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Du Décalogue aux évangéliaires… La Parole en images

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Hemis via AFP

Moïse recevant les Tables de la Loi, Marc Chagall (1952).

Philippe-Emmanuel Krautter - publié le 15/11/22

La Bible a toujours entretenu un rapport complexe entre parole et image. Intéressons-nous aujourd’hui plus particulièrement à la place de l’image, car de l’interdiction posée par le Décalogue de l’Ancien Testament jusqu’à l’art de l’enluminure magnifié par les évangéliaires médiévaux, que de chemin parcouru…

La naissance difficile du monothéisme juif se réalise dans un environnement peuplé d’idoles et d’images des multiples autres dieux faisant jusqu’alors l’objet d’adoration sans limites. C’est afin de contrer ces dérives idolâtres — y compris au sein du judaïsme — que le Décalogue dans l’Ancien Testament pose un principe absolu et clair (Dt 5,8) :

« Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. » 

La formule lapidaire ne souffre aucune exception, y compris pour les choses terrestres et marines, le culte exclusif dédié au Dieu des Hébreux devenant ainsi la seule règle ; une règle qui s’impose en principe et qui doit prévaloir, car le Décalogue poursuit en ces termes : 

Cette exclusivité du culte divin posée par l’Ancien Testament cherche à éviter les multiples cultes aux idoles qui prévalaient à cette époque, chaque image ou objet représentant une divinité devenant lui-même un dieu vénéré si l’on pense notamment au fameux Veau d’or… La « jalousie » du Dieu unique relevée par le Décalogue s’oppose ainsi à la cohabitation des autres dieux qui prévalaient jusqu’alors, une exclusivité qui s’imposera et que cette interdiction formelle souligne. Dès lors, une conclusion s’impose : plus qu’une interdiction absolue de l’image, c’est l’idolâtrie à laquelle elle conduit inévitablement qui fait l’objet de cette prescription. Ainsi les images sculptées ou représentées  sont-elles plus particulièrement écartées en raison de la nature même du Dieu des Hébreux rappelle encore le Deutéronome  (Dt 4, 15-19) :

« Prenez bien garde à vous-mêmes : vous n’avez vu aucune forme le jour où le Seigneur vous a parlé à l’Horeb du milieu du feu. N’allez pas vous corrompre en vous fabriquant une idole, une statue de quelque forme que ce soit, représentant homme ou femme, bête qui marche sur la terre, oiseau qui vole dans le ciel, bestiole qui rampe sur le sol, poisson qui vit dans les eaux sous la terre. Prends garde lorsque tu lèves les yeux vers le ciel et que tu vois le soleil, la lune et les étoiles, toute l’armée des cieux ! Ne te laisse pas égarer, ne te prosterne pas devant eux pour les servir. Ceux-là, le Seigneur les a donnés en partage à tous les peuples qui sont sous le ciel. »

La représentation encouragée

De nombreuses inflexions à cette interdiction de l’image posée par la Bible surviendront  cependant au fil des siècles, y compris dans l’art juif si l’on pense notamment à l’artiste emblématique du XXe siècle Marc Chagall. L’art chrétien, pour sa part, acceptera très tôt l’idée même d’associer image et parole biblique avec l’art de l’icône ou encore de la mosaïque. 

Bien plus, à l’inverse du judaïsme, le catholicisme fera de l’image le vecteur essentiel d’évangélisation auprès des nombreux illettrés que comptaient ces temps reculés

Bien plus, à l’inverse du judaïsme, le catholicisme fera de l’image le vecteur essentiel d’évangélisation auprès des nombreux illettrés que comptaient ces temps reculés où la lecture était le fait d’une petite élite. Des multiples images, fresques peintes ou vitraux des églises jusqu’aux innombrables enluminures ornant les Bibles médiévales, la Parole et l’image convergent vers un seul et même but : la glorification de Dieu par la représentation. Cette fonction didactique s’éclaire ainsi dans certaines œuvres magistrales telles les fresques  de la vie de saint François à Assise en Italie ou encore les somptueuses mosaïques de la cathédrale de Monreale en Sicile narrant la vie du Christ.

À l’opposé de l’interdiction des images du judaïsme, qu’imposera également le protestantisme au XVIe siècle lors de la Réforme, l’image pour le catholicisme sert l’apprentissage de la parole biblique, tout en évitant d’encourager l’idolâtrie. C’est ce souhait, qui encore en 2022, a conduit le  Dicastère pour la communication du Saint-Siège  à faire le choix d’une heureuse initiative, initiative intitulée « Volti dei Vangeli » (Visages des Évangiles), et proposant  une série d’émissions associant homélies du pape François et Évangiles illustrés par les plus belles œuvres d’art…

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