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Et si la méthode des « 3E » pouvait prévenir le harcèlement scolaire ?

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Bénédicte de Dinechin - publié le 07/11/18

À l’heure où le harcèlement scolaire n’est plus un tabou et que pas un seul établissement ne semble épargné par cette violence cachée, comment protéger nos enfants ? Et parce que les harceleurs ne sont pas que les enfants des autres, comment les aider à devenir respectueux d’eux-même et bons pour leurs camarades ?

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Un enfant sur dix est victime de harcèlement scolaire, et si les établissements redoublent d’effort pour la détecter, la meilleure prévention passe, pour Catherine Verdier, auteur de #J’aime les autres, aux éditions du Rocher, par la formation des enfants : leur apprendre à nommer leurs émotions, renforcer leur estime d’eux et développer l’empathie, ce qu’elle appelle la méthode des « 3E ».  Car selon elle, un enfant qui sait exprimer ses émotions, qui manifeste de l’empathie et qui a une bonne estime de soi aura moins de risques d’être victimisé, et respectera les autres.




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Cette formation aux 3E existe déjà en entreprise, sous le nom d’intelligence émotionnelle ou de « soft skills ». Ces trois E, émotion, estime de soi et empathie, changent en réalité toute forme de relation, également dans la vie relationnelle et conjugale, et s’enseignent dès le plus jeune âge dans certaines écoles. Ainsi cette école primaire des Yvelines qui forme ses enseignantes à l’estime de soi pour qu’elles puissent faciliter entre les élèves un climat de bienveillance, ou encore permettre à chacun de dire, par exemple avec un émoticône coloré, sa « météo intérieure ». Un bon moyen pour leur institutrice de savoir comment va un enfant et de lui permettre de le verbaliser sans que son souci ne se traduise en agressivité sur ses camarades de classe.

S’il ne semble pas facile de faire découvrir à son enfant des notions que l’on ne possède pas (encore), leur découverte est l’opportunité de penser et de vivre autrement en famille. Ainsi Julien et Christine ont affiché sur leur réfrigérateur des listes d’émotions et de sentiments, et s’efforcent de varier leur vocabulaire en y recourant régulièrement. Quand le sempiternel  » j’en ai marre » devient « je suis inquiète » ou « je me sens perdu », ils se réjouissent d’arriver à mieux se dire et à désamorcer une violence due souvent à la frustration de ne pas savoir expliquer une difficulté.


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Anne, élevant seule ses garçons, leur a proposé, suite à un rendez-vous de thérapie familiale, « le jeu du décodeur » aux règles simples : quand un membre de la famille est énervé et s’emporte, il s’agit de détecter et nommer son besoin non satisfait. Une règle que cette maman psychologue a mis en place, épuisée par les conflits avec sa tribu d’ados, pour découvrir avec émotion que c’est elle qui en a été la première bénéficiaire : un soir qu’elle s’était bien mise en colère et avait traité ses fils de tous les noms, l’un deux lui dit tout simplement, « tu as l’air d’être exaspérée de ta journée », ce qui, une fois les larmes d’émotion passées, permit un échange en profondeur.

Nommer ses émotions

Contrairement à certaines croyances, une émotion n’est ni bonne ni mauvaise, et nommer sa colère n’augmente pas la violence mais peut au contraire la désamorcer. Une émotion nommée avec justesse fait souvent place à une autre, plus précise, qui permet de se connaître, et de mieux savoir se connecter à ses besoins non satisfaits. Encore faut-il pour cela un peu de vocabulaire et donner envie aux enfants de coopérer avec des supports adaptés à leur âge. Les éditions Nathan ont édité pour les parents de jeunes enfants J’accueille mes émotions, un livre qui permet de comprendre ce que l’on éprouve en associant un animal à chaque émotion fondamentale — joie, tristesse, colère, peur, dégoût — et en proposant une activité à faire à plusieurs. Idéal pour progresser à deux.




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En version adultes ou enfants, la roue des émotions, conçue par trois thérapeutes, permet à chaque enfant de partir de ce qu’il éprouve pour nommer un sentiment ou une émotion et trouver le besoin qui est ainsi révélé. Dans ce registre, des outils ludiques sont proposés par Lautrementdit.net. Une idée à télécharger aussi gratuitement sur et coolparentsmakehappykids.fr. Comme le souligne Catherine Verdier, « un enfant à l’aise avec le monde émotionnel a plus de chances de s’affirmer, de ressentir bonheur et satisfaction, d’avoir des succès scolaires et une meilleure santé physique et mentale. »

Manifester de l’empathie

Contrairement à une définition trop répandue, l’empathie n’est pas se mettre à la place de l’autre. Ce serait nier l’unicité de la personne et projeter sur lui ce que nous ressentons. L’empathie est une tentative de rejoindre l’autre dans ses émotions, sans conseil ni jugement, en l’aidant à se dire plutôt que de raconter les faits. Compliqué ? Pas vraiment, mais parfois frustrant face à la tentation de consoler, poser des questions, consoler ou trouver une solution concrète.

Il n’est pas nécessaire d’avoir un doctorat en psychologie pour, quand son enfant raconte un fait, l’aider à s’exprimer. « Ça t’a fait quoi ? », la question qui ouvre la porte de la connexion aux émotions et permet de comprendre ses besoins. Il n’a pas eu de voisin de cantine à midi ? Avant de s’alarmer, de projeter son inquiétude de parents, essayez vous à l’empathie : lui seul sait ce qu’il a éprouvé, peut-être de la tristesse, mais pourquoi pas du soulagement de déjeuner au calme ?

Augmenter son estime de soi

Enfin, une haute estime de soi est un vrai socle pour s’affirmer et se faire respecter. Confondue à tort avec de la suffisance ou de l’orgueil, l’estime de soi permet au contraire… d’aimer son prochain comme soi-même. Comment aider son enfant à grandir dans son estime de lui et à ainsi se faire respecter en classe ? Jean Monbourquette, un psychologue canadien, propose aux parents deux directions :

– des compliments et des félicitations pour ses progrès et succès d’une part,
– des marques d’affection inconditionnelles pour sa personne d’autre part. Ainsi les deux piliers d’une estime de soi,  » je suis aimable » et « je suis capable » se mettront progressivement en place.

Une pédagogie concrète à s’appliquer d’abord à soi-même, à l’aide de nombreuses stratégies détaillées dans Stratégies pour développer l’estime de soi et du Soi aux Editions Bayard. Si vous préférez un ouvrage familial et ludique, Corinne Roehrig détaille dans Aider son enfant à développer sa confiance en lui (éditions Larousse) 26 situations courantes pour réagir positivement afin de rassurer et encourager son enfant avec des solutions concrètes et ludiques à faire ensemble.




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En somme, développer l’intelligence émotionnelle de son enfant  est un défi à relever en famille dont les bienfaits iront bien au-delà d’une scolarité apaisée. Nommer ses émotions, développer son empathie et grandir dans l’estime de soi sont aussi le socle d’une vie relationnelle harmonieuse et  d’une juste affirmation de soi, aide inestimable dans la sphère familiale ou professionnelle.

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ÉcoleÉducationharcèlementJeunesParents
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