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Les grands théologiens du XXe siècle : Joseph Ratzinger (6/6)

Cardinal Joseph Ratzinger

Grzegorz Jakubowski/GettyImages

Jean Duchesne - publié le 31/05/20

Joseph Ratzinger, le pape émérite Benoît XVI, restera comme un maître de la réforme de l’Église et du renouveau de la théologie dans le retour aux sources de l’Écriture et des Pères de l’Église. Intellectuel infiniment respectueux de toute recherche vers la vérité, il se distingue par son immense culture et la rigueur de la pensée, qui en font également un penseur lumineux du relativisme de la Modernité.

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Déjà théologien de haut vol avant d’être cardinal-archevêque de Munich sous Paul VI, puis gardien à Rome de la discipline de l’intelligence et des mœurs sous Jean Paul II, Joseph Ratzinger l’est resté en devenant le pape Benoît XVI et même après sa renonciation.

Une vie

D’une famille bavaroise profondément croyante et rebelle au nazisme, Joseph Ratzinger naquit en 1927. Il entre au séminaire de Munich en 1945 et, déjà musicien, se passionne pour la littérature et la philosophie en plus de la théologie. Ordonné prêtre en 1951, il poursuit ses études. Sa première thèse porte sur saint Augustin, le principal Père de l’Église latine. Sa seconde thèse (dite d’habilitation) est centrée sur saint Bonaventure (grand théologien franciscain du XIIIe siècle, plus mystique et moins rationnel que son contemporain dominicain saint Thomas d’Aquin) et lui vaut quelques ennuis car non conforme au thomisme néo-scolastique qui prévaut à l’époque.

Le cardinal Ratzinger est appelé par Jean Paul II en 1981 à prendre la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Cette fonction lui vaut une réputation de censeur rigide, mais ne l’empêche pas d’être élu pour prendre la suite de Jean Paul II en 2005.

Il est néanmoins admis à enseigner et participe comme expert à Vatican II (1962-1965). Il conçoit l’aggiornamento nécessaire comme un retour aux sources de l’Écriture et des Pères de l’Église, une redécouverte du sens de la liturgie et une réforme des méthodes du Saint-Office (descendant de l’Inquisition chargée de pourchasser les hérésies), afin que les efforts d’approfondissement de la pensée chrétienne ne soient plus systématiquement réprimés. En même temps, il dénonce le marxisme comme un messianisme rendu tyrannique par un athéisme où une « science » déjà dépassée remplace Dieu et confère un pouvoir absolu. Alarmé par les interprétations du concile dans le sens d’un libéralisme relativiste, il passe en 1969 de Tübingen, où l’a accueilli le théologien pas encore ouvertement contestataire Hans Küng, à Ratisbonne. Il quitte aussi la revue Concilium pour s’associer en 1972 à Communio, où les PP. von Balthasar, Daniélou et de Lubac voient Vatican II inviter à un ressourcement et non à une rupture avec le passé.

Nommé archevêque de Munich en 1977 et cardinal l’année suivante, il est appelé par Jean Paul II en 1981 à prendre la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi qui a, comme il l’avait souhaité, succédé au Saint-Office. À ce titre, il est amené à des clarifications toujours argumentées et après dialogue sur des hypothèses théologiques qui s’avèrent ne pas pouvoir être proposées à tous dans l’Église. Cette fonction lui vaut une réputation de censeur rigide, mais ne l’empêche pas d’être rapidement élu pour prendre la suite de Jean Paul II en 2005. Conscient de son affaiblissement dû à l’âge, il renonce à sa charge en 2013.

L’œuvre

Les travaux de Joseph Ratzinger ont deux mérites : d’une part l’ampleur de l’information dont ils tirent parti et qui est puisée aussi bien dans la culture profane que dans la Tradition et l’histoire de l’Église ; d’autre part la rigueur de la pensée et des formulations.

Dans son abondante production des lignes de force apparaissent. La première est la primauté reconnue à la Parole de Dieu comme à la fois la source et le juge de toute conceptualisation théologique…

Dans son abondante production (plus de cinquante livres, dont plusieurs en collaboration suite à des débats publics, sans compter quantité de notes et d’articles), des lignes de force apparaissent. La première est la primauté reconnue à la Parole de Dieu comme à la fois la source et le juge de toute conceptualisation théologique, permettant ou non d’en faire une doctrine ou simplement une hypothèse possible. L’Écriture telle qu’elle est transmise par l’Esprit Saint dans la Tradition de l’Église ne doit pas servir à justifier des spéculations, car elle les précède comme normative. Il s’ensuit qu’aucun système d’école n’a de monopole ni n’est à rejeter a priori. C’est ce qui ressort de plusieurs traités (1966, 1973, 1982) sur la nature des dogmes et les principes de la théologie catholique. Le premier champ d’application est bien sûr Le Dieu (trinitaire) de Jésus-Christ (1976). Benoît XVI a parachevé la christologie de Joseph Ratzinger avec les trois volumes de Jésus de Nazareth (2007-2012), publiés en tant que théologien, et non que pape.

Son Introduction au christianisme est devenue un manuel classique dans les facultés allemandes de théologie. Ses trois grandes encycliques ont été saluées comme des synthèses de l’essentiel de la foi. 

L’Église a fait l’objet de plusieurs publications, notamment Le nouveau Peuple de Dieu (1969), Appelés à la communion (1991), L’Église comme communion (2002). Le cardinal Ratzinger s’est attaché à souligner l’importance et les exigences des célébrations, notamment dans L’Esprit de la liturgie (2000). Il est aussi intervenu régulièrement sur la transmission de la foi dans des réflexions sur la catéchèse (1983, 1995, 2008). On trouve encore des livres de lui sur la morale chrétienne (1975), la Vierge Marie (1978), les sacrements (1979), l’œcuménisme (1987), la Création et la Chute (1986), l’Europe (1991), le mystère d’Israël (1998), les « valeurs » du libéralisme et du pluralisme (1988, 1993, 2003)… Son Introduction au christianisme (1968) est devenue un manuel classique dans les facultés allemandes de théologie. Ses trois grandes encycliques : Dieu est amour (Deus caritas est, 2006), Sauvés dans l’espérance (Spe salvi, 2007) et L’Amour dans la vérité (Caritas in veritate, 2009) ont été saluées comme des synthèses de l’essentiel de la foi. 

À lire

Les œuvres complètes du théologien-pape, rédigées en fonction des obligations de ses charges successives et de tous les dialogues auxquels il ne s’est jamais dérobé, sont en cours d’édition sous la direction du cardinal Ludwig Müller, son successeur à la Congrégation pour la doctrine de la foi, et publiées progressivement en français chez Parole et Silence. Pour une première approche, on peut prendre deux livres de réponses des journalistes : Entretiens sur la foi (1985) et Voici quel est notre Dieu (2001). Parmi les nombreux petits recueils fabriqués à partir de textes divers après son élection ou sa renonciation, on peut recommander La Foi chrétienne hier et aujourd’hui (2013, en poche chez Saint-Léger Productions). 




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Tags:
Pape Benoît XVIThéologie
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