“Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux” (Mt, 19, 24), dit Jésus aux disciples après leur avoir raconté la parabole du jeune homme riche. Le Christ n’est pas tendre avec les riches. Son emportement contre les marchands du temple le montre également. Néanmoins, rassure le Pape, “on peut être commerçant, entrepreneur, et être un disciple du Christ”. Mais cela demande certains efforts. François identifie trois conditions “pour qu’un chef d’entreprise entre dans le Royaume des Cieux”. A travers ses hôtes italiens, le Pape s’adressait “au monde des entrepreneurs” en général, qu’il a décrit comme “une composante essentielle de la construction du bien commun” et “un moteur primordial du développement et de la prospérité”.
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La condition la plus importante pour être un patron selon le cœur de Dieu est le partage. Le partage est “un autre nom pour la pauvreté évangélique”, a expliqué le Pape. “La richesse appelle la responsabilité”. Un patron doit donc la faire fructifier et agir de sorte qu’elle serve “le bien commun”.
Le partage peut être de la philanthropie, a poursuivi le Souverain Pontife, parce que cela consiste à “rendre à la communauté”. Mais il a aussi défendu l’existence dans toute société d’un “pacte fiscal” de redistribution des richesses par l’impôt et les taxes. Ceux-ci ne sont pas “une usurpation”, a-t-il insisté, rappelant qu’ils permettent de créer des “biens communs” comme les écoles ou les hôpitaux.
Le partage passe aussi par la création d’emplois, a insisté le Pape, en particulier pour les jeunes. “Les entreprises, sans les jeunes, perdent l’innovation, l’énergie, l’enthousiasme”, a-t-il insisté.
Créer du travail “génère une certaine égalité” dans les entreprises mais aussi dans la société, a-t-il affirmé. Mais pour cela “les salaires ne doivent pas être trop différents”, a-t-il poursuivi, déplorant que la “part de la valeur qui revient au travail” soit aujourd’hui “trop faible” en comparaison des “rentes financières” et des “salaires des hauts dirigeants”.
Enfin, il a appelé les patrons italiens à faire un effort “patriotique” pour favoriser un modèle social qui combatte la dénatalité. L’évêque de Rome a vivement critiqué le fait que, pour les femmes employées, “dès que tu commences à voir s’arrondir le ventre, on te met dehors”. Il a demandé aux patrons de trouver une solution pour qu’une femme enceinte et une jeune mère puisse continuer à travailler.
2Favoriser une intégration constructive
Devant ces chefs d’entreprise, François a aussi souligné le rôle clé que jouent les entreprises vis-à-vis de l’immigration en “favorisant une intégration constructive” tout en condamnant l’exploitation dont souffrent de nombreux migrants. “Si le migrant est rejeté ou simplement utilisé comme un travailleur sans droits, c’est une grande injustice et cela nuit également au pays”, a-t-il insisté.
3Ne pas oublier l’odeur du travail
“Le bon entrepreneur connaît les travailleurs parce qu’il connaît le travail”, a déclaré le pape François aux patrons d’entreprises italiennes, les enjoignant à ne pas oublier “l’odeur du travail” en cultivant la proximité avec leurs employés.
“L’une des graves crises de notre temps est la perte de contact des employeurs avec le travail : en évoluant, les chefs d’entreprise passent leur vie dans les bureaux, les réunions, les voyages, les congrès, et ne fréquentent plus les ateliers et les usines. Ils oublient “l’odeur” du travail.”
Enfin, le Pape a rappelé le lien d’interdépendance entre un chef et ses employés. “Chaque travailleur dépend de ses managers et de sa direction, mais il est également vrai que le chef d’entreprise dépend de ses employés, de leur créativité, de leur cœur et de leur âme : il dépend de leur “capital” spirituel”.