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Jeunesse : la face sombre du web

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By GaudiLab | Shutterstock

Paul De Maeyer - publié le 08/10/18

Dans son rapport annuel, l’organisation publique allemande jugendschutz.net met en garde contre les nombreux défis et incitations à la haine qui menacent la sécurité des jeunes internautes.

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« Les enfants et les adolescents sont confrontés jour après jour aux insultes et au harcèlement sur internet. Ils ont besoin d’une meilleure protection », indique sur son site l’organisation allemande jugendschutz.net chargé de veiller à la sécurité des jeunes internautes, dans son rapport annuel. En 2017, l’organisation publique a passé en revue un total de 102.423 services offerts sur Internet et constaté 7.513 infractions. Alors que dans 901 cas, l’infraction était en Allemagne, dans les 6.612 autres cas, le provider ou fournisseur était étranger. Dans la majorité des cas, il s’agissait de plateformes américaines, comme Facebook, YouTube, Twitter ou Instagram. Dans 83% des cas, l’organisme a obtenu la suppression de telles violations sur les sites ou pages web allemands. Pour un taux de réussite quasi identique (80%) concernant les fournisseurs ou serveurs étrangers .

Des images d’exploitation sexuelle des enfants

Lancée par le ministère fédéral de la Famille et de la Jeunesse, l’organisation jugendschutz.net a recensé en 2017 près de 3.000 images ou illustrations d’enfants abusés, soit quatre fois plus que l’année précédente. Dans la grande majorité des cas (86%), 2.550 sites étrangers — et donc près de neuf sur dix — le matériel diffusé provenait de sites étrangers. Dans un tiers (33%) des cas, des États-Unis, dans près d’un quart (24%) des Pays-Bas et dans 22% des cas, de Russie.




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En ce qui concerne l’Allemagne, jugendschutz.net est parvenu à faire supprimer tous les contenus, contre 91% du matériel diffusé par des sites étrangers. Cela signifie que dans près d’un cas sur dix, le matériel inapproprié est toujours disponible sur des serveurs ou sites étrangers. En Allemagne, les délais d’annulation ont été assez courts — en moyenne 3,5 jours — alors que pour les contenus étrangers cela a pris en moyenne 7,6 jours, soit plus d’une semaine et donc plus du double de temps.

Propagande extrémiste

Autre problème, celui des sites djihadistes, qui se tournent de plus en plus vers les filles et les jeunes femmes pour les recruter dans les organisations terroristes islamistes, met en garde jugendschutz.net. Les sites en question utilisent, par exemple, des images de fleurs, publient des recettes de cuisine et même des histoires romancées sur la lutte armée, dans le but de construire une proximité émotionnelle avec les gens.


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Les militants xénophobes d’extrême droite, en revanche, se présentent sur Instagram comme un « mode de vie alternatif ». Se mettant en scène, « comme des pop-stars », au plus près de la réalité, « ils révèlent des moments privés et transmettent ainsi un sentiment de familiarité et de proximité « . Lorsque le Bundestag a approuvé la parité des unions homosexuelles et des mariages hétérosexuels en juin 2017, s’est multiplié sur Internet le nombre de meme dans lesquels les homosexuels étaient qualifiés de « malades » ou « parasites du peuple », un langage qui rappelle l’époque nationale-socialiste et en particulier la Volksschädlingsverordnung (ou loi contre les parasites du peuple), promulguée le 5 septembre 1939, c’est-à-dire quelques jours seulement après le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale.

Les médias sociaux pointés du doigt

Malgré l’entrée en vigueur, fin 2016, de la nouvelle loi allemande sur les substances psychoactives (Neue-psychoaktive-Stoffe-Gesetz ou NpSG), les dites Legal Highs, c’est-à-dire les substances euphoriques légales, continuent à être vendues comme des mélanges de la tradition végétale à travers le réseau, le tout sans prouver l’âge du client, souligne le rapport.

Ce dernier exemple montre lui aussi que les programmes classiques de protection des jeunes sont en retard sur les développements technologiques et des services en ligne. Le rapport constate en particulier des lacunes dans les cadres de base des fournisseurs ou des médias sociaux. « Il ne suffit pas que des fournisseurs comme Tik Tok ou Instagram répondent après un signalement », relève le responsable de jugendschutz.net, Friedemann Schindler, dans un communiqué de presse. D’après lui, « quand des enfants de 8 ans passent déjà d’un service à l’autre, les paramètres sécurisés par défaut sont un must« .


