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Tournons-nous vers Marie, la Fleur du mois de mai

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Julian Kumar I Godong

Vierge à l'enfant, tableau du XVIIe siècle.

Jean-François Thomas, sj - publié le 30/04/22

Si l’âme n’est pas en paix, comme dans les temps troublés, il suffit de se tourner vers la mère de Jésus. Le mois de mai est celui durant lequel, de façon privilégiée, nous pouvons installer notre demeure dans le Cœur de Marie.

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Plutôt que de suivre l’invitation du monde à nous préoccuper sans cesse de soucis qui, dans une perspective eschatologique, sont très relatifs, le chrétien aurait tout intérêt à se souvenir que Dieu « a renversé les puissants de leur trône et a élevé les humbles. » (Lc 1, 52) Cela remet à sa juste place ce qui provoque les passions, l’enthousiasme et la violence dans les confrontations et les manipulations politiques. Le chrétien doit plutôt fixer son regard, en ce mois de mai, sur la Fleur qui l’éclaire : la Très Sainte Vierge Marie. Il suffit de La contempler comme Elle contemple. Les rumeurs et le bavardage stérile meurent à ses pieds et n’entrent point dans le Jardin clos. Le Cantique des cantiques chantait déjà cette renaissance printanière dont la Vierge est l’ornement le plus précieux : « Lève-toi, hâte-toi, mon amie, ma colombe, ma toute belle, et viens. Car déjà l’hiver est passé, la pluie est partie, elle s’est retirée. Les fleurs ont paru sur notre terre » (Ct 2, 10-12). Le « mois de Marie » est celui de l’irruption d’une nouvelle vie dans la Création, comme Celui qui est la Vie est entré dans notre monde grâce à sa Mère demeurée vierge.

Le mois de Marie

Déjà le bienheureux Henri Suso, ce mystique dominicain du XIVesiècle, avait choisi ce mois pour un renouveau de la dévotion mariale. Les catholiques, constatant que certains mois de l’année portaient des noms provenant de l’honneur des Romains envers certains personnages illustres — Junius, Julius, Augustus— voulurent ainsi couronner Celle qui est le printemps des siècles et de la grâce. Il fallut cependant attendre le XVIesiècle, avec saint Philippe Néri et saint Ignace de Loyola, pour que les dévotions, vivantes jusqu’à aujourd’hui, prennent forme. Le premier aimait regrouper, à Rome, les enfants, en ce temps qui est encore celui de la Résurrection, autour d’un autel de Marie afin qu’ils offrissent les premières fleurs et, dans le même temps, leurs actes de vertu.

Si l’âme n’est pas en paix, (…) il suffit de la tourner vers la Sainte Vierge, comme lorsque, au cœur d’un jardin où nous cherchons le repos, notre main déplace peu à peu la chaise pour suivre le mouvement du soleil et pour demeurer dans la chaleur.

Ce sera cependant surtout saint Ignace de Loyola, et ensuite toute la Compagnie de Jésus après lui, notamment dans les collèges de cet ordre religieux, qui développa les pratiques en l’honneur de la Très Sainte Vierge en ce mois privilégié. Les élèves déposaient dans une urne des billets sur lesquels ils avaient inscrit leurs efforts et leurs actes de charité. Ensuite, le tout était regroupé et consigné dans des livrets qui devenaient le « trésor de la Reine du ciel ». Un exemple célèbre est celui du Theophilus Marianus du père Giovanni Nadasi, publié à Cologne en 1664, dans lequel l’auteur ajoute des réflexions chrétiennes pour chaque jour du mois de mai. 

Une dévotion populaire

La dévotion déborde donc les congrégations mariales des établissements d’enseignement pour s’introduire dans les familles. Le père Annibal Dionisi, en 1724 à Parme, décrit dans le détail les manières de procéder pour ériger un petit autel marial et propose des « fleurs spirituelles » que chaque membre de la famille est invité à méditer. Le programme des exercices spirituels durant ce mois est chargé, véritable retraite domestique copiée sur le modèle des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, mais adaptée au rythme de vie laïque dans la cité et à tous les âges. Extraordinaire pédagogie à la lumière de la vie intérieure de la Bienheureuse Vierge Marie !

