Les Évangélistes, en rédigeant leur témoignage, ont retenu certains épisodes tout en choisissant d’en écarter d’autres. Aussi le fait que trois d’entre eux aient rapporté cette même guérison miraculeuse, celle de la belle-mère de l’apôtre Pierre, ne saurait être anodin. Cet épisode biblique bref et concis survient à Capharnaüm et fait état d’une forte fièvre clouant la malade au lit, la belle-mère de Pierre, l’empêchant ainsi de recevoir comme il se devait leur illustre hôte. Or constatant ou plutôt connaissant son état, Jésus ne prononce cependant pas de paroles ainsi qu’Il le fera dans d’autres situations similaires.
Non, Jésus connaît la foi des membres de son entourage. Aussi, s’approche-t-il de la malade, alitée, spontanément, sans se faire prier. “Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait”, rapporte succinctement l’Évangile de Marc (Mc 1, 31). L’acte de guérison s’opère, ici, par le toucher, Jésus prenant la malade par la main pour l’aider à se relever. La fièvre la quitte immédiatement puisque la Bible rapporte que la belle-mère de Pierre les servit dès lors…
Guérir le corps, soigner l’âme
Il s’agit de la première guérison physique rapportée. Celle-ci témoigne de la douceur opérée par Jésus : nulle imprécation ni formules magiques impressionnantes, mais au contraire une bienveillance qui se passe de mots en un geste de main qui soigne le corps de la malade tout autant que son âme. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, le judaïsme considérait que tout mal physique était signe d’un désordre de l’âme. Cette première malade anticipe une longue suite de personnes qui le soir même se presseront auprès du Christ pour lui demander de les guérir.
Ainsi que le souligna le pape François lors de son Angélus du 7 février 2021 :
Dès le début, Jésus montre donc sa prédilection pour les personnes qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit : c’est une prédilection de Jésus de s’approcher des personnes qui souffrent dans leur corps ou dans leur esprit. C’est la prédilection du Père, qu’Il incarne et manifeste à travers des œuvres et des mots.
Cet élan vers les malades et les plus faibles sera transmis à ses disciples, Jésus les dotant du pouvoir de guérir et de chasser les démons. Prendre soin des malades en une compassion et générosité sans limites sera également, rappelle le Saint Père, le devoir de chacun des chrétiens depuis ces temps reculés jusqu’à nos jours…
La foi qui guérit…
Le peintre anglais John Bridges s’est saisi au XIXe siècle de ce court épisode des Évangiles. Réputé pour ses paysages et ses portraits, l’artiste ayant vécu à Oxford choisit cependant de retracer sur cette peinture l’instant même où la guérison va s’opérer, Jésus approchant sa main droite des mains tendues de la malade en un élan d’espérance touchant. Pierre manifestement ému se touche la poitrine, retenant son souffle devant la scène alors que Jésus en majesté lève de sa main gauche, le doigt vers les cieux pour bien rappeler que son pouvoir lui vient de son Père. Sur un fond sombre baigné de lumière, l’œuvre témoigne de cette force spirituelle qui saisit tous les témoins de cette guérison. Au loin, des personnages attendent au dehors de la maisonnée d’être soignés à leur tour, la mission de Jésus ne fait que commencer…