L’histoire des déplacements et restaurations du Voeu de Louis XIII par Ingres, toile aux dimensions imposantes, elle fait 4,2m de haut, ressemble à celle de nombreuses œuvres qui décorent les cathédrales. A ceci près qu’elles ont rarement un auteur aussi célèbre. La partie supérieure du tableau représente une Vierge à l’Enfant. Marie est vêtue d’une robe rouge et d’un manteau bleu, couleurs habituellement retenue dans l’iconographie.
On pourrait penser à une Assomption, la Vierge étant entourée d’anges et placée sur un nuage, nuage qui distingue le ciel et la terre. Ce ne serait pas incongru, la cathédrale de Montauban étant consacrée sous le vocable de Notre-Dame-de-l’Assomption.
Sur la partie basse, Louis XIII consacre la France à la Vierge, ce qui est montré par l’offrande de sa couronne et du sceptre, qui font partie des regalia, symboles du pouvoir du roi. Deux angelots tiennent un cartouche faisant référence à la déclaration de Saint-Germain-en-Laye. Par cette déclaration du 10 février 1638, Louis XIII consacre à la Vierge Marie “sa personne, son État, sa couronne et ses sujets”.
Mais pourquoi ce tableau à Montauban ?
Jean-Auguste-Dominique Ingres étant natif de Montauban, il n’y a rien d’étonnant à retrouver une de ses œuvres dans la cathédrale du diocèse du Tarn-et-Garonne. En 1820, tout un réseau de personnalités de la ville se mobilise pour obtenir une commande de l’Etat. Le thème choisi, le vœux de Louis XIII, n’est pas nouveau dans l’iconographie. Par ce choix, la ville souhaite à la fois commémorer le rétablissement de la royauté en France quelques années auparavant, et le retour de la ville à la foi catholique au XVIIe siècle.
Ingres est alors à Florence, il peint sur place. Une fois terminée, la toile est transportée à Paris et exposée au Salon de 1824. Le succès est tel que le tableau faillit ne jamais être envoyé à Montauban. On lui a même cherché une place dans une église parisienne. Mais la volonté d’Ingres a été la plus forte. Il peut enfin livrer la toile à la fin de 1826.
Mais il s’en est fallu de peu pour que le tableau disparaisse… Des travaux de restauration se déroulent en permanence dans la cathédrale. Lorsque le bras nord du transept a été concerné en 2013, il a fallu déplacer le tableau. Pour continuer à le présenter au public, le musée Ingres, consacré au grand artiste local, l’a tout naturellement accueilli. Le tableau devait être restauré à cette occasion. Mais en août 2015, de graves intempéries atteignent le musée. La toile est affectée par un dégât des eaux. Le programme de restauration s’en trouve bouleversé. Après quatorze mois d’intervention des spécialistes sur le chef-d’œuvre, le tableau est raccroché. Au même endroit que depuis 1950.