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Douceur, silence, humilité : trois maîtres mots de la spiritualité des Mères du désert 

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Marvent / Shutterstock

Marzena Devoud - publié le 25/01/23

Contrairement aux Pères du désert, leurs homologues féminines sont injustement oubliées. Pourtant, leur sagesse reste un immense trésor à explorer. Découvrez les trois piliers de leur spiritualité.

Libres, fascinées par le Christ, aspirant à un mode de vie évangélique et attristées par leur propre petitesse… Quelques unes d’entre elles devenues célèbres pour leur grande sagesse et leur sainteté, devenant des guides spirituels pour certains et des enseignantes pour les autres. Si, depuis plusieurs décennies, l’intérêt pour la vie et l’enseignement des Pères du désert connaît une véritable renaissance, leurs homologues féminines restent toujours dans l’ombre.

Cependant, dans les imprimés anciens qui ont traversé les siècles, où on trouve des enseignements des saints Antoine le Grand, Pacôme le Grand ou Paul de Thèbes, les noms de plusieurs femmes apparaissent régulièrement. Qui sont-elles ? Visiblement, ces hommes qui, à partir du IIIe siècle avant J.-C., ont abandonné la vie séculaire pour se lancer dans la vie monastique dans des déserts d’Égypte, puis de Syrie et de Palestine n’étaient pas seuls. Comme les ermites masculins désignés par le terme hébreu abba (père), les femmes appelées amma (mère), poursuivaient à la même époque une vie monastique tout aussi radicale. Parmi elles, trois grandes figures qui, captivées par le Christ l’ont suivi, lui offrant leur vie : Synclétique, Sarra et Théodora.

On les appelle les femmes fols-en-Christ (la « folie en Christ », une voie spirituelle répandue notamment en Orient), celles qui n’ont peur de rien vivent une relation mystique de « personne à personne » avec le Christ. Selon les Mères du désert, toute la vie est une préparation à la rencontre digne avec le Christ. Pour amma Théodora il s’agit d’une attente constante du Christ et une constante conversation avec Lui. La contemplation de la croix du Christ et de ses souffrances devient alors une source de force.

La vie comme la voile en mer

En son for intérieur, dans son esprit et dans son cœur, l’homme doit entreprendre et mener un combat spirituel. Si le lieu extérieur du combat est le désert, la lutte la plus importante se déroule dans le cœur. Cette conviction des Mères du désert est exprimée par amma Théodora, quand elle compare la vie à la voile en mer :

« Avez-vous pris un bon départ ? Ne vous arrêtez pas au milieu des attaques de l’ennemi, ou votre patience sera ruinée. De plus, pour ceux qui partent en mer, ils profitent dans un premier temps d’un vent favorable et déploient leurs voiles, puis ils sont de nouveau confrontés à un vent contraire. Mais les marins n’abandonnent pas le navire à cause d’un vent accidentel. Attaqués par une tempête, ils attendent un peu et reprennent la navigation. De même, lorsqu’un vent contraire s’abat sur nous, nous devrions détacher la croix comme une voile et terminer le voyage sans crainte. Accepter les difficultés et la souffrance devient finalement le seul moyen de trouver… Dieu » (Gerontikon).

Selon elle, la lutte spirituelle, celle dans laquelle il peut y avoir à la fois des échecs et des victoires, ne peut pas être esquivée. Elle est l’essence même de l’être humain. La plus grande tentation de la vie spirituelle serait, selon les Mères du désert, de fuir la tentation, d’éviter la douleur. Le combat spirituel, bien qu’il se déroule avec une intensité qui varie dans les différents moments de la vie, est lié à une vigilance qui consiste à se tenir sans cesse sur ses gardes, à veiller sur ses pensées pour lutter contre le démon, toujours à l’affût pour les entraîner dans le péché. « Les personnes qui se sont consacrées à Dieu ne peuvent jamais se reposer sur leurs lauriers car l’ennemi, grinçant des dents, n’attend que l’occasion de les attaquer, c’est-à-dire le moment où ils font une petite sieste », explique encore amma Théodora (Meterikon 110).

Trois piliers spirituels

Quels sont alors les trois maîtres mots de la spiritualité des Mères du désert ? L’analyse des textes anciens permet d’identifier les éléments clés de leur spiritualité : la douceur, le silence et l’humilité. Elles sont la condition de survie spirituelle. Si les chemins vers leur apprentissage peuvent être très différents, un seul commandement de Dieu mène, selon elles, à la perfection :

« Le commandement de Dieu est le suivant : premièrement, la douceur ; deuxièmement, le silence ; troisièmement, la prière ; quatrièmement, la lecture ; cinquièmement, les larmes sincères ; sixièmement, le souvenir de Dieu et de la mort ; septièmement l’humilité salutaire » (Meterikon, 44).

Dans cette chronologie du travail sur soi, le silence et la douceur occupent la première place, car elles sont « l’illumination de l’âme », « la compagne qui mène à la paix de l’âme », « le repos des pensées », « la compagne des anges », « la joie de l’âme et la joie du cœur », « la sagesse ». Enfin, c’est là où « siège le Christ « .

Quant à l’humilité, « il est impossible de construire un navire si l’on n’a pas de clou, de même est-il impossible de se sauver sans l’humilité », recommandent-elles. Ou encore : « De même qu’il n’est pas possible d’être en même temps une plante et une graine, de même il est impossible, lorsque nous sommes entourés de gloire mondaine, de porter un fruit céleste. »

Cette pratique d’ascèse fondamentale, avec ses trois piliers spirituels, est en réalité le seul chemin qui mène vers son intériorité. Le seul à explorer les profondeurs de son cœur, pour ensuite aller au cœur de sa vie. C’est tout simplement le seul chemin qui sauve l’âme car il conduit à l’ouverture à Dieu et à la contemplation de sa Parole.

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