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« Perdre la vue, ce n’est pas perdre la vie » témoigne cet entrepreneur

Didier Roche

Olivier Merzoug photographer

Thérèse Paré - publié le 27/01/20

Aveugle depuis l’âge de 6 ans, Didier Roche entreprend, réussit, parfois échoue. Mais il garde « la rage au cœur » et découvre chaque jour un sens à son handicap. Portrait d’un homme qui a choisit la vie plutôt que la mort. Il se confie à Aleteia, retour sur son histoire.

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La dernière image qu’il aura vue est une gueule de canon au premier plan, et le visage enfantin de son frère, aîné de quatre ans, au second plan. Derrière ce tableau, l’accident tragique familial : une bêtise enfantine avec pour conséquence la cécité de son frère. Mais « perdre la vue, ce n’est pas perdre la vie » souligne-t-il. L’enfant de 6 ans doit continuer à étudier. Rares sont les écoles qui prennent en charge les aveugles. Alors il quitte le nid familial pour un internat. Là bas, tous les repères sont à bâtir, il est livré à lui-même. Sa survie provient de deux éléments essentiels qui vont l’animer longtemps : l’insouciance et l’envie de vivre. Un enfant est admiré par les plus sages pour sa candeur, dont Didier Roche donne cette définition : « Elle est cette magie de vouloir perdurer dans la joie de vivre ». Elle fut pour lui, un bouclier interne à l’agressivité du monde. Un petit bonhomme avec une grande force de vie.

Poétiquement, Didier Roche confie : « Chemin faisant, l’enfant un rien rebelle, aimant la vie, refusant la fatalité ». Ce dynamisme va lui permettre de bâtir des relations formidables. Didier se souvient : « Mon envie de réussir, ma façon d’aimer la vie agglomérait tout autour de moi des personnes qui venaient s’inspirer de cette énergie, de cette joie de vivre que j’avais en moi ». Après l’internat et le lycée, il effectue une licence professionnelle en informatique et une maîtrise en Intelligence Artificielle. Ses qualités mêlées à des personnes d’exceptions, acceptant la surprise et les différences vont lui faire obtenir d’excellents résultats dans ces formations. Viendra par la suite, l’ultime moment où le marché de l’emploi s’ouvre à lui. L’amour qu’il porte pour la vie lui donnera accès à la résilience et à l’épanouissement professionnel.

De la réussite personnelle à l’accompagnement

Alors qu’il est plus jeune il prend des initiatives, il invente, il modèle : c’est un jeune homme « déterminé, un rien leader dans l’âme ». Au sein de son école, il érige un orchestre. À 23 ans, il s’engage dans le monde associatif. Aimé et repéré pour son originalité, il est secrétaire général, administrateur, fondateur ou cofondateur de quelques associations. Dont une, qui dès 1993 développe le foot pour malvoyants. C’est une belle réussite puisqu’aujourd’hui il y a des championnats. Du côté du monde entrepreneurial, sa première boîte, Itak, lui permettra de comprendre que rien ne sert de tout faire tout seul. « Dans le partage, quelque chose de fort se passe : la réussite de tous ». Alors, il recrute et découvre son talent pour accompagner les gens. Peu à peu, dans ses échecs comme dans ses réussites, son parcours de vie lui dessine des compétences et des talents, peut-être même une mission. Celle de devenir une voix pour les malvoyants, une passerelle entre les voyants et les aveugles, un promoteur, non pas d’une cause spécifique, mais de la diversité dans sa largesse et sa beauté et enfin, un défenseur de la simplicité et de la surprise.




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Et la surprise, on la découvre lors des dîners dans les restaurants « Dans le noir ». En 2004, Didier Roche a l’occasion, avec trois amis d’industrialiser quelque chose qu’il faisait dans l’associatif : les dîners dans le noir, une expérience sensorielle différente. « Il n’y a pas de hasard, il y a que des rendez-vous dans la vie », puisque l’association était déficitaire, on leur proposait d’en faire un lieu permanent : c’était une aubaine pour tous.

La différence : l’équilibre salutaire pour le bien d’une société

Une autre aubaine pour le monde est la différence. Pour Didier Roche, « la diversité conduit à l’union du tout. Et si quelqu’un est mal, le tout est déséquilibré ». Il s’agit alors d’accepter la différence de l’autre, mais aussi la sienne. L’acceptation nécessite une prise de décisions, et celle-ci entraîne Didier Roche à prendre des risques, faire des choix, s’exposer. S’exposer sans but est vain. Heureusement Didier confie : « Un moment, j’ai compris le sens de ma vie ». Cette compréhension fût suivit d’un choix, celui de la vie ou de la mort, répondant à cette phrase du livre du Deutéronome : « Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur ». Didier a fait un choix ! « Si pleurer sur son sort est quelque chose de facile et de réconfortant, le plus intéressant c’est d’en comprendre le sens. J’aurai pu rester chez moi et me plaindre sur mon sort, et je serai mort malheureux, mais je préfère viser les étoiles ».




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Viser des étoiles n’est pas un acte sans abnégation, sans sacrifices, comme Didier le précise. Lorsque l’acceptation de l’autre devient difficile, des outils existe comme l’humour. Didier et ses deux garçons le vivent chaque jour : « Aujourd’hui je suis une fierté pour mes enfants. C’est une fierté pour eux, lorsqu’ils sont à l’extérieur et c’est beaucoup d’humour entre nous donc beaucoup d’amour dans la maison ».

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