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Covid-19 : la vaccination des enfants, sujet à haute tension dans le couple

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Eliot BLONDET / POOL / AFP

Mathilde de Robien - publié le 11/01/22

Depuis le 22 décembre, la vaccination contre le Covid-19 est ouverte aux enfants de 5 à 11 ans. Un sujet clivant au sein de la société, mais aussi dans certains couples.

« Je reçois des couples qui s’écharpent pour des miettes sur la table, alors quand il s’agit de la vaccination de leurs enfants, la tension est à son comble », confie à Aleteia Claire Chavanes, thérapeute de couple Imago à Angers. La campagne de vaccination des enfants, ouverte depuis le 15 juin aux 12-17 ans et depuis le 22 décembre aux 5-11 ans, fait naître au sein des couples un sujet de discussion virant parfois au conflit. Depuis quelques mois, la conseillère conjugale et familiale a accompagné de nombreux couples dans leur processus de décision. « Les conflits à propos de la vaccination contre le Covid révèlent bien souvent un déséquilibre dans le couple plus profond et antérieur à la question du vaccin : une mauvaise communication, des prises de décision unilatérales, une tendance à remettre à plus tard… » Autant de dysfonctionnements qui rejaillissent lorsqu’un couple doit prendre une décision importante. L’essentiel, explique Claire Chavanes, est « d’être capable d’aller dans le monde de l’autre, de le rejoindre dans ses ressentis, ses arguments, afin qu’il se sente entendu et compris et de pouvoir ensuite prendre une décision commune ».

Depuis le 6 janvier, l’accord des deux parents, et non plus d’un seul, est d’ailleurs nécessaire pour vacciner les enfants de 5 à 11 ans contre le Covid-19. Pour les enfants de 12 à 15 ans, l’accord d’un seul parent continue à suffire. En revanche, les adolescents de 16 ans et plus peuvent se faire vacciner sans accord parental.

Pierre est furieux contre sa femme. Il a appris à Noël, au détour d’une conversation familiale, que sa fille de 13 ans était vaccinée contre le Covid-19. Sa femme n’avait pas jugé bon de lui en parler. « Elle s’est défendue en disant que depuis que les enfants sont tout petits, c’est elle qui gère l’aspect médical et qu’elle ne voit pas où est le problème, la vaccination étant recommandée par les autorités sanitaires. Je suis dévasté, d’une part parce que je ne suis pas convaincu de l’intérêt du vaccin pour les enfants, d’autre part par sa manière de fonctionner ! Je n’ai plus confiance, je me demande maintenant tout ce qu’elle a fait dans mon dos ! » Une prise de décision faite de manière unilatérale, alors qu’elle concerne les deux parents, place effectivement le conjoint lésé dans une situation d’insécurité.

Chez d’autres, la répartition des rôles est actée et assumée. C’est le cas d’Inès qui « porte » les décisions ayant trait à la santé, sans pour autant écarter son conjoint. « Pour la vaccination et toutes les maladies des enfants, c’est moi qui ai le dernier mot. Mon mari voit bien que je fouille assez pour me faire une idée, et même s’il n’approuve pas ma position vaccino-sceptique en général, il me fait confiance car c’est moi qui gère entièrement la bobologie au quotidien. Ceci étant, nous prenons le temps d’en discuter. La coqueluche en 2019 et le Covid en 2020 nous ont permis de revenir sur le sujet des vaccins et d’évaluer à chaque fois la balance bénéfices-risques. » La question du vaccin permet d’éclairer comment fonctionne le couple : qui décide ? à la lumière de quoi ? qui assume la responsabilité d’une décision ? Autant de questionnements qui permettent de retravailler la relation conjugale, et d’apporter éventuellement un nouvel équilibre afin que chaque conjoint puisse se sentir et se considérer comme co-responsable des décisions.

On peut avoir des ressentis, des arguments différents de ceux de son conjoint, mais pour arriver à prendre une décision commune, il est essentiel de faire l’effort d’aller dans le monde de l’autre, pour que ce dernier se sente rejoint et compris.

