Peu de propositions d’éveil de la Foi sont offertes aux petits enfants avant l’entrée en catéchèse classique, qui correspond généralement à l’entrée en CE1. Pourtant la période entre 3 et 6 ans a été identifiée par Sofia Cavaletti comme celle de la “réceptivité maximale” pour la transmission de la Foi. D’où l’intérêt d’une catéchèse adaptée au développement de l’enfant. Découvrez la Catéchèse du Bon Pasteur, ou les bienfaits remarquables de la pédagogie Montessori pour l’intériorité des plus jeunes.
“Prendre au sérieux” l’éveil de la Foi et transmettre aux petits enfants un contenu qui ne soit ni édulcoré ni simplifié jusqu’à en devenir niais, telle est la volonté que porte cette catéchèse qui existe depuis 1954. “J’apprécie le fait que les enfants travaillent directement à partir du texte biblique : aujourd’hui, Martin cherche lui-même les textes à partir d’une référence, nous ne sommes jamais passés par la phase « Bible pour enfants » ” explique Béatrice, une maman d’enfant catéchisé avec le Bon Pasteur.
L’essentiel, ou l’essence Ciel, de la Foi est transmis dans son intégralité, en respectant cependant les étapes de développement de l’enfant que Maria Montessori nomme “les périodes sensibles”. À son rythme, l’enfant grandit librement dans une authentique relation avec le Christ, construisant son intériorité et sa confiance en lui dans la joie de la découverte. Claire a choisi la Catéchèse du Bon Pasteur pour son fils en raison “du fait que l’enfant soit vraiment partie prenante de son éducation religieuse, qu’il soit amené à se poser des questions ce qu’il fait et ce qu’il voit dans notre pratique religieuse familiale (messe le dimanche, la prière le soir, lors des repas). Je voulais qu’il puisse revenir à la base de ce qui est important dans notre Foi, qu’il y trouve du sens et de la profondeur. “
Le lien entre Maria Montessori et la Catéchèse du Bon Pasteur
Sofia Cavaletti, auteur “du potentiel religieux de l’enfant”, s’est appuyée avec Gianna Gobbi sur les travaux de la pédagogue et philosophe Maria Montessori pour construire cette catéchèse reposant sur l’intuition fondamentale que la “réceptivité maximale de l’enfant” est entre 3 et 6 ans. En effet, l’enfant est alors marqué par les impressions profondes que produit sur lui son environnement. L’immerger dans un lieu de vie religieuse, c’est lui permettre de plonger dans un mystère qui lui est beaucoup plus accessible qu’aux adultes. “J’aime le fait d’aider les enfants à rentrer dans le mystère et à le découvrir par eux-mêmes. Par exemple, quand on leur lit la Parabole du Bon Pasteur, on ne leur dit jamais que le « Bon pasteur » est Jésus, mais peu à peu ça devient pour eux une évidence” confie encore Béatrice.
En imitant ce qu’il voit à la messe où ce que lui a montré la catéchiste dans une disposition de travail, l’enfant s’imprègne du sens profond de ces gestes et grandit dans la connaissance de Révélation avec beaucoup de joie.
La catéchèse du Bon Pasteur est dispensée au sein d’un atrium. L’atrium est un lieu de vie religieuse où les enfants âgés de 3 à 6 ans peuvent entrer dans une relation privilégiée avec le Seigneur. Ils commencent par travailler avec application et soin les gestes du quotidien (transvasement, découpage, pliage,…), prenant confiance en eux et en y trouvant la joie de “travail bien fait”, pour ensuite imiter ces mêmes gestes accomplis dans la Liturgie (remplissage des burettes par exemple, ou pliage des chasubles dont les couleurs diffèrent selon le temps liturgique) et dans l’approfondissement de la Parole (découverte de la géographie de la Terre sainte, scène de la vie du Christ). En imitant ce qu’il voit à la messe où ce que lui a montré la catéchiste dans une disposition de travail, l’enfant s’imprègne du sens profond de ces gestes et grandit dans la connaissance de Révélation avec beaucoup de joie. “Les jeunes enfants éprouvent un amour caractéristique pour l’ordre”, écrivait Maria Montessori.
Ainsi, le plan de tous les atriums est le même, avec un espace “vie pratique”, un espace “sensoriel”, un oratoire, l’endroit où sont installés les éléments de la géographie, un autre encore où sont disposés les attributs liturgiques tels que des soutanes de différentes couleurs. Claire explique aussi : “C’est tout simple, mais c’est ce qui lui a permis (ndlr « l’atrium ») de se repérer dans la semaine puisque l’atrium est le mercredi ; donc tous les mardis soirs, c’était “maman demain on est mercredi parce qu’il y a atrium”.”
