Au début de la célébration, le cardinal Beniamino Stella, le postulateur de la cause, a rappelé la vie du pasteur de Vénétie, décédé en 1978 après seulement 34 jours de pontificat. Puis, sous une pluie persistante qui avait forcé l’assemblée de quelques milliers de fidèles à s’armer de parapluies, le pontife argentin a proclamé Jean Paul Ier bienheureux alors que son portrait était dévoilé à l’assemblée sur la façade de la basilique Saint-Pierre.
Dans son homélie, François a rendu grâce à l’héritage laissé par son prédécesseur, celle d’”une Église au visage joyeux, serein et souriant, qui ne ferme jamais les portes, qui n’endurcit pas les cœurs, qui ne se plaint pas et qui ne nourrit pas de ressentiment, qui n’est pas en colère ni intolérante, qui n’affiche pas une mine renfrognée, qui ne souffre pas de nostalgie du passé”.
Le pape Jean Paul Ier, a continué l’évêque de Rome, a été “un pasteur doux et humble” qui a vécu “sans compromis, en aimant jusqu’à la fin”. Il a rappelé que le bienheureux, dont la devise était simplement “Humilité”, se considérait “comme la poussière sur laquelle Dieu avait daigné écrire”.
“Il a incarné la pauvreté du disciple”, a affirmé François, rendant hommage à sa capacité à “vaincre la tentation de mettre son moi au centre et chercher sa gloire”. Il l’a opposé à ceux qui en arrive “à instrumentaliser Dieu” pour leur prestige personnel.
Jean Paul Ier, anti-gourou
Le pontife a mis en garde contre certaines attitudes “mondaines” qui peuvent se cacher “derrière une apparence religieuse parfaite”. Il a notamment déploré que souvent, “dans l’émotion du moment”, on soit tenté de se confier à ceux “qui savent manœuvrer avec dextérité et ruse, en profitant des peurs de la société” et en promettant “d’être le “sauveur” qui résoudra les problèmes, alors qu’en réalité, ils veulent accroître leur popularité et leur pouvoir”.
“Le style de Dieu est différent, parce qu’il n’instrumentalise pas nos besoins, il n’utilise jamais nos faiblesses pour grandir”, a insisté François. Au contraire, il demande “que le disciple ne mette rien avant [l’]amour, pas même les affections les plus chères et les biens les plus grands”. “Le nouveau bienheureux a vécu ainsi”, a assuré le pontife.