Le mois de mai est celui durant lequel, de façon privilégiée, nous pouvons installer notre demeure dans le Cœur de Marie.

En 1787, le père Muzzarelli publia à Ferrare un Mois de Marie appelé à une riche postérité car cet ouvrage de piété était adapté aux réunions publiques et il permit une évangélisation populaire profonde en ces temps qui connurent bien des troubles dans toute l’Europe avec les invasions révolutionnaires françaises puis napoléoniennes et la suppression de nombreuses communautés religieuses. Pie VII ne s’y trompa point et s’attacha ce religieux zélé à Rome où la dévotion au « mois de Marie » se développa rapidement avant d’être proposé au reste de l’Église par le même souverain pontife de retour d’exil en France comme prisonnier du Premier Empire.

Le temps de la joie

Alors que nous avons accompagné la Sainte Vierge durant toute la Passion et jusqu’à la Résurrection, nous approfondissons ainsi notre attachement envers Elle. Au pied de la Croix, nous avons vécu en communion avec sa douleur et ses souffrances unies à celles de son Fils. Selon la belle paraphrase biblique (Ps 41, 8) de Léon Bloy : « L’abîme des Larmes de Marie invoque l’abîme de nos larmes par la Voix de ses cataractes » (Celle qui pleure). Comme il fut un temps pour pleurer, voici maintenant le temps de la joie, et l’odeur du muguet et du lilas n’y est pour rien. Paul Claudel, converti par la Sainte Vierge à Notre-Dame de Paris le 25 décembre 1886 et amoureux de La Salette (Les Révélations de La Salette), écrivit un poème où il chante la douceur et la légèreté du mois de Marie : 

«La double rose incertaine
Qui s’effeuille sur la cire,
La flamme comme une haleine
Qui regarde et respire,
C’est mon âme tout entière
Pénitente et attendrie,
Qui surveille vos paupières !
Acceptez cela, Marie !
Et voici que sous le rocher,
Sous le poids de l’homme qui pèche,
Une source a recommencé
Comme une gorgée d’eau fraîche !»

(Visages radieux. Le mois de Marie, 1935) 

Si l’âme n’est pas en paix — et il existe bien des raisons d’être troublé en ces temps qui sont les nôtres, si ternes, si gris à cause des maîtres du monde — il suffit de la tourner vers la Sainte Vierge, comme lorsque, au cœur d’un jardin où nous cherchons le repos, notre main déplace peu à peu la chaise pour suivre le mouvement du soleil et pour demeurer dans la chaleur. L’effort n’est pas surhumain. Voilà pourquoi tant et tant s’accrochent à la main virginale alors qu’ils auraient peur d’approcher le Fils, certes sans raison mais intimidant tout de même puisqu’Il est du Père alors qu’Elle est de notre race, et seulement de notre chair. 

La plus grande bénédiction

Charles Péguy, chantre de la Sainte Vierge s’il en est, psalmodie à voix basse et continue, parlant des créatures : 

Une seule est pure étant charnelle.
Une seule est charnelle ensemble étant pure.
C’est pour cela que la sainte Vierge n’est pas seulement la plus grande bénédiction qui soit tombée sur la terre.
Mais la plus grande bénédiction même qui soit descendue dans toute la création.
Elle n’est pas seulement la première entre toutes les femmes.

Bénie entre toutes les femmes,

Elle n’est pas seulement la première entre toutes les créatures,
Elle est une créature unique, infiniment unique, infiniment rare.

(Le Porche du mystère de la deuxième vertu)

Le mois de mai est celui durant lequel, de façon privilégiée, nous pouvons installer notre demeure dans le Cœur de Marie, comme lorsque nous pénétrons dans l’un de ses sanctuaires dont notre pays est si riche, soudain enveloppés de silence, de paix, de pénombre et de fraîcheur, laissant à l’extérieur tout le poids du jour et des ans, tous les soucis implacables et les remords sans retour. Celle qui pleure est Celle qui accueille, Celle qui serre dans ses bras et dans les plis de son manteau de miséricorde car Elle ne veut perdre aucun de ces petits qui sont ceux de son Fils et qui donc, sont aussi les siens.

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