-elle pleinement qualifiée pour nous aider à affronter le Mal qui n’épargne personne.
Celle qui nous éduque à la douceur évangélique
Concrètement, que demander à la Vierge des Douleurs ? D’abord, la patience et l’endurance dans les épreuves. Ensuite, le pardon des offenses — elle qui pardonna aux bourreaux de son Fils sur le Golgotha. La douceur. Résister à la tentation de se venger lorsqu’on nous offense. Mais encore la détermination à ne plus commettre le mal. On dira que c’est là une promesse qui n’est jamais tenue. Précisément ! Prier Notre-Dame, c’est reconnaître que nous avons besoin de son intercession auprès de Dieu pour rester fidèles à nos engagements. Comme on le voit, les motifs pour recourir à Notre-Dame ne manquent pas !
La contemplation de Notre-Dame des Douleurs est un puissant moyen pour résister au mal, non par nos propres forces, mais par la prière. La Vierge nous enfante à la vie du Christ. Elle est la femme qui crie dans les douleurs de l’enfantement de l’Apocalypse (Ap 12, 2) parce que les hommes sont trop complices du mal pour que leur enfantement à la vie divine soit chose aisée et routinière. Rendre le bien pour le mal n’est pas un réflexe natif pour nous. Voilà pourquoi si nous voulons suivre le Christ et porter notre croix dans la non-violence et le service de nos frères qui ne sont pas toujours aussi aimables que nous aimerions qu’ils soient, il est nécessaire de prier Celle qui resta debout au pied de la Croix et qui communia aux souffrances de Jésus parce que son Cœur était animé des mêmes sentiments pacifiques et charitable que celui de son Fils.