Le matériel
Le matériel utilisé est réalisé par les catéchistes qui peuvent ainsi approfondir ce qu’elles vont transmettre aux enfants. Ces derniers sont particulièrement sensibles au soin de la catéchiste a mis à constituer ce matériel spécifique, adapté à leur développement moteur, qui est un véritable vecteur de transmission spirituelle. Cette catéchèse est aussi un lieu de vie ecclésial, car les catéchistes peuvent solliciter les talents des paroissiens pour se faire aider dans la constitution de l’atrium par du bricolage pour les manuels, des expéditions “vide grenier” ou brocante pour ceux qui aiment chiner…
Dans l’atrium, le matériel est un “matériel de travail” qui permet aux enfants d’entrer dans la réalité de leur relation à Dieu. Cette catéchèse s’inscrit aussi dans l’esprit de l’encyclique “Laudato Si” car de nombreux objets (petits vases, vieux tissus, emballages alimentaires) trouvent une deuxième vie dans l’atrium, toujours recyclés dans le souci que l’atrium soit un lieu beau, sobre et rangé afin qu’il témoigne de la Présence de Dieu.
Je trouve que les enfants deviennent sensibles à la parole de Dieu — ils connaissent certains versets par cœur — et à la liturgie.
Une séance dure environ 1H30/2H et elle est proposée idéalement chaque semaine. Les catéchistes prévoient de présenter une scène de la vie de Jésus, un élément de géographie ou un aspect liturgique. À l’issue de cette présentation d’un quart d’heure tout au plus, la catéchiste revient sur le texte qui a été lu et modélisé par les figurines ou sur le geste liturgique présenté, et interroge les enfants sur ce qu’ils ont vu. “J’avais présenté le remplissage des burettes, avec la goutte de vin qui disparaît dans le volume d’eau. Quand j’ai demandé aux enfants ce que pouvait être cette goutte de vin, une petite fille m’a répondu, c’est nous qui nous perdons dans l’Amour de Dieu”, témoigne Marie.
Après cet échange, les enfants, peuvent, dans le silence évoluer en autonomie à travers les différents ateliers qui ont déjà été exposés lors des séances précédentes et qui restent à leur disposition dans l’atrium. Chaque enfant qui souhaite travailler avec un atelier doit ensuite le ranger, respectant ainsi “une place pour chaque chose et chaque chose à sa place”, le rangement faisant partie intégrante du travail.
Cette catéchèse incarne la réalité que la Foi est avant tout une rencontre personnelle avec le Christ et elle permet à chaque enfant de se sentir aimé, de façon unique et irremplaçable.
Pendant ce temps d’autonomie pour les enfants, les catéchistes restent disponibles pour les “aider à faire seul”, mais, si elles ne sont pas sollicitées, elles observent les enfants afin de les accompagner personnellement dans leur progression. Les séances suivent le temps liturgique. “Par ailleurs sont abordées aussi bien la Parole de Dieu, la liturgie, la géographie… bref une découverte très complète”, constate Béatrice.
Des bienfaits perceptibles
“Je trouve que les enfants deviennent sensibles à la parole de Dieu — ils connaissent certains versets par cœur — et à la liturgie”, exprime Béatrice. À l’exemple des apôtres que le Christ enseignait en paraboles, les enfants goûtent la joie de la découverte grâce au matériel spécifique et à la lecture de la Parole telle qu’elle est proclamée à la messe. Ils peuvent ensuite reproduire, autant de fois qu’ils le veulent, la scène qui leur a été présentée et se laisser toucher par le Mystère. Cette catéchèse incarne la réalité que la Foi est avant tout une rencontre personnelle avec le Christ et elle permet à chaque enfant de se sentir aimé, de façon unique et irremplaçable.
Ce qui a le plus touché Béatrice est que “la conviction de Maria Montessori est que ce que l’enfant découvre par lui-même dans la catéchèse, à savoir que le Christ est le bon pasteur pour chacune de ses brebis, va rester gravé au fond de son cœur toute sa vie.”
“Mon fils est plus posé lors de la prière ou de la messe, il n’hésite plus ou moins à poser des questions. Il écoute, il est plus attentif et aussi parfois c’est lui qui nous dit “là, aujourd’hui, maman c’est ceci c’est cela, on le sent plus intéressé et plus investi”, témoigne Claire. Trait d’union qui manque souvent pour éveiller la Foi des enfants baptisés jusqu’à ce qu’ils aient l’âge de suivre le catéchisme, l’atrium peut-être un parfait “SAV” à proposer aux parents des enfants baptisés tardivement.