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Meurtre de Lola : comment ne pas se laisser submerger par la peur?

MEURTRE LOLA

STRINGER / AFP

Bouquet déposé devant la résidence de Lola, jeune fille de 12 ans assassinée à Paris le 14 octobre 2022.

Mathilde de Robien - publié le 18/10/22

Le meurtre de la jeune Lola est choquant à bien des égards et peut générer un état d’anxiété chez de nombreuses personnes. La psychologue Juliette Lachenal et le psychiatre Emmanuel Contamin fournissent à Aleteia des pistes pour ne pas se laisser submerger par la peur.

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Le meurtre sordide de Lola, jeune fille de 12 ans tuée sauvagement le 14 octobre dernier dans le XIXe arrondissement de Paris alors qu’elle rentrait du collège, émeut autant qu’il effraie. Si la compassion est belle et bienvenue, à l’image de ces bouquets de fleurs déposés devant la résidence où elle habitait, ressasser des pensées négatives et irrationnelles est vain. « Depuis ce week-end, je n’arrête pas de penser à cette pauvre petite fille, aux atrocités qu’elle a endurées, et à ses parents aussi, dont la douleur doit être insoutenable. Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer que cela aurait pu arriver à ma fille », confie Agathe, parisienne, la trentaine et mère de deux enfants. « Notre aînée, qui a aussi 12 ans, est partie à l’école lundi matin, seule, comme d’habitude, mais je ne suis pas rassurée du tout. Mon mari essaie de me raisonner, mais je suis tétanisée, j’y pense tout le temps, je me fais les films les plus atroces ».

Une réaction légitime que les psychologues appellent anticipation anxieuse (ou anxiété d’anticipation), consistant à développer une forme d’angoisse pour les événements futurs. Ainsi, l’anxieux imagine toujours le pire, et entretient son angoisse en la nourrissant de faits réels ou sortis tout droit de son imagination. A un certain degré, l’angoisse est tellement prégnante que la personne est totalement paralysée et n’ose plus rien entreprendre.

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Pour Juliette Lachenal, psychologue clinicienne et CEO de PepPsy – une application pour prendre soin des collaborateurs d’entreprises –, il est nécessaire de faire cesser ces pensées envahissantes, qui augmentent le stress et transmettent la peur. « Il est possible d’agir sur ces pensées par notre volonté. Il faut s’obliger à se concentrer sur le présent », conseille-t-elle. « Si les pensées sont trop fortes, il est bon de se faire accompagner. Cela rejoint peut-être des événements vécus dans le passé qui nous rendent insécures. Une approche ICV (intégration du cycle de vie) ou EMDR (Eye Movement Desentitization and Reprocessing) est particulièrement conseillée pour ce type d’angoisses ».

Prier et s’investir dans des actions concrètes

Si l’on est chrétien, Juliette Lachenal invite à prier pour la famille de Lola. Si la prière consiste en premier lieu à confier la fillette et ses proches entre les mains du Seigneur, elle permet aussi de lutter contre ces pensées envahissantes. « Cela réoriente la pensée vers une action qui a un impact », souligne la psychologue. Sans compter que se tourner vers le Seigneur, que ce soit pour crier ou pour pleurer, et tout lui confier (son stress, sa colère, sa peur…), peut octroyer un certain réconfort, une paix de l’âme bienvenue et bienfaisante.

Tous ces actes d’amour, en réponse à cet acte odieux, manifestent ainsi notre espérance et participent à la victoire du bien sur le mal.

Une autre solution consiste à s’engager concrètement pour améliorer le monde qui nous entoure. « L’engagement personnel nous sort de ce sentiment d’impuissance qui fait augmenter fortement le stress », précise la psychologue. Pourquoi ne pas s’investir dans une association qui œuvre pour les enfants, parrainer un enfant ou tout simplement prier ? « De cet acte atroce naissent alors des actes de charité et d’amour. Une manière de ne pas baisser les bras face au mal. Nous savons que Dieu a déjà gagné la bataille, notre espérance nous permet de le croire. Et tous ces actes d’amour, en réponse à cet acte odieux, manifestent ainsi notre espérance et participent à la victoire du bien sur le mal », assure Juliette Lachenal.

