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Comment j’ai trouvé Dieu, des ténèbres à la lumière

Frère Rémi-Michel Marin-Lamellet

Frère Rémi-Michel Marin-Lamellet

Avant le grand saut dans la vie religieuse, le frère Rémi-Michel a passé un an en Amazonie péruvienne.

Rémi-Michel Marin-Lamellet - publié le 28/09/23

Avant de devenir dominicain, Rémi-Michel Marin-Lamellet appartient à cette génération de chercheurs de Dieu tâtonnants, à la quête mouvante et insatisfaite. Dans l’essai de spiritualité qu’il vient de publier, "La ténèbre n’est point ténèbre" (Cerf), il raconte comment ses voyages au bout du monde ont fait grandir en lui cette découverte : c’est Dieu qui le cherchait.

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« Quelle est l’histoire de votre vocation ? » ou « comment avez-vous trouvé Dieu ? » Ce sont des questions qu’on pose très souvent à un religieux, à une religieuse ou à un prêtre. Ce sont des questions qui n’ont pas d’âge et qu’on retrouve même dans la Bible. Il y a la question de l’origine, comme les matelots qui demandent à Jonas, en route pour Ninive : « D’où viens-tu ? Quel est ton pays ? De quel peuple es-tu ? » (Jon 1, 8). Et il y a la question du but, comme le Christ qui déplore que les apôtres ne lui demandent pas : « Où vas-tu ? » (Jn 16, 5). D’où je viens, comment j’en suis arrivé à me mettre à la suite du Christ, où est-ce que cela me mène… je vous avoue que je suis à chaque fois désemparé par ces questions. 

Une quête dispersée

Quand je regarde ma quête de Dieu, je pense aux paroles de Jésus (Jn 3, 8) : « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » L’origine, le cours et la finalité de l’appel de Dieu, et de ma réponse à cet appel, restent pour moi un mystère. Je sais que je ne connais qu’un infime fragment de l’histoire sainte qui se déroule dans ma vie, de toutes les personnes qui y sont intervenues, qui ont prié pour moi et qui ont semé en mon âme des semences de foi. Par contre, je peux raconter comment j’ai cherché, et comment je cherche encore, Dieu. C’est un point auquel je suis particulièrement attentif quand j’accueille des jeunes qui viennent me poser des questions sur Lui.

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Devant le Taj-Mahal, au cours d’un voyage de six mois en Inde.

Je fais partie d’une génération qui cherche activement Dieu, sans toujours savoir que c’est Lui qui en est à l’initiative et qu’Il en constitue le but ultime. Beaucoup, surtout les plus anciens de mes frères au couvent, sont sceptiques face à une telle affirmation. En effet, ils regardent l’assemblée, les dimanches, et ils ne voient qu’un grand vide. Conclusion : Dieu n’intéresse plus personne. Pire, les jeunes générations ignorent tout, jusqu’au nom du Christ. Ces frères n’ont pas tort, mais c’est une conclusion hâtive qui les empêche de voir l’enjeu de notre siècle. Notre quête est dispersée, souvent mal ajustée, mais elle est embrasée. Elle reste actuelle. Elle est insatisfaite par les demi-réponses, et c’est pour cela qu’elle est fluctuante. Cette quête est exigeante : comment allons-nous leur annoncer la Vérité ?

En voyage, Dieu était partout

Avant d’entrer dans l’Ordre des Prêcheurs, je ne sais pas si j’étais un bon catholique : par exemple, j’étais loin d’aller à la messe tous les dimanches. Je n’ai pas eu une vie estudiantine bien différente de mes amis. Ma fréquentation des sacrements s’ajustait à mon temps libre, à mes envies et à mes besoins. Et pourtant… je crois que je cherchais Dieu comme tant d’autres autour de moi le cherchent : sauvagement. Dans mes lectures, les rencontres et surtout dans mes voyages.

Des amis bouddhistes m’ont fait découvrir des monastères splendides en Himalaya et j’ai goûté un peu de la paix de ces grands espaces. Là encore, Dieu était partout. 

La première opportunité que j’ai eu de voyager à l’étranger, je l’ai saisi pour aller travailler cinq mois à Jérusalem. J’avais 19 ans. J’ai arpenté la Terre Sainte, j’ai pleuré au Saint-Sépulcre (j’y ai même dormi), j’ai célébré shabbat avec des amis juifs, j’avais aussi des amis musulmans. Le couvent des dominicains m’hébergeait : je discutais des heures durant avec des frères. Dieu était partout. La deuxième opportunité, je suis parti pour un stage de six mois en Inde. J’ai suivi des amis hindous dans tes temples, j’ai pleuré sur les bords du Gange à Varanasi. Des amis bouddhistes m’ont fait découvrir des monastères splendides en Himalaya et j’ai goûté un peu de la paix de ces grands espaces. Là encore, Dieu était partout. 

C’est Lui qui me cherchait

Mais voilà, lorsque je rentrais en France, et au cœur de rudes épreuves, Dieu semblait comme absent. Ou du moins, il n’était plus aussi malléable que dans toutes ces découvertes, toutes ces rencontres où je savais que je le rencontrais. Pourtant, ces moments de désert étaient les moments où mon désir de Dieu était le plus fort. C’est là où j’ai dû revenir aux questions que j’évoquais plus haut : d’où viens-tu ? Où vas-tu ? Et j’ai lu « que nul ne vient au Père sans passer par le Fils, et que nul ne vient au Fils si le Père ne l’attire ». C’était de plus en plus clair. Ce que je connaissais de Dieu, même chez les autres, je le devais au Christ. Et j’étais venu au Christ car le Père m’avait attiré à lui. Et c’était l’Esprit qui embrasait mon cœur de les connaître. Tout avait déjà commencé à l’aube. C’est Lui qui me cherchait quand je m’éloignais et ma seule manière de lui répondre, c’était de lui donner ma vie.

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Avant de devenir dominicain, le frère Rémi-Michel a cherché Dieu partout à travers le monde.

Mais j’ai eu besoin encore de temps. Je suis reparti à l’étranger, un an en Amazonie péruvienne, pour enfin accepter une chose : « Où donc aller, loin de ton souffle ? où m’enfuir, loin de ta face ? Je gravis les cieux : tu es là ; je descends chez les morts : te voici. Je prends les ailes de l’aurore et me pose au-delà des mers : même là, ta main me conduit, ta main droite me saisit » (Ps 138). Dieu était là-bas comme il était chez moi, en France. Je trouvais le Christ dans mon prochain… et je pourrai aussi, un jour, sûrement, l’accueillir en moi. Transmettre sa Lumière dans les ténèbres du monde. Et un beau matin, je me suis réveillé en habit dominicain.

Pratique

La ténèbre n’est point ténèbre, une génération qui cherche la lumière,Fr. Rémi-Michel Marin-Lamellet op,Cerf, septembre 2023, 132 p, 12€

Tags:
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