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Parent militaire : comment parler de son métier à son enfant ?

militaire avec son enfant

© dimid_86 - shutterstock

Claire de Campeau - publié le 13/07/21

Tandis que 5.000 militaires se préparent à défiler sur les Champs Élysées ce 14 juillet 2021, Aleteia revient sur la difficulté d’évoquer l’engagement dans l’armée avec son enfant. Faut-il parler des risques du métier ? Édulcorer le quotidien ? Quels outils pour garder le lien?

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Si le danger du métier peut difficilement être dissimulé aux enfants, des mots adaptés à leur âge peuvent être choisis. Marie-Armelle, mariée à un gendarme mobile, vit en caserne avec leurs quatre enfants et n’a jamais eu l’intention de leur dissimuler les blessures ou les accidents qui ont pu avoir lieu lors des interventions. Si elle ne nie pas les risques du métier et en parle naturellement avec eux, elle s’abstient en revanche de parler de risques mortels. 

Elise et Florian, chef d’escadron en gendarmerie, ont fait le choix de ne pas parler du tout des risques à leurs enfants, encore petits : « Je pense qu’il ne faut pas leur expliquer avant la préadolescence, ou avant qu’ils ne posent eux-mêmes des questions. Je préfère axer mes explications sur le fait que leur papa protège la population et a toute la formation et les outils nécessaires pour assurer sa propre sécurité à lui. » Leur définition du métier reste pour le moment très manichéenne : « papa protège les gens des méchants ». Le sens de l’engagement est fondamental à mettre en lumière pour le jeune ménage : « Cela permet de souligner le sens du devoir et le don de soi. ».

Les enfants qui voient leur parent rapporter des armes à la maison ne restent pas dupes longtemps et des angoisses peuvent naître face à une profession de tous les dangers : « Mon aîné demande souvent à mon mari s’il a déjà tué quelqu’un, explique Marie-Armelle. C’est quelque chose qui a l’air de l’angoisser. Mon mari rentre à la maison avec son arme donc ils ont régulièrement des piqûres de rappel sur le danger qu’elle représente. » 

Une adaptation au quotidien 

L’absence, même prévue et explicable, reste difficile à vivre au sein d’un foyer. L’enfant qui se construit avec des rituels et à l’aide de repères peut être déstabilisé par ce rythme familial qui change tout le temps, une alternance permanente entre la présence et l’absence. Marie-Armelle et Elise n’hésitent pas à lire à leurs enfants des histoires leur permettant de mieux comprendre le métier de leur père : « Comprendre ce que font les gendarmes permet qu’ils ne s’inventent pas des histoires et donc idéalisent ou s’angoissent », argumente Élise. 

Des calendriers sur lesquels la famille peut compter les jours entre deux missions, deux retours du père ou de la mère de famille absent, peuvent être un outil concret et rassurant. Pour les plus jeunes, il peut se révéler être un peu démoralisant, souligne Marie, dont l’aîné a cinq ans, leur notion du temps étant encore toute relative. Cette dernière ne manque cependant pas d’idées pour faire passer le temps avec douceur à ses enfants : « Pour la dernière opex, j’avais imprimé et plastifié pour chaque enfant deux photos : une de leur papa en treillis, l’autre de l’enfant avec son papa. Ils dormaient avec toutes les nuits. Aussi, chaque week-end d’opex, nous marquons un peu le coup avec une activité un peu chouette et un bon dessert chez le pâtissier. Et surtout, je leur dis et répète que Papa est parti pour le travail, pas à cause d’eux, et qu’il les aime très fort. Et lui, de son côté, enregistre des petites vidéos ou il leur explique sur place comment est sa chambre, son coin de tente, son bureau, l’infirmerie, le camp, etc. et les enfants les réclament en boucle ! ». 

Un quotidien ordinaire s’organise, avec patience et tendresse, autour d’un métier au rythme et aux enjeux extraordinaires. 

Des inquiétudes mises en sourdine

Si les inquiétudes de « celui qui reste » sont légitimes et normales, ces dernières peuvent être délicates à gérer devant les enfants, selon leur âge et leur sensibilité. Marie-Armelle se souvient de ce Noël 2019 : « Nous avons vécu une seule opex dangereuse, j’ai eu beaucoup de mal à garder mon sang-froid pendant quelques jours très stressants, j’ai eu très peu de nouvelles et le peu que j’ai eu n’était pas rassurant. Mes enfants avaient tous moins de cinq ans, je n’ai pas voulu leur en parler et j’ai rejoint ma famille plus tôt que prévu. »

Si un discours clair et honnête est important à avoir, il n’est pas forcément judicieux de tout expliquer trop vite à un enfant. Quel intérêt aurait-il à porter alors une angoisse de mort au quotidien, à chaque départ de son père ou de sa mère ?

Une admiration qui console de l’absence 

Si un point commun devait réunir les enfants de militaires, cela pourrait être l’admiration sans bornes que ces derniers vouent à leur parent. Marie-Armelle témoigne : « Mes enfants sont totalement admiratifs du métier de leur père, les deux aînés veulent être gendarmes eux aussi, ils sont passionnés par les livres qui expliquent ce métier, par l’uniforme et par les véhicules. C’est un monde auquel ils se sentent appartenir depuis leur naissance puisque nous vivons en caserne. » Le côté « Papa super-héros » fascine également les enfants de Marie, épouse d’un médecin militaire. Cet aspect extraordinaire du métier, ce papa qui sauve les soldats, permet selon la jeune mère de famille « de faire un peu mieux passer la pilule des absences » auprès des enfants. 

Conseils de lectures

« Ces livres sont de vrais trésors chez nous, on ne les sort que pendant les absences pour les abimer le moins possible », confie Marie-Armelle.

Loin de moi, avec moi ! papa est militaire, de Valentine Pottier et Marguerite Le Bouteiller, aux éditions Prividef. 

Alfred et Helmut, de M. Tiberghien, Eudoxie et Camille Scelles, aux éditions Le Vrai Paulus.

L’armée, d’Alexia Delrieu et Sophie de Menthon, aux éditions Gallimard Jeunesse.

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