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Comment faire la différence entre chamailleries et harcèlement scolaire ?

CHILD BULLIED

Stefanolunard I Shutterstock

Claire de Campeau - publié le 14/03/21

Avant l’entrée à l’école, la cellule familiale demeure un cocon pour l’enfant. Avec l’arrivée des premiers copains, arrivent logiquement les premières disputes, railleries et autres expériences plus négatives. Comment faire la différence entre des chamailleries d’enfants et le harcèlement scolaire ? Quelques pistes pour faire la différence.

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Deux attitudes sont à distinguer : harceler et embêter son camarade. Harceler induit une notion de soumission : « Soumettre quelqu’un à d’incessantes petites attaques, à des critiques, des demandes, à de continuelles pressions et sollicitations », définit le Larousse. Embêter n’implique pas cette relation de domination mais signifie : « Causer des ennuis, des soucis, de la contrariété à quelqu’un, taquiner quelqu’un ». La notion de harcèlement scolaire a pris de l’ampleur en France depuis la fin des années 1990. En 1999, l’équipe de recherche de Debardieux met en exergue deux caractéristiques du harcèlement : la répétitivité et la prévisibilité (Les violences en milieu scolaire, Debardieux, 1999). Ces mêmes critères sont repris sur le site de l’Education Nationale : « Le harcèlement se définit comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique. Cette violence se retrouve aussi au sein de l’école. Elle est le fait d’un ou de plusieurs élèves à l’encontre d’une victime qui ne peut se défendre. Lorsqu’un enfant est insulté, menacé, battu, bousculé ou reçoit des messages injurieux à répétition, on parle donc de harcèlement. »

Le harcèlement induit une relation entre pairs violente, qui se répète et qui amène à un isolement progressif de la victime. Cette violence peut être physique, psychologique ou les deux à la fois. La victime se retrouve isolée, dans l’incapacité de se défendre. Le harcèlement prend sa source sur le rejet de l’autre en raison de ses différences. Une stigmatisation de certaines caractéristiques, telles que : le physique, un handicap, un milieu social, une identité de genre…

Distinguer disputes entre pairs et harcèlement

Quand un enfant se confie sur des ennuis à l’école, comment réagir et comment évaluer la gravité de la situation ?

La fréquence des ennuis

ANXIETY
Sharomka | Shutterstock

Toute personne ayant fréquenté les bancs d’une école sait à quel point les enfants peuvent être cruels entre eux. Un enfant qui reçoit une critique d’un camarade d’école peut revenir fortement embêté à l’école et dans un état tel que n’importe quel parent se ferait du souci. Selon sa sensibilité, un enfant réagira plus ou moins fortement à une pique lancée et le fait de retrouver ses parents lui permettra de lâcher les vannes. La régularité de retours sombres d’un enfant peut être un indice révélateur de harcèlement : une fois ponctuellement, il arrive à tout le monde – enfant comme adulte – de passer une mauvaise journée, quand c’est tous les soirs il y a lieu de s’interroger.

La teneur des propos

Une dispute, une réflexion mal placée diffèrent d’une humiliation, une volonté de dégrader l’intégrité d’une personne. Lorsqu’un enfant se confie sur ce qui se passe à l’école, il peut être judicieux de l’interroger sur ce qu’il a entendu de négatif et sur les raisons de sa peine ou de sa colère. Des railleries sur le physique de l’enfant ou encore sur sa situation sociale ou familiale relèvent de points sur lesquels l’enfant n’a que peu de pouvoir. Des moqueries cherchant à le diminuer dans son intégrité peuvent causer beaucoup de dégâts sur sa construction personnelle et son estime de soi. A contrario, des chamailleries d’enfants autour d’un jeu, un enfant qui nargue l’autre après avoir gagné, ou un groupe d’enfants ne souhaitant pas inclure l’un ou l’autre enfant dans leur partie de foot à la récréation restent des comportements propres à tous les groupes d’individus et ne devant pas susciter trop d’inquiétudes chez les parents.

