Par Anna Kurian, envoyée spécial en Hongrie. De nombreuses questions ont été soulevées autour de la santé de François ces derniers temps. Depuis un an, le pape de 86 ans souffrant du genou se déplace la plupart du temps en fauteuil roulant ou en déambulateur. Une réduction de mobilité qui a demandé des aménagements lors des sorties, des célébrations et des voyages. Et fin mars, François a été hospitalisé trois jours à l’hôpital Gemelli de Rome, officiellement pour une bronchite. Les rumeurs étaient allées bon train autour de cette hospitalisation dont le Saint-Siège avait cherché en un premier temps à relativiser la gravité.
Toutefois, la première journée du chef de l’Église catholique en Hongrie a montré un pape plutôt résistant. Dès le voyage aller dans l’avion affrété par la compagnie ITA, il a parcouru à pied les rangs pour saluer un par un les 73 journalistes présents à bord. Une initiative qu’il ne prenait plus depuis le voyage à Bahreïn en novembre 2022. À l’époque, tout comme en Afrique en février 2023, le Pape restait assis tandis que les journalistes se déplaçaient. Cette fois-ci, souriant, marchant sans canne, il a échangé avec les uns et les autres, recevant des lettres, des cadeaux, bénissant une photo, acceptant de filmer une courte vidéo pour encourager une paroisse.
Un discours prononcé debout
De même, malgré quelques marques de fatigue en arrivant sur le sol hongrois, le pape François a marché quelques pas sur le tapis rouge, après sa descente par une plate-forme élévatrice. Il a salué debout la délégation officielle venue lui souhaiter la bienvenue, tout comme au palais présidentiel Sándor, où il a rencontré la présidente de la République hongroise Katalin Novák, puis le Premier ministre hongrois Viktor Orbán. Enchaînant les rendez-vous, François s’est ensuite adressé aux leaders politiques du pays, dans un discours de vingt minutes qu’il a prononcé entièrement debout derrière un pupitre. Un fait notable : ces derniers mois le Pape lisait ses homélies assis, et s’excusait souvent de ne pouvoir se lever pour saluer ses hôtes.
Preuve en est que le pape François a tenu à ce voyage. Venu comme “pèlerin, ami et frère de tous”, le Pape avait expliqué souhaiter rejoindre le centre de l’Europe, “sur laquelle les vents glacés de la guerre continuent de souffler”. C’était d’ailleurs l’un des nœuds de son premier discours ce matin : lancer au Vieux continent un appel à des “efforts créatifs pour la paix”. Un pape fatigué, âgé, mais debout, pour marteler l’injonction à la paix, aux frontières de l’Ukraine.