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Wokisme : le début de la fin ?

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Shutterstock I Jacob Lund

Sylvie Perez - publié le 12/10/23

Décolonialisme, racialisme, transactivisme : le wokisme divise le monde entre oppresseurs et opprimés. Cette idéologie, née en Amérique, a gagné l’Europe. Son berceau deviendra-t-il son tombeau ? Dans l’anglosphère, des dissidents s’attellent à déjouer l’avènement d’un monde orwellien. Ils risquent leur carrière et leur réputation pour défendre la liberté d’expression et l’égalité devant la loi. L’essai de Sylvie Perez, "En finir avec le wokisme" (Cerf) dresse la chronique de cette contre-offensive.

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Qu’est-ce qu’une femme ? La définition relève de la biologie. Les chromosomes sexuels déterminent le sexe : XX pour les femmes, XY pour les hommes. Jusqu’il y a peu, tout le monde s’entendait là-dessus. Désormais, la question divise. Selon l’idéologie woke, est femme, qui se sent femme. Un homme qui se sent femme est une femme, si tel est son désir. Du désir au droit, il n’y a qu’un pas. « Des droits qui ont l’étendue terrifiante du désir », disait Albert Camus. Le wokisme exige que les athlètes transgenres participent aux compétitions sportives féminines. Des violeurs qui changent d’identité sont incarcérés dans des prisons pour femmes en Écosse, Angleterre, USA. On ouvre dortoirs et vestiaires de filles aux garçons qui se sentent filles. 

Deux visions du monde

Une association britannique a résolu d’interroger tous les candidats aux prochaines élections législatives et de publier leurs réponses à la question « Qu’est-ce qu’une femme ? » afin d’indiquer qui est prêt à défendre le droit des femmes. L’initiative est parrainée par Sharron Davies, ex-nageuse olympique britannique. Selon le politologue canadien Éric Kaufmann, la question du wokisme est appelée à dominer la vie politique des démocraties occidentales : 

Ce sont deux visions du monde qui s’opposent : ceux qui sont attachés à la liberté d’expression et de conscience, l’égalité devant la justice et la méthode scientifique, face à ceux qui privilégient la protection des minorités et l’égalité de résultat (plutôt que d’opportunités) et sont prêts à restreindre la liberté d’expression et rejeter une part de leur héritage culturel au service de ces objectifs. Cette querelle sera déterminante dans les années à venir.

La riposte s’organise

Le woke ne voit autour de lui que victimes et bourreaux et, pour réparer le monde, s’affaire à le pulvériser. Dans le monde anglo-saxon, frappé plus précocement que nous, la riposte s’organise. Depuis Londres, point d’étape du wokisme entre l’Amérique et la France, j’ai pu observer le sursaut en cours. Les acteurs de la riposte au wokisme dont je parle dans mon livre sont Noirs, Blancs, Pakistanais, homosexuels, transgenres. L’impératif diversitaire est sauf !

La cancel culture, au prétexte de débarrasser l’humanité du négatif, persécute et ostracise.

L’association History Reclaimed (L’histoire réhabilitée) se constitue en août 2021 pour contrebalancer l’instrumentalisation woke de l’histoire, qui réduit le passé occidental à trois sacrilèges : le colonialisme, l’impérialisme, le racisme. Heterodox Academy, plateforme collaborative réunissant plusieurs milliers de chercheurs d’Amérique du Nord, lutte contre le climat inquisitorial qui se répand à l’université. D’autres ont quitté le champ de bataille et opté pour un nouveau départ. En novembre 2021, on annonçait la création de l’Université d’Austin Texas (UATX), dédiée à la liberté académique et au débat civil. Adieu quotas, bureaux diversité-égalité-inclusion, décolonisation du savoir, safe spaces… il ne s’agit plus de protéger les étudiants des idées fortes, mais de les y initier. « L’université doit redevenir le cœur battant d’une société libre », déclarait Panayiotis Kanelos, président du nouvel établissement. 

Trois angles d’attaque

La cancel culture, au prétexte de débarrasser l’humanité du négatif, persécute et ostracise. Alors le Free Speech Union, fondé par Toby Young en 2020, défend au cas par cas et avec succès, les Britanniques accusés de délit d’opinion. Aux USA, les avocats de FIRE (Foundation for Individual Rights and Expression) défendent la liberté d’expression telle que protégée par le Premier amendement de la Constitution américaine. Des cénacles se constituent. Don’t Divide Usfédère des personnalités de toutes origines ethniques convaincues que l’antiracisme contemporain menace la cohésion de la société britannique. La Common Sense Society, dépasse le cadre national. Implantée aux États-Unis, aux Pays-Bas, en Hongrie, au Royaume-Uni, elle cultive la philosophie d’Edmund Burke et de Roger Scruton et promeut un conservatisme fondé sur le tripode : liberté, prospérité, beauté. 

L’Américain Christopher Rufo a élaboré une méthode pour circonscrire l’emprise du wokisme, notamment de ses deux doctrines les plus menaçantes, la théorie critique raciale et le transgenrisme. Sa riposte repose sur trois angles d’attaque, médiatique, politique, juridique. Médiatique : il enquête sur le contenu néo-raciste du coaching diversitaire, sur les cours d’éducation civique et sexuelle à l’école. Il en informe le public. Les révélations déclenchent des actions de terrain (comme celles des parents d’élèves qui protestent contre le pédagogisme racial ou l’intrusion du transgenrisme à l’école). La classe politique s’empare alors du sujet qui devient un thème de campagne. Enfin Rufo réunit autour de lui une équipe juridique qui fournit aux élus le matériel nécessaire à une intervention légale susceptible d’extirper l’activisme woke des arcanes de l’administration et des institutions culturelles. La contre-attaque se veut ferme et déterminée.

Renverser la tendance

Le wokisme n’est pas une fatalité. Il a suffi d’une minorité d’activistes pour l’imposer, comme une contagion, des États-Unis jusqu’en Australie. Il suffira d’une minorité de réfractaires pour renverser la tendance. En finir avec le wokisme documente les outils de la dissidence et dresse le portrait de ses instigateurs.

Pratique

En finir avec le wokisme – chronique de la contre-offensive anglo-saxonne, Sylvie Perez, les éditions du Cerf, octobre 2023, 366 pages, 24,50 euros.

Tags:
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