La sensibilité de l’enfant

Étrangement, un enfant qui va être harcelé à l’école, de manière régulière et violente, aura de manière générale tendance à feindre que tout va bien, une fois rentré à la maison. Il pourra néanmoins adopter des comportements inhabituels, se montrer agressif envers ses frères et sœurs, provocateurs à l’égard de ses parents. A l’inverse, un enfant pourra être plus fortement impacté que d’autres par la dureté des relations enfantines dites « normales » et avoir besoin de relâcher la pression une fois la porte de la maison franchie, sans pour autant être victime d’un harcèlement et sans être toujours dans le rôle de la victime. Entre ces deux affirmations se situent une multitude de situations diverses et de sensibilités différentes. Connaître le tempérament de son enfant peut permettre de mieux appréhender les propos et les émotions qui jaillissent au retour à la maison. Certains enfants vont avoir besoin davantage de conseils pour répondre à des moqueries, d’autres auront besoin de sortir la colère qu’ils ont réussi à contenir en milieu scolaire, d’autres encore souhaiteront obtenir douceur et réconfort en racontant leurs petits soucis de la journée.

Quel comportement adéquat tenir en tant que parents ?

La disponibilité et l’écoute des parents se révèlent essentielles pour discerner un éventuel harcèlement scolaire. Au-delà de son comportement à la maison, ses résultats scolaires sont à surveiller. Un enfant harcelé peut se comporter très différemment brusquement : vol d’argent (pour le donner à ses agresseurs), insultes envers les frères et sœurs (insultes subies qui rejaillissent), résultats scolaires qui dégringolent (épuisement moral de l’enfant).

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© fizkes

Un enfant qui s’est disputé à l’école avec un autre enfant aura eu tendance à réagir directement et à ne pas entrer en sidération, la violence n’étant pas la même. Si l’enfant observe une réaction importante des parents devant le souci qu’il raconte, il pourra prendre l’habitude d’attirer leur attention en ne leur racontant que les épisodes négatifs de la journée. Dès lors, il s’agit d’être vigilant en tant que parent à ne pas surréagir face aux propos de l’enfant et prendre le temps de faire retomber sa colère, sa tristesse, pour voir ce qu’il en reste. D’un autre côté, le manque de considération des ennuis d’un enfant peut entraîner des conséquences dramatiques et un enfermement de l’enfant sur lui-même et sur ses soucis. Marie-Cécile raconte comme « en primaire, plusieurs bandes d’enfants me frappaient et me volaient mes affaires parce que j’étais habillée de vêtements de seconde main… Je l’ai raconté à ma mère qui m’a dit de me « défendre » : facile à un contre six ou sept… J’ai fini aux urgences car des enfants avaient joué à me piquer les yeux avec des feutres à pointe dure « pour voir ce que ça faisait ». A force de ne pas être prise au sérieux j’avais fini par tout garder pour moi et c’est ça le plus grave. ». Comme souvent, un juste milieu est nécessaire : une écoute empathique, des conseils, une parole rassurante. Un enfant qui se sait pris en compte dans ses souffrances ne les dissimulera ni ne les exagérera.


CHILD BULLIED

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En tant que parent il est donc nécessaire de prendre du recul sur les difficultés d’ordre social rencontrées par nos enfants à l’école : les disputes entre enfants existeront toujours et n’impliquent pas automatiquement un problème grave sous-jacent. En cas de difficulté à saisir la gravité de la situation, un rendez-vous avec le corps professoral peut être très utile et permettre d’avoir un regard extérieur sur la situation. Blandine en témoigne : « Mon fils me parlait tous les jours en sortant de l’école des méchancetés qu’il subissait de la part d’un camarade à l’école. En discutant avec sa maîtresse, j’ai appris que ce petit garçon voulait en réalité devenir son ami. J’ai donné des conseils à mon fils et la maîtresse a gardé un œil sur eux jusqu’à ce que la situation s’apaise. »

Que son mal-être vienne de difficultés sociales ou d’un réel harcèlement, un enfant revenant sombre de l’école a besoin d’évacuer le stress de sa journée et de communiquer avec sa famille. Les émotions de nos enfants sont à accueillir, ce sont les leurs et pas les nôtres et en tant que parent il semble nécessaire de ne pas prendre pour notre leurs émotions mais bien de leur donner les clés pour s’en sortir. Faire parler un enfant ou un adolescent au maximum sur ce qu’il a vécu et sur ce qu’il a ressenti permet de prendre le recul nécessaire pour analyser la situation la tête froide. Le défi étant pour eux de ne pas s’ancrer dans un rôle de bouc-émissaire, ne pas hésiter à demander de l’aide et à réagir de façon concrète et immédiate pour éviter de basculer dans des situations complexes de véritable harcèlement.


ENFANTS HARCELANTS UNE PETITE FILLE

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Tags:
ÉcoleEnfantsharcèlement
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