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Autre problème mentionné, l’évaluation de l’âge par rapport à de nombreuses App ou applications est trop optimiste, ou ne correspond pas à la réalité. Lors de telle évaluation, pour les enfants, « tous les risques doivent être pris en compte », estime Friedmann Schindler, cité par Spiegel Online. D’après une étude faite sur une centaine des applications les plus populaires sur Google Play Store, dans la plupart des cas, l’évaluation est trop faible.

Des défis fatals

Dans son rapport, l’organisation allemande évoque aussi les défis ou challenge viraux. L’histoire d’un jeune garçon de 14 ans de la banlieue de Milan, Igor Maj, retrouvé pendu ou étranglé avec une corde de montagne — c’était un passionné d’escalade — le 6 septembre dernier dans sa chambre, montre combien ces défis peuvent être dangereux, voire fatals. Alors que les enquêteurs ont d’abord pensé au suicide, la famille de l’enfant a lancé une autre hypothèse, toute aussi inquiétante. Selon un message publié sur le site pareti.it à la demande de la famille, la mort d’Igor, n’aurait « rien à voir avec de l’escalade », mais le résultat d’un défi, appelé black-out, ou jeu d’étouffement, devenu « incompréhensiblement populaire parmi les adolescents qui ont accès à Internet ».




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La famille du jeune garçon lance donc un appel général aux parents afin qu’ils fassent « tout leur possible » pour faire comprendre à leurs enfants qu’ils peuvent toujours parler avec eux. Les enfants « doivent savoir trouver en vous une épaule, un guide qui les aide à comprendre si et quels risques ils n’ont pas mesuré », lit-on sur le message. « Nous pensons l’avoir toujours fait avec Igor, et pourtant cela n’a pas suffi », poursuit la famille sur pareti.it. « Alors, essayez d’en faire encore plus, parce que tous les enfants, dans leur adolescence, ont ce sentiment de toute-puissance qui, d’une part, leur permet d’affronter le monde, mais peut, d’un autre côté, leur être fatal.

De Momo à Blue Whale

Un nouveau défi devenu viral inquiète les autorités latino-américaines : le phénomène Momo, du nom d’un mystérieux personnage féminin, « aux yeux exorbités, la peau pâle, et un sourire terrifiant », explique BBC Mundo (25 juillet). Le personnage est emprunté à une sculpture de l’artiste japonaise Midori Hayashi (qui n’a rien à voir avec le défi). Le Momo Challenge aurait provoqué trois suicide en Amérique du Sud.

Le premier cas, survenu en juillet dans la Grand Buenos Aires, en Argentine, est celui d’une jeune adolescente de 12 ans, trouvée pendue à un arbre dans le jardin de sa maison. Avant son geste extrême, celle-ci a filmé ses derniers gestes. Les suicides d’une autre fille de 12 ans et d’un garçon de 16 ans à Barbosa, en Colombie, seraient eux aussi liés au défi. Dans l’État indien du Rajasthan, l’effrayante Momo aurait poussé une fillette de 10 ans à se suicider.




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Autre défi viral tout aussi énigmatique, celui de la « baleine bleue » (Blue Whale Challenge), en Russie, pays déjà connu pour son taux élevé de suicides. Selon le Sun (3 mars 2017) 130 suicides lui seraient liés. D’autres sources, comme Wired.itet La Repubblica, sont sceptiques. Psychose ou exagération médiatique, une chose est sûre : le risque d’un effet d’émulation est très élevé et réel. Comme le rappelle Annamaria Giannini, professeur à la Faculté de Médecine et de Psychologie « La Sapienza » de Rome, dans un entretien sur le site In Terris, les jeunes se livrent à des « jeux », comme boire jusqu’au coma éthylique, ou frapper au hasard une personne dans la rue (Knockout game).

Certes, poursuit-il, « arriver au suicide implique une très forte influençabilité ». Il s’agit de personnes très fragiles, et non de l’ensemble de la population des jeunes, « mais on ne peut pas l’exclure, comme on l’a vu dans des comportements vraiment particuliers, comme le balconing — qui consiste à sauter dans une piscine depuis un balcon — ou, toujours sur Internet, consommer de l’alcool jusqu’au coma éthylique — une autre forme de suicide — ni exclure d’autres comportements qui conduisent à de graves blessures.




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