En Hongrie, on la surnomme “sœur Pepsi” en référence à son parcours professionnel précédant sa vie consacrée : avant d’embrasser sa vocation religieuse dans l’ordre des dominicains, sœur Laura Baritz travaillait en tant que responsable développement des ventes pour Pepsi-Cola Hongrie. Une carrière prospère, qui a duré six ans, de 1988 à 1994.
Véritable femme d’affaires, Laura Baritz voyage alors beaucoup et dort peu. Pourtant, en 1992, la maladie qui touche de plein fouet sa mère freine ses ambitions. Le diagnostic tombe, sans appel : un cancer des os et un an à vivre. Laura décide alors de lui consacrer le plus de temps possible. “Je l’ai emmenée avec moi aux États-Unis, à New York, quand Pepsi m’a envoyée là-bas pour une formation”, relate-t-elle auprès duNational Catholic Register. “Pendant cette période, ma foi a commencé à s’approfondir. Je me sentais de plus en plus proche de Jésus. Je priais davantage, j’avais une vie de foi beaucoup plus active.”
La conversion après la mort de sa mère
C’est lorsque sa mère meurt que Laura “bascule” définitivement dans la foi. “Le moment où ma mère est décédée a changé ma vie. J’étais avec elle, je la tenais dans mes bras, et quand la lumière a quitté ses yeux, j’ai vraiment senti que Jésus la prenait, qu’elle passait de mes bras aux siens. Elle était avec lui”, se souvient sœur Pepsi. “Après cela, je n’étais plus la même. Je ne voulais plus me contenter des choses éphémères de ce monde, de ce matérialisme. Je voulais suivre le Christ.”
La jeune femme contacte alors un de ses amis dominicains. Elle trouve dans cet ordre son directeur spirituel et visite un couvent dominicain en Hongrie. “Je m’y suis tout de suite sentie chez moi”, affirme-t-elle. “C’était comme un signe de Jésus que c’était ma place. Je suis entrée dans ce couvent un an tout juste après la mort de ma mère.”
Mettre ses compétences au service de l’enseignement
Sœur Pepsi continue de se former : après son entrée au couvent, elle étudie la théologie et la philosophie, ainsi que l’éthique. En voyage à Rome, elle rencontre sœur Helen Alford, dominicaine anglaise, elle aussi de formation économiste. “Je lui ai dit que j’étais économiste, mais que je m’étais éloignée de cette discipline en devenant religieuse. Elle m’a dit que la meilleure chose à faire, c’était de combiner l’économie et la théologie.” Ni une, ni deux, dès son retour en Hongrie, sœur Pepsi se lance dans l’étude de l’enseignement social de l’Église en matière économique.
Après un doctorat, elle fonde KETEG, un programme d’enseignement qui promeut une pensée économique basée sur l’éthique et la pensée sociale catholique, dans une approche “centrée sur l’humain”. “Je pense que nous sommes allés trop loin dans l’approche utilitariste, et il est temps de remettre l’humain au centre de tout ces mécanismes”, déclare sœur Pepsi. Se réclamant de saint Thomas d’Aquin, sœur Pepsi considère la propriété privée comme une excellente chose, tout en préconisant la redistribution équitable des richesses en fonction des gains supplémentaires gagnés par chacun.
Ses cours, pleins à craquer, attirent toujours plus de monde. Et sont même parfois à l’origine de conversions. “Récemment, un jeune homme a reçu le baptême après avoir suivi notre cours. Un autre étudiant a quitté son emploi parce qu’il s’est rendu compte que son environnement de travail était corrompu, et il a créé sa propre entreprise pour mieux contribuer au bien commun”, rapporte-t-elle non sans fierté.
“L’Église catholique en Hongrie est solide”
Alors que le Pape est en Hongrie du 28 avril au 1er mai, sœur Pepsi “espère qu’avec cette visite pontificale, les médias prendront le temps de vraiment se pencher sur les réalités de notre pays. C’est l’occasion pour le Pape de diffuser un message positif à ce sujet. La Hongrie est un endroit sûr pour les chrétiens en ce moment. C’est une période merveilleuse pour y être chrétien ! Les conditions sont “optimales” pour permettre la diffusion du message de l’Évangile”, lance-t-elle. “Je pense que l’Église catholique en Hongrie est solide, grâce aux évêques et aux prêtres qui défendent le message de l’Église, mais aussi grâce au Premier ministre qui affirme les valeurs chrétiennes de notre pays. Tout ceci montre que le christianisme reste la boussole de notre société.”