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Sarah Chauvancy : “Notre famille est atypique et c’est merveilleux !”

Cyril et Sarah Chauvancy.

© Sarah Chauvancy.

Cyril et Sarah Chauvancy.

Anna Ashkova - publié le 15/10/23 - mis à jour le 09/08/24

Avec son époux Cyril, Sarah Chauvancy a créé en 2016 L'Espérance, une structure qui leur permet d'accueillir les enfants que leur confie l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE). Elle confie à Aleteia son quotidien animé avec 14 enfants.

Trois enfants biologiques, trois enfants adoptés et huit enfants venus d’ailleurs… La famille Chauvancy n’est pas une famille comme les autres. En 2016, le couple a créé L’Espérance, un lieu de vie à Romans-sur-Isère (Drôme), alternative entre foyer et famille d’accueil où, en plus de leurs propres enfants, ils hébergent des jeunes que leur confie l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Un projet tourné en priorité vers l’accueil d’enfants en situation de handicap.

Dans un entretien, Sarah Chauvancy se confie à Aleteia sur son quotidien de mère, de femme, de directrice d’une structure d’accueil pour enfants, mais aussi sur la manière dont elle vie sa foi dans un quotidien très rythmé.

Aleteia : Vous êtes mère de Vincent (22 ans), Timéo (15 ans), Manoë (12 ans), Anaë (11 ans), Elouan (9 ans),  Djeneba (6 ans)et vous accueillez huit autres enfants, âgés de 3 à 17 ans.Comment vous en sortez-vous à la tête de cette famille nombreuse et atypique ?
Sarah Chauvancy : Il faut être bien organisée et calibrée. J’ai un grand bureau avec pleins de plannings dans tous les sens et des tableaux. Et j’ai aussi un agenda multicolore pour que ce ne soit pas déprimant ! Je dis souvent que tout ce qui est écrit n’est pas oublié et tout ce qui n’est pas écrit peut être oublié, j’avoue que les éducatrices qui travaillent avec moi ont parfois des petits coups de stress lorsqu’elles ne me voient pas noter un rendez-vous….

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre maternité ?
Je suis émerveillée par l’amour qu’il y a entre nos enfants. Aucune différence entres nos enfants adoptés ou biologiques. Ils sont tous si différents et pourtant je ne fais pas de différence entre eux. Je les élève comme les autres enfants que nous accompagnons dans notre foyer. Voilà ce qui est merveilleux : le fait que nous avons construit cette famille complètement atypique.

Sarah Chauvancy famille
Maraba, une jeune fille accueillie à l’Espérance et Anoë, Elouan et Djeneba.

Est-ce que L’Espérance vous a changée en tant que femme et mère ?
Je pense que je suis la même, avec les mêmes exigences et la même détermination. Je suis peut-être un plus organisée qu’avant car désormais j’ai 14 enfants à la maison et non six. Bien que je ne sois pas la mère des huit autres, je les accompagne avec la même rigueur que je le fais pour les miens. Je fais tout pour qu’ils puissent rentrer un jour chez eux et dans le cas où ça ne serait pas possible, je fais de mon mieux pour les rendre prêts pour la vie d’adulte qui les attend.

Chez nous, nous ne faisons pas de différences entre les enfants Chauvancy et les enfants accueillis. Par exemple, les deux éducatrices qui travaillent avec nous peuvent autant accompagner dans leur vie mes enfants que ceux que nous accueillons.

J’ose espérer que le jour où les enfants que nous accompagnons grandiront, ils se diront que ce temps qu’ils ont passé chez nous était différent justement parce que nous sommes une famille chrétienne.

Et votre mari, quelle place prend-il à vos côtés ?
C’est mon pilier. Cyril canalise mon énergie. J’ai besoin de sa présence autant parce qu’il est mon époux que parce que nous partageons les tâches qui concernent les enfants et notre maison d’accueil. Après, nous n’avons pas les mêmes missions.

