Indian matchmaking, Jewish matchmaking : les nouvelles saisons arrivent sur Netflix ! On peine à le croire, mais ces séries de téléréalité mettant en scène des mariages arrangés dans les communautés indiennes, ou juives, font un carton plein à chaque épisode. C’est un succès d’audience qui dépasse très largement les communautés en question. En vedette, la marieuse, sorte de bonne fée-marraine qui vous sort de ses fiches un profil assorti au vôtre, et nombre de conseils destinés à vous apprendre les secrets d’un mariage durable et heureux.
Un constat revient immanquablement : on a couché après le mariage. Pourquoi ? Parce qu’à l’époque on n’avait pas trop le choix. Et si c’était à refaire ? On ne changerait rien.
On y voit donc des célibataires légèrement aux abois, pressés par des familles au bord de la panique, dresser la liste de leurs exigences : je cherche quelqu’un de bon milieu, bonne éducation, bonnes valeurs, bonne apparence, sens de l’humour, bon cœur, aimant les animaux, le sport, la cuisine, passionné par son métier, médecin de préférence, chauve ou tatoué s’abstenir (sic). On y voit aussi des hommes ne consentant à fréquenter que des blondes aux yeux bleus, mannequins de préférence. On y découvre encore une jeune femme préférant mourir seule plutôt que d’accorder un second rendez-vous à un homme qui n’aurait jamais entendu parler des déserts salés de Bolivie, ou une autre ne daignant pas une parole à celui qui ne lui donnerait pas envie de se déshabiller direct… si, si. Et là, leur célibat prolongé vous étonne un peu moins. Mais on voit nombre de jeunes et moins jeunes sincèrement décidés à trouver l’âme sœur et à s’engager. Mais tout de même, pourquoi un tel intérêt du public ?
Après le mariage
Pour les conseils savoureux, et d’un autre âge, que ne manquent pas de dispenser les marieuses, des couples « témoins » : ce sont de vieux couples, filmés sagement assis sur leur canapé, main dans la main, affichant trente ou quarante ans de mariage au compteur et semblant s’aimer comme au premier jour. Devant ces garçons et ces filles quelque peu désorientés, leur sagesse aux accents incroyablement surannés frappe en plein fouet. Un constat revient immanquablement : on a couché après le mariage. Pourquoi ? Parce qu’à l’époque on n’avait pas trop le choix. Et si c’était à refaire ? On ne changerait rien : dans un couple, on a besoin de savoir si on couche parce qu’on s’aime, ou… si on s’aime parce qu’on couche. Si d’abord on se touche, on ne sait plus ce qu’on aime d’absolument unique chez l’autre, et donc on n’arrive pas à se décider, comme le résume l’intrépide entremetteuse.
Aimer, ça se prépare ; aimer bien, ça se réfléchit ; aimer longtemps, ça se mérite.
Une autre femme, approuvée par son mari et ses trois copines, ajoute : “Comme le disait ma mère, et j’ai honte de répéter cela, “why buy the cow when you cant get the milk for free ?”.”Comprenez : “Pourquoi acheter la vache quand on peut avoir le lait gratis ?” Et aucune femme n’aime à être comparée à une vache, vous pouvez le croire.
Parce qu’on s’aime
C’est ainsi, le temps des mariages arrangés est plutôt derrière nous, pour de nombreuses bonnes raisons : la recherche de l’entre-soi, de la reproduction sociale ou de la richesse héréditaire est une motivation peu glorieuse. On se marie parce qu’on s’aime. Cependant le caractère volatile du sentiment amoureux oblige à en revenir à une certaine sagesse, celle qui consiste à fonder une union durable sur des bases communes solides. Aimer, ça se prépare ; aimer bien, ça se réfléchit ; aimer longtemps, ça se mérite. Voilà pourquoi ces « matchmakers » suscitent, au-delà des torrents de commentaires ironiques, une sorte d’admiration qui s’étonne d’elle-même…