En parler ou pas à son enfant ?

Submergée par la peur, il peut être tentant de vouloir mettre en garde son enfant en lui racontant ce qui est arrivé à Lola. « Si les enfants n’en ont pas entendu parler, je pense qu’il n’est pas conseillé de le leur raconter », affirme la psychologue. Néanmoins, c’est l’occasion de parler des techniques pour se protéger : ne pas entrer dans la maison, ou dans la voiture, d’un inconnu, que ce soit pour manger un bonbon, caresser un animal ou consoler un bébé qui pleure… « En revanche, si les enfants en ont entendu parler, il faut reprendre avec eux ce qu’il s’est passé », engage la psychologue. Cela peut être aussi le moment de rappeler à son enfant l’existence de son ange-gardien, et de l’inviter à se confier à lui.

Faire diminuer le stress

Quand le stress est trop fort et empêche de fonctionner normalement, il est bon de se faire accompagner par un psychologue expérimenté. Les enfants sont de telles éponges qu’il est important d’essayer de réguler ses propres émotions. On peut aussi dire tout simplement à l’enfant : « Il y a quelque chose qui me stresse, ce n’est pas à cause de toi, je suis désolé(e) que tu le ressentes ». Sans quoi l’enfant peut croire qu’il est responsable de ce que le parent ressent.

Le Dr Emmanuel Contamin, psychiatre et membre du comité scientifique de PepPsy, propose d’agir à deux niveaux pour diminuer son niveau de stress : au niveau cognitif et au niveau émotionnel. Au niveau cognitif, il invite à être très attentif à ses sources d’informations et à ne pas se laisser tromper par les rumeurs ou les fausses informations. Attention aussi à son exposition aux informations : nul besoin de les écouter ou de les scroller indéfiniment, cela peut aggraver son état d’anxiété.

Au niveau émotionnel, « il faut essayer de rester au maximum dans notre fenêtre de tolérance, c’est-à-dire dans cet espace émotionnel dans lequel nous nous sentons en sécurité », souligne Dr Emmanuel Contamin. Si nous sommes dans un niveau de stress trop élevé, nous n’avons plus la capacité à voir les choses clairement. Nous sommes en mode de défense instinctive : par exemple dans le déni (ce n’est pas possible…) ou dans des réactions de combat (appel à la violence). Il arrive aussi qu’une réaction de désespoir soit disproportionné par rapport au risque réel.

La méthode du dé-stress

Pour apaiser les moments de panique, le psychiatre invite à s’orienter dans le présent, à s’ancrer dans la réalité. Il propose une méthode simple appelée le « dé-stress ». Il s’agit d’occuper au maximum la mémoire de travail pour occuper ses pensées, ce qui évite une spirale qui « monte en mayonnaise » et qui nous entraîne vers la panique. 

Comment se passe cet exercice ?

Je prends une pause, je m’arrête. Puis je nomme trois choses que je vois, que j’entends, que je sens dans mon corps. Je lève le pouce, l’index et le majeur quand je compte. Exemple : un, je vois ma bibliothèque, deux, le fauteuil, trois, la fenêtre… Un, j’entends ma voix, deux, mes pas sur le sol, trois, les voitures dehors… Un, je sens le pantalon sur mon corps, deux, le fauteuil sur lequel je suis assis, trois, l’air de la fenêtre entrouverte sur mon visage.

 « Cet exercice diminue le stress : la conscience de la réalité présente prend de plus en plus de place afin de ne pas être happé par des pensées anxiogènes », explique Dr Emmanuel Contamin. Un exercice qui n’empêche pas de confier Lola au Seigneur et de demander à la Vierge Marie d’étendre son manteau de tendresse et de consolation sur ses parents et ses proches.

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