Je suis la directrice de l’Espérance, je coordonne les accueils des enfants avec tous les partenaires régionaux, leurs parents… Cyril, lui, a pour mission de s’occuper du projet pédagogique, des différentes activités en lien avec la nature et les animaux. Il fait aussi de multiples trajets avec les enfants pour l’école ou leurs activités de loisirs. Enfin, il est aussi chargé de la comptabilité.

Comment restez-vous connectés l’un à l’autre dans votre quotidien aussi chargé ?
Même si nous travaillons ensemble, nous ne nous voyons pas tant que ça car nous ne faisons pas toujours la même chose. Comme avec nos enfants, avec lesquels nous partons en week-end une fois par mois, nous partons avec Cyril en week-end une fois par trimestre. Et chaque début du mois de juillet, nous partons une semaine en vacances rien que tous les deux. C’est notre bulle d’oxygène qui nous permet de nous retrouver, nous ressourcer, faire le point sur notre couple, notre famille, nos projets et nos attentes et…. rattraper des heures de sommeil ! 

Et puis, nous profitons aussi des moments d’imprévu du quotidien pour faire des choses à deux. Par exemple, récemment, une de nos éducatrices est restée plus longtemps que prévu le soir, nous en avons donc profité pour aller au cinéma. Dans le quotidien, il faut savoir se saisir des imprévus !

Vous êtes une famille protestante. Arrivez-vous à vivre votre foi au quotidien et impliquez-vous les enfants que vous accueillez dans votre vie chrétienne ?
Tous les enfants que nous accueillons savent que nous sommes une famille chrétienne. Dans le système d’accueil des enfants, nous devons respecter la laïcité. Mais il nous est arrivé que certains demandent à ce qu’on les emmène à l’église. On le fait à condition que leurs parents soient d’accord. Ainsi, deux des enfants que nous accueillons viennent de temps à autre avec nous.

Le sujet de la religion n’est pas tabou chez nous. On n’impose rien mais si les enfants nous posent des questions, on y répond. De la même manière, une de nos éducatrices, qui est musulmane, a expliqué aux enfants ce qu’est le ramadan.

Je n’enseigne rien mais les autres enfants savent ce qui anime notre famille. Notre foi se vit aussi peut-être dans l’exemple de charité ou d’amour que nous leur montrons. Et j’ose espérer que le jour où ils grandiront, ils se diront que ce temps qu’ils ont passé chez nous était différent justement parce que nous sommes une famille chrétienne.

Vous arrivez tout de même à vivre des moments spirituels avec vos enfants et votre conjoint ?
Oui, mais à l’écart des enfants que nous accueillons, sinon nous ne serions pas dans les clous. Le soir, je prie avec mes enfants. Nos trois derniers petits aiment qu’on prie pour la semaine qui arrive, pour la journée du lendemain. C’est aussi le moment où ils remercient le Seigneur pour les différentes choses. Les grands, eux, participent au groupe de jeunes de l’église. Et puis quand nous le pouvons, au moins une fois par mois, nous allons a l’église en famille. Mais c’est assez compliqué à organiser quand on doit gérer une maison d’accueil.

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Elouan et Anaë.

Où puisez-vous vos forces ? Une citation de la Bible vous donne-t-elle des forces ?
J’avoue que je n’ai pas beaucoup de temps pour moi personnellement. Notre quotidien est très chargé. Mais la citation de la maison est : “Impossible, difficile, fait !” Je puise mes forces dans la Bible. Je m’appuie beaucoup sur la citation :

“Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de vos forces” (1Co, 10, 13).

Cette phrase me porte les jours difficiles, quand j’ai envie de tout envoyer promener. Je me souviens alors que je suis animée par quelque chose de beau et que même si c’est compliqué, ce n’est qu’une phase. Ça aide à tenir bon dans les périodes un peu plus compliquées ! 

Tags:
AdoptionEnfantsFamilleHandicap
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