Chez les parents divorcés ou séparés, le conflit est accentué par le fait que dès 12 ans, l’accord d’un seul parent suffit. Une aberration pour Anne-Sophie : « Lorsque les deux parents ont tous deux l’autorité parentale, tout doit être validé par l’autre parent, sur des points parfois mineurs. En revanche, ce partage de l’autorité parentale a tout simplement été supprimé par le gouvernement pour la vaccination des enfants. » Elle-même doublement vaccinée, elle se posait cependant la question de faire vacciner son aîné de 13 ans. « J’avais besoin d’un peu de temps pour y réfléchir et avais prévenu son père de mes doutes et questionnements. Je l’ai récupéré à l’issue de ses vacances avec ce dernier avec la première dose… ».

Une bonne communication, un préalable à toute décision

Gabrielle, 46 ans, est mariée et mère de deux enfants de 12 et 18 ans. « Pour mon mari, qui travaille dans un CHU et voit passer toutes les maladies possibles et inimaginables, le vaccin est une évidence. Mais moi, j’étais plutôt méfiante vis-à-vis de ce vaccin, mis très rapidement sur le marché et pour lequel nous avons que très peu de recul. J’ai eu droit à des cours magistraux sur ledit vaccin. Nous nous sommes disputés, j’ai pleuré… et j’ai cédé. Résultat, nous sommes tous vaccinés. J’ai fini par accepter pour protéger mes enfants, les enfants que je garde – je suis assistante maternelle, – et les plus fragiles des formes graves. »

« On peut avoir des ressentis, des arguments différents de ceux de son conjoint, mais pour arriver à prendre une décision commune, il est essentiel de faire l’effort d’aller dans le monde de l’autre, pour que ce dernier se sente rejoint et compris », assure la conseillère conjugale. Certains restent campés sur leur position et la discussion ne peut avoir lieu, ou alors elle donne lieu à des crispations de part et d’autre. Au contraire, pour avoir un vrai échange, il est nécessaire « de baisser les armes, de se détacher de soi pour comprendre l’autre, par amour, par curiosité, de montrer de l’empathie ». Dire « je comprends que tu puisses ressentir de l’angoisse à l’idée de faire vacciner/ne pas faire vacciner notre enfant » est une étape indispensable pour pouvoir accoucher d’une troisième voix commune ou trouver un compromis.

Sujet reporté… mais pas réglé pour autant

D’autres couples, sachant le conflit inévitable, évitent d’aborder le sujet. « Le sujet est tabou, on n’en parle pas », « pour les enfants, je temporise » témoigne Victoria, défavorable au vaccin. Chez Charlotte, le Covid a finalement eu raison de leurs interminables discussions : « Nous avons une fille asthmatique sévère. Mon mari voulait absolument la vacciner ! J’étais contre… Finalement nous avons tous contracté le Covid… Plus besoin de vacciner les enfants ! Discussions écartées… Pour combien de temps ?! », se demande-t-elle.

L’inquiétude demeure quant à l’évolution de l’obligation vaccinale pour les enfants. « Tant que le vaccin n’est pas obligatoire, nous avons décidé de ne pas faire vacciner nos filles », confie Christelle, maman de trois enfants entre 6 et 12 ans. « Mais je sais que la tension va monter d’un cran dans notre couple si elles ont besoin d’un pass vaccinal pour leurs activités ou pire pour l’école ! Je suis totalement opposée au vaccin, à cause des effets secondaires non connus sur la fertilité. Il est hors de question que je prenne un tel risque pour mes filles. Je préfère faire l’école à la maison ou restreindre leurs activités sportives plutôt que de prendre un si grand risque pour leur vie future. Mais mon mari me traite d’extrémiste, et préfère qu’elles vivent leur vie plutôt qu’elles se la pourrissent avec mes angoisses infondées. » Un sujet qui n’est pas près d’être clos.

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