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Les vertus du covoiturage, sans bla-bla

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Covoiturage, voiture, trajet, Blablacar

Shutterstock

Image d'illustration.

Henri Quantin - publié le 04/10/23

S’il est un lieu à ne pas déserter, où les misères se confient spontanément, n’est-ce pas celui du covoiturage ? Notre chroniqueur, l’écrivain Henri Quantin, évoque ces rencontres impromptues où l’on se parle en vérité.

Ce n’est pas de bavardage creux que nous voulons parler ici, mais de covoiturage. Si les deux se rejoignent parfois, la pratique de BlaBlaCar se révèle généralement bien plus riche que la discussion mondaine ou le long soliloque de la mère faisant la liste des exploits de ses enfants. Y a-t-il d’ailleurs beaucoup d’autres circonstances qui vous font passer deux, trois, cinq heures assis à côté d’une personne que vous ne connaissez pas et avec laquelle il est attendu que vous parliez (à moins que vous n’ayez indiqué à l’avance que vous étiez « du genre silencieux », comme le vieux de Daniel Guichard) ? Certes, la parole en covoiturage connaît les mêmes perversions ou les mêmes évitements que dans la vie courante : certains monologuent en semblant à peine remarquer les interventions timides du voisin ; d’autres vous signalent, par un téléphone vite sorti, qu’ils ne voient pas plus de raisons d’entrer en relation avec vous qu’avec leur voisin dans un train ; d’autres encore s’endorment rapidement, à moins qu’ils ne miment le sommeil pour avoir la paix.

Des conversations en vérité

L’espace d’une voiture, toutefois, se prête peu à l’isolement et le nombre réduit de passagers tend à empêcher l’anonymat qui règne dans les transports en commun. Malgré son nom qui n’est pas forcément un appel à la justesse des mots, BlaBlaCar se révèle souvent un lieu de parole sans équivalent. Sans doute « Verbeauthentiquecar » serait-il moins percutant, mais on est frappé par la fréquence des conversations en vérité, dès que le langage collectif cesse de dominer. L’écart peut en outre être abyssal entre l’être imaginaire que vous pensiez faire monter dans votre voiture et la personne réelle qui en descend à l’arrivée. Ainsi de cet homme aux allures de Johnny Depp en tee-shirt gothique, qui vous apprend qu’il prépare un mémoire de théologie du corps pour devenir pasteur. Quand le troisième passager est un musulman faussement endormi, le trajet devient une disputatio inattendue sur l’Incarnation et la Trinité. Vous ne savez pas trop ce que vous avez pu semer, mais vous vous rassurez avec les paroles de Bernadette : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire. »

Plus encore qu’un lieu de parole, Blablacar est un lieu d’écoute, sans doute parce que l’un ne va jamais sans l’autre. Il faut croire que beaucoup de nos contemporains ne trouvent qu’exceptionnellement une oreille attentive. Une conseillère conjugale et familiale témoigne ne plus compter les débuts d’accompagnement auxquels des trajets ont donné lieu. Le simple fait d’expliquer son métier et d’en énumérer les missions ouvre la voie à d’étonnantes confidences. Devant l’oreille qui écoute vraiment, les misères enfouies se disent presque spontanément. Cela mérite sûrement que chaque chrétien apprenne à se taire. 

Des âmes assoiffées

Malgré les dérives possibles du système (transformation d’un service en activité rentable — le prix demandé indique tout de suite la logique de celui qui propose un trajet — et note attribuée à toute personne que vous croisez), le covoiturage est donc un lieu que les disciples de la Parole faite chair gagnent à ne pas déserter : il serait dommage, par crainte de croiser l’auto-stoppeur sans gêne de Coluche, de rater la rencontre avec des âmes assoiffées qui ne demandent qu’à parler sans bla-bla.

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