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Marie-France des Pallières : « Suivre son chemin sans trop écouter les autres »

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Pour un Sourire d'Enfant

Marie-France des Pallières

Bérengère de Portzamparc - publié le 20/04/23

Avec son mari Christian, Marie-France des Pallières a fondé l’association “Pour un Sourire d'Enfant” qui scolarise et nourrit plus de 6.000 enfants au Cambodge chaque année. Veuve depuis 7 ans, “Mamie” poursuit l'œuvre du couple, et ses tournées annuelles en France pour trouver des parrainages. Entre deux soirées de présentation, elle s’est confiée à Aleteia.

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Tout a commencé en 1995, quand Christian des Pallières, cadre chez IBM en préretraite, est recruté pour diriger le bureau local d’une ONG française à Phnom Penh (Cambodge). Avec son épouse, Marie-France, ils vont découvrir la misère des enfants des rues et leur quotidien sur les tas d’ordures d’une immense décharge dans la banlieue de Phnom Penh. C’est le « choc ». Ils doivent agir. Alors, avec l’accord de leurs enfants déjà adultes, Christian et Marie-France s’installent à Phnom Penh dans une paillotte proche de la décharge. Ils commencent alors à distribuer des repas aux enfants, les soignent et leur installent de quoi se laver. Puis ils ouvrent une école pour les sortir des ordures. En échange de riz, les parents des petits chiffonniers laissent leur progéniture fréquenter l’école. Ils fondent l’association « Pour un Sourire d’Enfant« .

Des années durant, le couple, que les enfants vont rapidement appeler « papy » et « mamie », poursuit son action, qui est aujourd’hui pérenne et a bénéficié à des milliers d’enfants. Devenus citoyens cambodgiens, Marie-France et Christian des Pallières ont obtenu le prix des droits de l’homme en 2000 pour leur action. En 2016, le film Les pépites, de Xavier de Lauzanne, retrace leur histoire et connaît un grand succès auprès du public. Il sort quelques semaines après la mort de Papy à Phnom Penh, le 24 septembre 2016 à l’âge de 82 ans. Depuis, Marie-France n’a jamais lâché le flambeau, et continue à vivre sur place toute l’année, au cœur de l’école, et à rentrer en France trois mois par an pour récolter des fonds et des parrainages. C’est à l’ occasion de sa tournée 2023 qu’elle a accepté de se confier, timidement, à Aleteia. 

Aleteia : Vous avez vécu 52 années de mariage, élevé six enfants, beaucoup voyagé jusqu’à votre retraite et ensuite créé « Pour un Sourire d’enfant » au Cambodge. Pouvez-vous nous raconter comment vous vous êtes rencontrés et comment fonctionnait votre couple si fertile ?
Marie-France des Pallières : Ce fut clairement un coup de foudre. J’avais 22 ans, lui 30, j’étais étudiante à la Sorbonne, lui rentrait d’Algérie. Lors de notre première soirée, nous avons très peu dansé et beaucoup parlé, et onze jours après notre rencontre, nous nous sommes fiancés, comme une évidence. Quatre mois plus tard, nous étions mariés, on peut dire que nous nous sommes trouvés. Nous aspirions aux mêmes choses, et même si j’avais encore peu voyagé, contrairement à lui, en l’écoutant parler de voyages et d’aventures, j’étais prête à le suivre partout, et c’est ce que j’ai fait ! Avec notre camping-car et nos quatre enfants plus tard, nous avons parcouru le monde, ouvert nos horizons, multiplié les rencontres, et finalement cette vie nourrie a sans doute fait germer en nous notre retraite active au Cambodge ! Un jour quelqu’un a demandé à une de nos filles, ce qu’elle pensait de notre installation à Phnom Penh, et elle a répondu : « Avec les parents qu’on a eus, cela m’aurait étonné qu’ils passent leur retraite dans une chaise longue ! » Je crois qu’elle nous a bien résumés. 

Justement, en parlant de vos enfants, que pensez-vous leur avoir transmis?
Nous avons eu six enfants, quatre biologiques et deux adoptés, et nous avons aujourd’hui 16 petits-enfants. Si la fratrie reste très unie, tous sont engagés à leur manière, mais dans des mondes et des milieux professionnels très différents. Je pense que nous leur avons transmis une façon de voir le monde et de servir son prochain, et en effet, chacun de mes enfants, à sa façon, est tourné vers les autres.

Je dirais aux parents : soyez dans l’exemple, dans le faire plus que dans le dire !

Mais je ne suis pas de nature « interventionniste » et n’ai jamais rien imposé, notamment concernant la foi. C’est le Seigneur qui gère cela, ce n’est pas à moi de l’imposer, d’ailleurs ce ne serait pas possible ! Aucun enfant n’aime entendre: « tu devrais ». Ce ne sont pas des paroles mais la manière de vivre qui reste le meilleur témoignage, aussi je dirais aux parents : soyez dans l’exemple, dans le faire plus que dans le dire ! 

Est-ce que Dieu est présent dans votre vie ?
Notre association est aconfessionnelle et je n’ai jamais tenté d’imposer ma religion, c’est pourquoi je parle peu de ma foi. Mais il est vrai que je prie quotidiennement, je lis essentiellement les Psaumes, matin et soir, pour les Laudes et les Vêpres. Si je suis assez peu mariale, je me sens très proche du Christ que je prie beaucoup. Je le retrouve parfois dans le sourire des enfants. Souvent le mercredi soir, j’essaye d’aller à l’adoration proposée par ma paroisse à Phnom Penh suivie de la messe, j’aime participer à l’Eucharistie.

Ce sens du service et cet amour partagé, voila un message universel, qui touche notre humanité à tous. L’avenir, c’est l’espérance. 

Avez-vous un saint ou une sainte préférée ?
Sainte Thérèse de Lisieux, à laquelle mon mari était très attaché, et qui est la sainte patronne de notre centre. 

La vie n’étant pas un long fleuve tranquille, vous avez dû connaître des échecs ou des souffrances, comment les avez-vous surmontés ?
La mort de mon mari a été effectivement un moment très dur à vivre. Devais-je continuer sans lui ? Deux choses m’ont beaucoup aidé à tenir alors, la prière et le fait de continuer l’action, pour les enfants. Et puis je sais qu’il me donne un coup de main de là-haut, c’est une évidence, j’ai trop d’exemples même si je les garde dans mon cœur. Pour un Sourire d’enfant, nous avons vécu tout cela ensemble, alors je poursuis ce cadeau, et j’ai la certitude que ma place est là-bas. C’est ce que j’ai annoncé pour la fête de mes 80 ans, je reste sur place, et comme mon mari, je veux y être inhumée.

Après votre vie d’engagement, avez-vous des conseils à donner à ceux qui veulent s’engager ?
Ne pas trop se poser de questions et suivre son chemin sans trop écouter les autres ! J’aimerais aussi faire savoir que c’est possible de sortir les enfants de la misère, ça marche ! Il faut juste se relever les manches, alors il ne faut pas hésiter. 

Comment voyez-vous l’avenir ?
Pour nous, l’avenir c’est notre fille Leakhéna qui a repris la direction de l’association, ce qui signifie que cette association nous survivra, et c’est une grande joie. Il y a aussi tous ces enfants, devenus adultes, qui travaillent au centre, qui sont formés et qui, à leur tour, aident les plus petits. Ce sens du service et cet amour partagé, voila un message universel, qui touche notre humanité à tous. L’avenir, c’est l’espérance. 

Tags:
cambodgeEnfantshumanitaire
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